Aujourd’hui nous allons à la rencontre de Lahcène Benhamida, conseiller technique national au sein de la Fédération française de Baseball et Softball. Il nous partage son parcours et ses conseils pour rejoindre le secteur public du sport.
LA FONCTION PUBLIQUE POUR LES SPORTIFS
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Qu’est-ce que la fédération française de Baseball et Softball ?
Une fédération sportive est un regroupement de clubs habilités par le Ministère des Sports pour organiser le fonctionnement d’une discipline sportive sous forme de championnat. Des élus bénévoles, salariés et cadres de l’Etat en assurent le bon fonctionnement. La Fédération française de Baseball et Softball (FFBS) existe depuis 1924, bien que la discipline se soit fortement développée à partir des années 1980. Elle regroupe 210 clubs et 14 000 adhérents.
Quelles sont vos missions ?
Je suis conseiller technique national auprès de la Fédération française de Baseball et Softball. J’organise plus particulièrement la pratique du baseball5, c’est-à-dire la sélection des athlètes, des équipes d’entraîneurs et de toute personne qui gravite autour du sport (équipe médicale et préparateurs physique et mental). J’organise aussi les stages, les tournois et les compétitions sur le plan national et international. En 2023, j’ai accompagné trois équipes de France (féminine baseball, junior et senior baseball5). En 2024, je me détache du baseball feminin pour développer encore plus le baseball 5, suite à notre qualification lors de la finale de l’Euro baseball pour la coupe du monde 2024. En parallèle, je suis chargé de la création de vidéos de formation pour la plateforme My Coach.
Votre parcours en quelques mots ?
Passionné de baseball depuis mes 13 ans, j’ai été sélectionné en équipe de France à 16 ans. En parallèle de cette carrière, j’ai exercé le métier d’éducateur sportif à temps plein. Ce métier m’offrait la possibilité d’aménager mon temps de travail pour continuer à m’entraîner 15 à 20 heures par semaine. J’ai monté les échelons jusqu’aux championnats du monde. Je suis ensuite devenu entraîneur de l’équipe nationale pendant 5 ans.
Suite à un bref retour au club de Montpellier, j’ai mis en pause ma carrière d’entraîneur pendant 7 ans pour devenir graphiste puis paysagiste. Mes compétences de graphiste et mon réseau dans le milieu sportif m’ont permis de créer une marque de matériel de baseball, “Lace”, avec l’aide d’un associé. 7 ans plus tard, j’ai passé le concours du professorat de sport pour devenir conseiller technique sportif. Un seul poste était ouvert à nos disciplines. Ce poste était ciblé sur une fonction de responsable de la formation et comme entraîneur national de baseball. J’ai arrêté de travailler pour me consacrer entièrement à la préparation du concours durant une année. Ayant des enfants à charge, ce n’était pas simple mais mes efforts ont payé.
Quels concours de la fonction publique pour les sportifs de haut niveau ?
Les concours du Ministère des Sports permettent d’occuper des postes d’entraîneur national, de conseiller technique régional ou national, et de directeur technique national. Concernant la portée de ces missions, vous trouverez les informations ici, ainsi que les informations sur les concours. À l’échelle territoriale, il existe également des concours de conseiller territorial des activités sportives. Ils donnent accès à des postes d’éducateur ou de professeur sportif.
Existe-t-il des dispositifs d’aide à la préparation aux concours ?
Oui heureusement ! Il existe des aides personnalisées d’ordre financier. Le statut d’ancien sportif de haut niveau donne accès, sous conditions, à des bourses de la Fédération, du Ministère des Sports ou de la Région. De plus, les obligations de diplômes ou les conditions d’âge ne s’appliquent pas pour certains concours. Il existe aussi des dispositifs d’aménagements horaires pour faciliter les entraînements sportifs lorsque l’on travaille ou suit une formation. Les conventions d’aménagement emploi (CAE), par exemple, permettent à un agent public d’être payé à temps plein, sans manque à gagner pour l’employeur. Pour en savoir plus sur les aides, consultez le site du Ministère des Sports.
Qu’est-ce qui vous a surpris en passant du privé au public ?
Mon métier n’a pas changé, je suis resté dans le milieu que je connaissais bien. L’organisation du travail par contre était nouvelle. J’ai d’abord été surpris par la complexité administrative et l’organisation hiérarchique.
En devenant cadre de l’Etat, mon positionnement professionnel a dû évoluer pour le même métier.
De plus, en devenant cadre de l’Etat, mon positionnement professionnel a dû évoluer. Je ne peux plus, par exemple, aider bénévolement une autre structure sans autorisation. J’ai des droits et devoirs qui impliquent que chaque service rendu, y compris ponctuel, répond à une procédure particulière. Il m’a fallu un certain temps pour m’habituer aux différents fonctionnements.
Les avantages du secteur public ?
J’exerce le métier que j’aime tout en ayant la sécurité de l’emploi, l’autonomie et la liberté d’être force de proposition.
Deux mots résument mon métier: l’autonomie et l’adaptation. Le secteur public m’offre la liberté d’organiser mon travail comme je l’entends, d’être force de proposition et d’exercer le métier que j’aime tout en ayant la sécurité de l’emploi. Il s’agit d’un poste très prenant en raison, notamment, des entraînements les week-ends et des déplacements pour les compétitions. Il m’est impossible de me limiter aux 1607 heures annuelles. Pour autant je ne me plains pas, je n’ai pratiquement que des avantages.
Les inconvénients du secteur public ?
Les élus de la fédération n’étant pas des professionnels, nous fonctionnons à deux vitesses, ce qui ralentit les prises de décision et le traitement de certains dossiers. Nous manquons également de budget pour atteindre les objectifs fixés. Cela est accentué par un fort déséquilibre financier d’une fédération à l’autre. Il est normal que les aides des fédérations varient en fonction de leur taille. Or, les rémunérations des cadres d’Etat sont aussi impactées. Pour le même métier, les mêmes diplômes et les mêmes titres remportés en compétition, il peut y avoir des différences de rémunérations ou indemnisations allant du double au triple. C’est malheureusement une situation courante dans le milieu du sport.
Vos conseils ?
Je conseillerai à la fois de suivre une filière universitaire pour avoir une bonne base de connaissances et des qualités rédactionnelles, et de faire des petits boulots. Les concours de la fonction publique ont évolué, l’entretien professionnel est de plus en plus important. Toute expérience professionnelle est un plus. Chaque année les comités régionaux recrutent des étudiants en fin d’étude sur des postes d’éducateurs ou de surveillants pour une durée de 6 mois à 1 an.
Il est difficile de se projeter dans la fonction publique lorsque l’on est jeune, mais l’intégrer ouvre de nombreuses voies.
Enfin, je conseillerai de ne pas avoir peur de changer de parcours. Il est difficile de se projeter dans la fonction publique lorsque l’on est jeune, mais l’intégrer ouvre de nombreuses voies. Elle permet de changer de métier et d’environnement de travail sans être un expert. J’ai des collègues, par exemple, qui ont travaillé dans différents Ministères (éducation nationale, finance, sport). On peut aussi, tout en restant dans le Ministère des Sports, démarrer en direction départementale, basculer en direction régionale, puis intégrer un Creps et devenir formateur ou assurer le suivi socioprofessionnel des sportifs de haut niveau.
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