Dans le cadre de notre étude sur la semaine de 4 jours et ses variantes dans le service public, nous sommes allés à la rencontre des employeurs qui ont osé expérimenter de nouveaux aménagements du temps de travail dans leurs institutions.
Delphine Tranchand, directrice générale adjointe Ressources au sein de la ville de Neuilly-sur-Marne, nous parle de la mise en place de la semaine de 4 jours et demi dans son organisation.
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En premier lieu, nous souhaitions développer l’attractivité RH de la collectivité. Il s’agissait aussi d’améliorer la qualité de vie au travail de nos collaborateurs en leur permettant de mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle.
En premier lieu, nous souhaitions développer l’attractivité RH de la collectivité.
Enfin, nous avions le souhait de limiter le recours au temps partiel. Finalement, nous nous sommes aperçus que beaucoup d’agents à temps partiel, notamment nos cadres, se retrouvaient à travailler à taux plein sur 4 jours. En proposant une organisation sur 4 jours ou 4 jours ½, nous souhaitions que ces agents puissent conserver un jour pour eux dans la semaine sans pour autant perdre en rémunération. Ce projet répondait aussi à notre quête d’amélioration de la qualité du service rendu en adaptant les horaires de travail des services en fonction des besoins des administrés.
Le projet a émergé en 2021, sous l’impulsion de Zartoshte Bakhtiari, élu maire de la ville de Neuilly-sur-Marne en 2020 . Au sein du service ressources humaines, nous devions faire aboutir le dossier portant sur la réorganisation du temps de travail pour nous conformer à l’obligation légale des 1607 heures. Cette impulsion politique nouvelle allait dans le sens d’une transformation de nos politiques RH. Ainsi, nous nous sommes appuyés sur le dossier des 1607 heures pour imaginer des propositions innovantes en matière d’organisation du temps de travail.
Dès l’été 2021, nous avons engagé une enquête sur les habitudes de travail et l’organisation du temps de travail dans les services de la commune. En parallèle, nous avons réalisé un benchmark pour nourrir notre réflexion en observant les expérimentations à l’œuvre dans certaines collectivités territoriales telles que la métropole de Lyon ou la ville de Rouen. Dès mars, nous avons engagé un dialogue avec les organisations syndicales. Peu d’ajustements ont été demandés ce qui nous a permis de respecter les objectifs que nous nous étions fixés, à savoir l’inscription de ce projet au conseil municipal de juin.
Les délais qui nous étaient impartis ne nous permettaient pas d’expérimenter cette réorganisation du temps de travail en mettant en place un panel test. Parfois, expérimenter c’est oser se lancer en se disant que si ça ne marche pas on peut revenir en arrière.
Parfois, expérimenter c’est oser se lancer en se disant que si ça ne marche pas on peut revenir en arrière.
Pour mener à bien ce projet, nous avons défini un cadre souple et suffisamment permissif pour que les chefs de service puissent faire leurs propres ajustements. Nous avions pour objectif de développer l’autonomie des agents. Au lancement en janvier, 40 agents se sont portés volontaires pour basculer sur une semaine de 4 jours ½.
Plusieurs formules sont proposées au choix :
Pour ce faire, la durée hebdomadaire du travail est passée de 37 heures à 38 heures, soit 12 minutes quotidiennes de plus sur 5 jours et 5 jours RTT supplémentaires. Cela a permis d’une part de compenser la perte des congés d’ancienneté pour 90% des agents et d’étendre le bénéfice des jours RTT à tous les agents sans condition d’ancienneté.
La décision d’accorder ou non ces aménagements du temps de travail revient aux chefs de service qui prennent la décision en fonction de leurs contraintes métiers. Et ce, parce qu’ils sont les garants de la continuité de service qui doit rester notre priorité collective.
Contraints d’aller vite, nous avons peu communiqué sur ces évolutions. Malgré tout, la communication globale qui a été faite a permis à tous les agents d’être informés. Cependant, si les services s’en emparent, la direction des ressources humaines doit renforcer son soutien et les aider à organiser et structurer ces évolutions du temps de travail. C’est une formidable opportunité de les accompagner dans leurs réflexions liées aux horaires d’ouverture au public.
Prochainement, nous souhaitons mettre en place un questionnaire afin de récolter des témoignages d’agents nous expliquant pourquoi ils ont souhaité ou non se saisir de cette mesure. En lançant ce travail d’évaluation, nous allons mesurer le niveau d’information de nos collaborateurs et mieux comprendre leurs besoins en termes de rythme de travail.
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Côté candidats, nous communiquons sur cette flexibilité du temps de travail dans nos offres d’emploi et c’est un élément qui séduit.
Côté collaborateurs, les retours que nous avons sont très bons. Celles et ceux qui ont choisi un rythme de travail sur 4 jours ½, les plus nombreux, sont ravis. L’articulation du travail au sein des services avec des agents qui n’ont pas exactement les mêmes aménagements horaires ne semble pas poser de problème. Tant que ce choix relève de la liberté de chacun et que l’équilibre de vie de tous nos agents est respecté, les choses fonctionnent bien.
La communication est un facteur clé de réussite. Le sens donné à la démarche et l’intention portée par la collectivité sont également déterminants. Pour faire de la semaine de 4 jours une réussite, il faut faire confiance à ses équipes.
Pour faire de la semaine de 4 jours une réussite, il faut faire confiance à ses équipes.
Nous devons “faire confiance à priori”, donner de la capacité à agir et de l’autonomie à nos équipes. Si ça ne marche pas, on ajuste dans un second temps.
Allez-y et vous verrez bien ! Avec un cadre réglementaire bien défini, les risques sont faibles. Dans une perspective de modernisation et d’adaptabilité de l’action publique, c’est encourageant que des employeurs publics croient en cette organisation.
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Découvrez l’ensemble des retours d’expériences des institutions qui expérimentent la semaine de 4 jours dans le service public : dans notre étude.
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