Aujourd’hui nous allons à la rencontre de Yann Bisiou, professeur et responsable de la Prépa Talents + à l’Université Paul-Valéry Montpellier III. Son rôle ? Oeuvrer pour plus de diversité sociale dans la fonction publique. Il nous parle de ses convictions et de ses engagements.

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PRÉPA TALENTS.

💪 La Prépa Talents, c’est quoi ?

Instituées par le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques en 2021, les Classes Prépa Talents accompagnent les étudiants dans la préparation des concours de la fonction publique. C’est une bonne initiative qui est très bien menée mais, elle révèle également le manque d’attractivité et de diversité de la fonction publique.

💪 Pour préparer quels concours ?

En France, il existe des prépas pour les concours de tous les secteurs de la fonction publique. Au sein de l’Université Paul-Valéry Montpellier III, nous accompagnons les étudiants qui souhaitent s’engager dans le domaine de la cohésion sociale. Nous préparons les candidats aux concours de l’École des hautes études en santé publique (EHESP), le concours de l’Institut national du service public (INSP, ex-ENA) et de l’Institut national des études territoriales (INET).

💪 Les conditions d’accès ?

Pour intégrer une Prépa Talents, il faut être étudiant boursier avec des pré-requis universitaires. Les candidats sont sélectionnés sur la base d’un dossier permettant d’apprécier leurs mérites, leurs motivations et leurs ressources. En ce qui concerne l’évaluation des profils, chaque établissement définit son propre mode de sélection. À l’Université Paul-Valéry Montpellier III, nous demandons aux étudiants de faire une dissertation sur le thème de notre choix. Il s’agit d’évaluer leurs compétences mais surtout leur capacité à “préparer un concours”. La préparation d’un concours de la fonction publique, c’est un investissement personnel important pour l’étudiant. Dès la sélection, nous souhaitons qu’il en ait conscience. Par la suite, nous organisons un oral où l’étudiant présente sa réflexion en lien avec son travail de dissertation.

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UNE CHANCE À SAISIR

💪 La Prépa Talents, ça s’organise comment ?

Dans le cadre de la Prépa Talents, les étudiants bénéficient d’une bourse de 4000 euros et d’un accompagnement global, notamment en matière d’hébergement par l’intermédiaire du CROUS. En parallèle, ils suivent des cours de master, ce qui leur permet de poursuivre leur cursus universitaire en parallèle de la Prépa. En cas d’échec au concours, ils ne “perdent” pas une année. 

Concrètement, nous aidons les étudiants à se préparer et à adopter la bonne méthodologie. Nous abordons également ensemble les questions d’actualité, les grands enjeux contemporains, les dernières lois en vigueur, les grandes décisions de justice ou encore les défis sociaux à venir. Chaque semaine, les étudiants réalisent une dissertation de cinq heures. Ils reçoivent ensuite un corrigé individualisé pour les aider à s’améliorer.

💪 La Prépa Talents, une opportunité ?

Pour certains concours, les étudiants de la Prépa Talents disposent de places réservées. Concrètement, ils passent le concours comme les autres mais ils bénéficient d’un quota (de 10 %) de places réservées. Et ce, pendant 4 ans. Cela leur permet de se présenter à plusieurs concours. Par ailleurs, les places réservées sont limitées, entre 3 et 7 pour les concours de la haute fonction publique. De plus, certains établissements ont joué le jeu de l’ouverture, d’autres non. Donc, les chances des étudiants ne sont pas les mêmes selon les concours. 

La Prépa Talents forme ces jeunes à une méthodologie qu’ils n’auraient pas expérimentée au sein d’un autre cursus universitaire. Cette méthode leur sera utile pour les concours mais aussi pour la suite de leurs parcours professionnels.  

💪 Le défi à relever ?

En principe, à l’Université Paul-Valéry Montpellier III, la Prépa Talents n’admet pas plus de 14 étudiants. Dans les faits, nous manquons parfois de candidats. Comme au niveau national, nous sommes forcés de constater que les concours de la fonction publique attirent de moins en moins.

Nous faisons face à un véritable défi de reconquête des jeunes talents.

Pour cause, certains étudiants ont le sentiment que ces métiers sont déconnectés de la réalité de terrain. Pour autant, je ne partage pas leur vision. Je connais bien le fonctionnement de la haute administration et je sais qu’au sein d’un cabinet, on peut agir de manière très concrète. L’influence de notre travail est considérable et nous pouvons avoir un impact fort au service des individus et de l’intérêt général. Nous faisons face à un véritable défi de reconquête des jeunes talents.

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SES CONSEILS

💪 Une réussite pro dont vous êtes fier ?

À travers le parcours et l’évolution des étudiants, je tire beaucoup de réussites. C’est là toute la satisfaction de mon métier. Chaque année, il y a des  étudiants qui m’impressionnent. Quand je m’occupais encore des premières années de licence, j’ai lu une copie parfaite et effectuée avec brio. Elle a été rédigée par une étudiante issue de l’immigration et vivant dans la cité Valdegour à Nîmes. Depuis, elle a eu un cursus universitaire remarquable. Aujourd’hui, elle est haut-commissaire des droits de l’Homme des Nations Unies en charge des problématiques liées aux migrants et aux femmes.  Le cœur de mon engagement consiste à permettre aux étudiants de trouver la voie dans laquelle ils s’épanouissent.

💪 2 bonnes raisons de s’engager dans le secteur public ?

La première, c’est la notion de service public. J’y suis très attaché. Travailler pour les autres et pour l’intérêt commun, c’est une sacrée motivation. La deuxième, c’est la diversité des parcours. Contrairement aux idées reçues, le service public offre une grande mobilité et permet de changer de métier plusieurs fois au cours de sa vie professionnelle. Avec la même porte d’entrée, vous pouvez avoir une palette d’expériences très variées. C’est particulièrement vrai pour la haute fonction publique.

💪 Un conseil à donner ?

Le conseil que je donnerais, ce serait de bien se renseigner pour dépasser les idées reçues. Échanger avec des collaborateurs en poste et creuser la palette des métiers de la fonction publique. Au sein de l’université, n’hésitez pas à contacter les professeurs, notamment dans les masters qui forment à des concours de la fonction publique. Ce n’est pas évident quand on est jeune d’avoir une vision claire du champ des possibles. Ne perdez pas de vue que le diplôme n’est qu’une étape. Derrière, les missions et les environnements de travail qui s’offrent à vous sont multiples.