Aujourd’hui nous allons à la rencontre de Mickaël Cuttelini, travailleur social au sein du Département du Val d’Oise. Dans cette interview, il nous fait découvrir son métier et sa vision du secteur social.
.
.
Lors de ma licence d’Histoire, j’ai pris goût à l’observation et à l’analyse des évolutions de la société. Ne me projetant pas dans le domaine de l’enseignement, j’ai fait plusieurs petits métiers et quelques voyages avant de devenir assistant d’éducation en collège. Dans ce métier très en lien avec les élèves, j’ai appris à écouter leurs problématiques et à nouer une relation de confiance avec eux. Cette expérience m’a donné envie de m’engager en tant que travailleur social. Ceci dit, j’ai toujours baigné dans le milieu social. Mon père était chauffeur pour une collectivité territoriale, il faisait du transport scolaire pour des enfants en situation de handicap. Ma mère travaillait dans un service de protection maternelle et infantile (PMI). Les valeurs qu’ils m’ont transmises doivent aussi y être pour quelque chose !
En tant qu’assistant social, je viens en aide aux personnes et aux familles pour les aider à faire face aux difficultés de la vie. Au cœur de mes missions il y a : l’accueil, l’écoute et l’information. Au sein du service social départemental, mes missions sont variées : prévention des procédures d’expulsion locative, soutien à la parentalité, évaluation des informations préoccupantes relatives aux mineurs susceptibles d’être en danger et des personnes pouvant être en situation de vulnérabilité. J’apporte une aide administrative et sociale aux personnes en situation de surendettement ou de difficulté financière. J’accompagne également les personnes à trouver des solutions d’hébergement à moyen terme.
Mon rôle c’est avant tout de donner de l’autonomie aux personnes.
A chaque fois, mon rôle consiste à informer les personnes des dispositifs existants. Lorsqu’ils ont besoin d’aide, je les accompagne dans leurs démarches mais mon rôle c’est avant tout de leur donner de l’autonomie.
Après avoir travaillé sur un poste “fixe” pendant 10 ans sur la même commune, je suis depuis fin août 2021, un assistant social “volant”. J’avais besoin d’apprendre de nouvelles choses, de faire de nouvelles rencontres, de rencontrer d’autres partenaires locaux, tout en restant pour autant dans la même institution et le même service. Ce type de poste vient soutenir une équipe comprenant un ou plusieurs postes vacants (mobilité, longue absence : maternité, maladie, congé parental, etc). C’est gagnant-gagnant : j’apprends au sein d’une nouvelle équipe tout en lui apportant ma connaissance d’autres pratiques.
Pour moi, c’était une évidence de travailler pour le département. Mes rencontres dans mon enfance, que ce soit à l’école ou dans ma vie privée, parfois par l’intermédiaire de mes parents, m’ont rendu particulièrement sensible aux relations humaines et à certaines problématiques telles que la protection de l’enfance et le handicap. Originaire d’une commune du Val d’Oise, c’était important pour moi de travailler au niveau local et de rendre en quelque sorte un peu de ce que ce territoire m’a donné.
Le sentiment d’être utile lorsque je parviens à aider quelqu’un dans la résolution d’une problématique. Le travail en équipe aussi car, dans mon métier, le soutien du collectif est précieux. C’est important de réfléchir à plusieurs, cela permet de prendre de la distance face aux situations compliquées.
Quand on travaille dans le social, il faut savoir fêter les petites victoires et savourer les bons moments.
Le collectif permet également de mettre de la convivialité dans notre quotidien. Quand on travaille dans le social, il faut savoir fêter les petites victoires et savourer les bons moments. Il y a aussi la satisfaction d’apprendre tous les jours : les situations, les problématiques et les personnes que j’accompagne sont toujours différentes. Lorsque l’on travaille avec l’humain, il faut s’adapter.
Ce que j’aime aussi dans mon métier, c’est la dimension exploratoire : analyser les situations pour comprendre les causes des difficultés rencontrées. Finalement, je retrouve le plaisir que j’avais sur les bancs de la fac d’Histoire à identifier l’origine des faits sociaux !
