Nicolas Viennot est Directeur du Collectif Mentorat. L’objectif de l’association ? Promouvoir le développement et la qualité du mentorat en France et en fédérer les acteurs. Nous sommes allés à sa rencontre pour parler du mentorat comme levier de réussite pour les jeunes.
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Mon parcours a débuté dans la fonction publique. A la fin de mes études j’ai passé plusieurs concours administratifs et j’ai obtenu celui d’administrateur territorial. Pendant 10 ans, je me suis engagé au sein de trois collectivités d’Ile-de-France. Au sein de la première, la communauté d’agglomération Est Ensemble, j’ai travaillé en tant que chargé de mission à la définition de l’intérêt communautaire avant d’évoluer sur un poste de responsable du pôle étude et prospective, en me spécialisant sur les politiques d’aménagement et de transformation du territoire. J’ai ensuite travaillé pour la ville de Sarcelles, en tant que directeur général adjoint à la politique de la ville et au renouvellement urbain. Enfin, j’ai décidé d’explorer l’échelon régional, d’abord en tant que responsable des ressources humaines, puis en tant que responsable du service gestion et relation avec les entreprises.
C’est intéressant de voir comment le secteur associatif et celui de l’ESS contribuent, par leurs actions, à l’intérêt général.
C’est là que j’ai découvert l’économie sociale et solidaire. Ce fut intéressant de voir comment le secteur associatif et celui de l’ESS contribuent, par leurs actions, à l’intérêt général. Cela a motivé ma décision de me lancer dans le parcours de transition professionnelle proposé par On Purpose, spécialiste des reconversions vers les organisations à impact social et environnemental. Je crois que j’étais le premier fonctionnaire à rejoindre ce parcours. Dans le cadre du programme, j’ai travaillé au sein de deux organisations “hôtes”, le Samusocial de Paris et le Collectif Mentorat.
Lorsque j’ai rejoint le collectif Mentorat, j’étais le premier salarié. Il s’agissait d’amorcer la structuration de ce qui n’était qu’un collectif assez informel entre 8 associations. J’ai d’abord créé l’association loi 1901 puis nous avons structuré nos actions avec une forte activité de plaidoyer pour faire en sorte que le mentorat devienne une politique publique.
Nous avions pour ambition que le mentorat devienne une politique publique.
En mars 2021, cet objectif a été atteint avec l’annonce du plan “1 jeune, 1 mentor” qui a été le premier plan de soutien national au développement du mentorat. Depuis, nous avons changé d’échelle, j’ai structuré autour de moi une équipe de 8 salariés et nos associations peuvent adresser leurs programmes à davantage de jeunes.
Aujourd’hui, mon métier est celui de directeur d’une structure associative et d’une tête de réseau de 74 associations réunies autour d’un point commun : elles développent des programmes de mentorat en voyant ce dernier comme un outil au service de l’égalité des chances.
Ce qui nous anime, c’est la volonté de ne pas se résigner face aux inégalités qui existent dans le parcours des jeunes. Nous estimons qu’il n’est pas normal que des élèves, suivant leur lieu d’habitation ou leur contexte socioculturel, n’aient pas les mêmes chances et les mêmes opportunités. Nous ne sommes pas résignés face à un système à deux vitesses mais nous avons également conscience qu’en complément de l’action publique les solutions doivent émerger du tissu associatif et de l’engagement citoyen.
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Le mentorat c’est l’accompagnement individuel d’un jeune par un mentor sur au moins 6 mois, pour que le jeune puisse avoir le temps d’exprimer ses besoins spécifiques. Pour chaque binôme, il y a aussi une association ou une organisation qui déploie son programme de mentorat en jouant un rôle de tiers de confiance pour assurer une relation positive et impactante entre le jeune et le mentor. Nous accompagnons des jeunes de 5 à 30 ans. Pour les plus jeunes, il s’agit d’un soutien à la scolarité et à la parentalité. Pour les collégiens et lycéens, les programmes s’articulent autour de l’orientation. Plus tard, les étudiants et jeunes diplômés bénéficient quant à eux d’un soutien à l’insertion professionnelle.
Ce qui arrive devant nous c’est la réforme de la voie professionnelle annoncée au printemps dernier, qui prévoit notamment que le mentorat puisse être proposé à tous les jeunes lycéens des voies professionnelles. C’est un enjeu important. Aujourd’hui, alors que ces jeunes sont davantage touchés par les situations de décrochage et d’orientation subie, on constate qu’ils n’ont pas suffisamment accès aux dispositifs de mentorat.
Le mentorat a été reconnu Grande cause nationale 2023.
Le mentorat a été reconnu grande cause nationale 2023 par la première ministre. Cela va être pour nous l’occasion de faire une vaste campagne de communication. Notre objectif c’est de donner une plus grande visibilité au mentorat auprès du grand public.
En face de 150 000 jeunes nous devons aller chercher 150 000 mentors. Et il est nécessaire que ces derniers représentent une vaste diversité de métiers et de parcours. A titre d’exemple, sur l’ensemble de nos mentors, 60% sont en activité et parmi eux seulement 10% travaillent dans la fonction publique.
Sur l’ensemble de nos mentors, 60% sont en activité et parmi eux seulement 10% travaillent dans la fonction publique.
La fonction publique c’est le premier employeur de France et une très grande diversité de métiers. Nous devons les valoriser auprès des jeunes. Dans un contexte de manque d’attractivité, le mentorat est une belle manière de valoriser les métiers publics auprès des jeunes.
Les jeunes qui s’intéressent à la fonction publique peuvent se tourner vers La Cordée, une de nos associations membres spécialisée service public. Plus largement, la Cordée est engagée à promouvoir la diversité sociale dans les secteurs public et parapublic.
Nos études d’impact ont permis d’identifier 3 grands bénéfices pour les jeunes.
Le mentorat aide en effet les jeunes dans leur orientation et leur réussite scolaire :
– à gagner en confiance en soi ;
– à suivre des études plus longues qu’ils ne l’auraient envisagé au départ ;
– à s’insérer dans le milieu professionnel.
Les mentors quant à eux peuvent alors :
– développer des compétences douces (curiosité, empathie…) ;
– améliorer leur capacité à donner et recevoir des feedbacks ;
– s’engager pour réduire les inégalités de parcours ;
– contribuer à l’attractivité et la politique RSE des organisations.
Rendez-vous sur un www.1jeune1mentor.fr !
Nous avons également créé un guide d’engagement pour la fonction publique qui doit permettre aux institutions de s’engager ou de faciliter l’engagement de ses agents à titre individuel.