Dans le cadre de notre étude sur la semaine de 4 jours et ses variantes dans le service public, nous sommes allés à la rencontre des employeurs qui ont osé expérimenter de nouveaux aménagements du temps de travail dans leurs institutions. 

Frédéryque Cottard, Responsable Administration générale, RH et juridique, nous parle de l’expérimentation menée au sein de la Communauté de communes  Terroir de Caux.

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Semaine de 4 jours dans le service public

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Le défi RH à relever ?

L’expérimentation de la semaine de 4 jours traduit une volonté d’offrir plus de flexibilité de travail pour nos agents. Parmi leurs attentes figurait notamment une très forte demande liée au télétravail. Pour raison budgétaire et de flou juridique, nous ne pouvions pas pleinement y répondre favorablement. La semaine de 4 jours semblait l’alternative la plus adaptée.

En offrant trois journées de déconnexion, nous fidélisons nos agents et facilitons nos recrutements.

La semaine de 4 jours répond à des enjeux de qualité de vie au travail et d’attractivité de la marque employeur. En offrant trois journées de déconnexion, nous fidélisons nos agents et facilitons nos recrutements. Enfin, nous souhaitons montrer l’esprit novateur de notre collectivité et dépoussiérer l’image de la fonction publique en nous inspirant de ce qu’il se fait dans le privé.

Qui impulse la démarche en interne ? 

J’ai moi-même impulsé la démarche avec le soutien de ma direction suite à la mise en place d’une boîte à idées interne en 2021. Celle-ci a permis d’exprimer un souhait de repenser l’organisation du temps de travail. Je me suis inspirée de l’exemple de l’entreprise LDLC, pionnière en la matière en France, pour proposer une alternative similaire à nos agents.

Les étapes clés avant le déploiement ?

J’ai présenté le dispositif et ses objectifs aux chefs de services lors de réunions au cours du dernier trimestre 2021. A la suite de quoi, ils ont fait une liste des métiers éligibles à cette organisation de travail au regard de la continuité du service.

Les agents avaient la possibilité de faire machine arrière à tout moment.

Une fois le nombre d’agents identifiés, ces derniers ont été informés par email de la mise en place de l’expérimentation. Nous les avons également informés de la possibilité d’y mettre fin à tout moment et de la disponibilité de l’équipe RH pour répondre à leurs interrogations.

Quelles modalités ?

L’expérimentation s’est déroulée du 1er janvier au 31 décembre 2022. Nous avons poursuivi la semaine de 4 jours à compter du 1er janvier 2023. Aujourd’hui, environ 40 agents sur 120 ont adopté ce rythme.

Nous proposons aujourd’hui une semaine de 35 heures sur 4 jours ou 4 jours 1/2 sans RTT. La majorité des agents choisissent la semaine de 4 jours lorsque leur poste le permet. Les horaires d’une journée type sont les suivantes: 

• 8h-12h30, suivi d’une pause de 45 minutes obligatoires le midi, puis 13h15-17h30, soit 8h75 par jour. 
• Les agents ont la possibilité de commencer à 7h45 et de terminer à 17h15. 

Nous proposons en plus un système d’ARTT. Dans ce cas, les agents travaillent 45 minutes supplémentaires par semaine en l’échange d’une semaine de repos. Ce qui représente 15 minutes supplémentaires sur trois jours. Concernant le jour de repos, les agents ayant des enfants choisissent généralement le mercredi, les autres le vendredi.

Quelle communication ? 

La communication s’est faite au cours de réunions avec les chefs de service et par email auprès des agents. Nous sommes une petite collectivité, les agents se rendent facilement dans notre bureau pour échanger. Nous discutons au cours des pauses déjeuners. Cela permet de prendre la température et d’avoir une idée fiable des attentes et des réserves au sein des équipes. 

Les difficultés rencontrées ?  

Nous n’avons pas eu de difficulté particulière mis à part quelques réticences de certains chefs de service. Ces derniers redoutaient une surcharge de travail pour leurs agents. Ils ont été rassurés par la mise en place d’une phase test et par la possibilité de faire marche arrière.

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Semaine de 4 jours : les grands enseignements 

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Quels résultats ?

La semaine de 4 jours est un système gagnant-gagnant sans impact budgétaire pour la collectivité. Nous remarquons une baisse de l’absentéisme, des arrêts de travail et une hausse de la productivité. Ayant une coupure en moins, les agents approfondissent davantage leurs dossiers.

La semaine de 4 jours est un système gagnant-gagnant sans impact budgétaire pour la collectivité.

Les agents expriment avoir un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle. Ils ont le temps de prendre leurs rendez-vous médicaux et de faire leurs tâches ménagères en semaine, ce qui leur permet de se reposer davantage le weekend. Ils sont ainsi moins stressés au travail. 

La semaine de 4 jours est aussi un vrai levier d’attractivité en termes de recrutement. A défaut de pouvoir proposer de meilleurs salaires, nous nous démarquons en proposant une plus grande flexibilité et qualité de vie au travail. Nous l’avons inscrit dans nos fiches de poste, ce qui fait souvent l’objet de discussions lors des entretiens. De plus, les trajets domicile-travail sont réduits, ce qui est avantageux d’un point de vue écologique et économique. Notamment dans un territoire rural comme le Terroir de Caux. 

Ce type de dispositif déçoit toutefois les agents ne pouvant en bénéficier en raison de la nature de leur poste. C’est pourquoi, notre challenge 2024 est d’élargir la semaine de 4 jours à davantage d’agents. Nous visons par exemple la mise en place de roulements au sein des déchetteries pour la rendre possible.

Enfin, la taille de notre collectivité facilite sa mise en place. Avec seulement 120 agents, nous avons pu embarquer toutes les personnes concernées en même temps. Ce qui a entraîné une vague positive. De plus, le trajet domicile-travail moyen est de seulement 15-20 minutes, ce qui simplifie l’allongement des journées de travail.

Les facteurs de réussite et d’échec ?

Il est indispensable d’identifier en amont les agents pouvant bénéficier de la semaine de 4 jours. L’erreur serait de vouloir faire plaisir à tout le monde sans anticiper les impacts sur le service rendu aux usagers.

L’erreur serait de vouloir faire plaisir à tout le monde sans anticiper les impacts sur le service rendu aux usagers.

De plus, il est important de communiquer sur la possibilité du retour en arrière et de se rendre disponible pour échanger avec les agents et chefs de service.

Un conseil pour les employeurs publics qui veulent se lancer ?

Je conseillerais de bien anticiper la mise en place du dispositif en prenant la température auprès des équipes. Pour cela, les boîtes à idées et les temps d’échange conviviaux sont de bons outils.

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Découvrez l’ensemble des retours d’expériences des institutions qui expérimentent la semaine de 4 jours dans le service public : dans notre étude.

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