Ce qui est compliqué c’est lorsque nous ne pouvons pas apporter de solutions aux personnes. C’est d’autant plus difficile que pour certains, dans leurs représentations, nous avons forcément une solution. Or, parfois, dans certaines situations, comme par exemple, celles en lien avec l’hébergement d’urgence, c’est le 115 (Samu social) qui doit être sollicité. On accueille la détresse, la souffrance, l’incompréhension parfois aussi.
.
.
Il y en a quelques unes qui sont indispensables : la communication, l’écoute et la pédagogie. Savoir prendre du recul aussi car parfois, nous n’y sommes pour rien, mais c’est ce que l’on représente qui rend la relation compliquée. Par exemple, dans des situations de violences conjugales, le fait d’être un homme peut compliquer la relation avec les victimes. Pour autant, je suis convaincu que les hommes travailleurs sociaux ont un rôle important à jouer. Nous devons montrer que tous les hommes ne se ressemblent pas et que dans le combat contre les violences faites aux femmes, nous sommes résolument de leur côté.
A l’heure où beaucoup de guichets publics se dématérialisent, les services sociaux départementaux continuent à accueillir physiquement les publics. C’est ce qui fait de nous le lieu d’accueil de proximité privilégié des bénéficiaires. Quand ils ne trouvent pas d’interlocuteurs, ils se rapprochent de nous, et ce, même lorsque leurs problématiques ne relèvent pas de nos services.
L’aide sociale et l’accueil des publics doivent passer par l’humain.
L’aide sociale et l’accueil des publics doivent passer par l’humain. C’est un défi pour favoriser le lien social, l’insertion et l’autonomie. C’est d’autant plus important que les personnes les plus en difficulté sont souvent les moins à l’aise avec les outils numériques.
Un autre défi important, c’est celui de la communication. Dans le domaine du social, nous ne sommes pas les meilleurs pour parler de nous, pour valoriser notre action et pour travailler sur l’attractivité de nos métiers. Nous devons déconstruire certaines représentations. Ce n’est pas normal que l’on entende parler de nous, seulement lorsqu’il y a un fait divers à la télévision en précisant que “la famille était connue des services sociaux”. Nous souffrons également d’être trop souvent associés dans l’esprit des gens aux placements des enfants. Il commence à y avoir une reconsidération de nos métiers mais il y a encore beaucoup à faire pour faire changer les regards.
Dans ce contexte de manque d’attractivité, nous intégrons de nouveaux profils professionnels qui ne sont pas forcément des travailleurs sociaux mais qui ont de nouvelles compétences à apporter. Ainsi, des intervenants administratifs et sociaux et des conseillers numériques ont rejoint nos équipes. Aujourd’hui nous devons travailler à l’articulation de nos missions.
Dans ce métier, j’ai appris à me réjouir de la même manière, des petites et des grandes victoires. Le plus souvent, c’est l’évolution de la situation des personnes qui m’apporte le plus de satisfaction. Il y a quand même des rencontres qui m’ont marqué plus que d’autres. Je pense notamment à une personne qui avait deux filles mineures en situation de handicap. Elle faisait l’objet d’une procédure d’expulsion locative et son titre de séjour n’avait pas été renouvelé. J’ai pris le relais d’un collègue dans l’accompagnement de cette situation complexe. La première fois, j’ai rencontré une personne en colère. Mais, petit à petit, une relation de confiance s’est construite entre nous car elle voyait que je tenais mes engagements. Dans ce métier, c’est très important de ne s’engager auprès des personnes que lorsque nous sommes sûrs de pouvoir tenir nos engagements.
Dans mon métier, c’est l’évolution de la relation humaine qui me touche le plus.
Un an plus tard, je lui annonce que je quitte mes fonctions pour devenir assistant social “volant”. Ce jour-là, la personne m’a exprimé beaucoup de reconnaissance. Dans mon métier, c’est l’évolution de la relation humaine qui me touche le plus.
.
Un article réalisé en partenariat avec la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités du Val D’Oise (DDETS 95) et le Conseil départemental du Val d’Oise.
.