Emilie Bellanger est responsable Relations Entreprises à la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires de Dijon au sein du Ministère de la Justice. Nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir le travail pénitentiaire et ses missions en faveur de la réinsertion.
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Ma mission, en tant que responsable Relations Entreprises pour la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires de Dijon, est de développer le travail pénitentiaire et d’accompagner les entreprises de bout en bout dans cette démarche inclusive.
Dans le secteur privé, je travaillais dans le domaine du transport. J’ai toujours occupé des postes tournés vers les autres : développement des partenariats, commerce, accompagnement au changement, service clients… Il était important pour moi de poursuivre dans cette direction pour donner du sens à mes missions. Le service public s’est avéré être le secteur qui répondait le mieux à cette ambition. Au sein de l’administration pénitentiaire, je contribue de manière concrète à la réinsertion des personnes détenues. Le travail permet de donner du sens à la peine et de préparer la sortie.
Le travail pénitentiaire est possible, pour les prévenus comme pour les condamnés. Les personnes détenues peuvent être recrutées par le service général de l’établissement pénitentiaire ou par une entreprise extérieure. Il permet aux personnes détenues d’acquérir des compétences professionnelles qui les préparent à exercer un emploi à leur sortie. Dans cette perspective, instaurer un cadre de travail au plus proche des conditions de travail à l’extérieur participe à la réinsertion professionnelle. Le recrutement se fait via un contrat d’emploi pénitentiaire qui fixe les droits du détenu travailleur (niveau de rémunération, conditions de travail, protection sociale…).
Le travail pénitentiaire participe au retour à l’emploi et à la réinsertion durable des personnes détenues, il contribue à la prévention de la récidive et à la sécurité de tous. C’est également une belle solution pour favoriser une production de proximité inclusive et « made in France » qui limite l’impact environnemental.
Il y existe deux régimes de travail : le service général, qui concerne toutes les missions relatives au bon fonctionnement de l’établissement pénitentiaire (buanderie, cuisine, ménage, entretien du bâtiment…) et les ateliers de productions, ateliers industriels implantés au coeur des établissements pénitentiaires.
La plupart des établissements pénitentiaires sont dotés d’espaces d’ateliers (boulangerie, imprimerie, façonnages, menuiserie, numérisation, centre d’appels…) qui permettent d’exercer divers métiers tels que la menuiserie, maroquinerie, dessin assisté par ordinateur, boulangerie etc.
Notre seconde mission, en plus de veiller à l’exécution de la peine, est la réinsertion.
Avec toutes les équipes en établissement et en SPIP, nous mettons tout en oeuvre afin d’aider les personnes détenues à faire de ce temps d’incarcération, un temps utile à leur reconstruction et ainsi préparer leur sortie afin de limiter la récidive. Pour autant, il faut que le détenu soit volontaire. A partir de là, nous allons co-construire avec la personne détenue un parcours (formation, école, travail…) favorisant sa réinsertion socio-professionnelle.
Il y a un peu plus d’un an, naissaient les “PRISON BREAKFAST”, des petits déjeuners en “prison” avec des entreprises afin de leur faire découvrir le travail pénitentiaire et les encourager à produire “made in France” en fabriquant leurs produits dans des conditions qui favorisent la réinsertion des personnes détenues.
L’idée est de mettre en lumière la motivation des personnes détenues qui veulent s’en sortir et également valoriser les métiers de notre administration, de tous les agents qui oeuvrent au quotidien pour lutter contre l’inactivité en détention, lutter contre la récidive et favoriser la réinsertion.
L’Humain avec un grand “H”. Mon métier nécessite de l’adaptabilité, de la patience et de la communication pour faire passer les messages et pour lever les idées reçues. Car derrière chaque personne détenue et chaque entreprise / partenaire, il y a des humains, qui s’engagent dans la démarche du travail pénitentiaire avec leurs parcours de vie et leurs émotions.
Mon souhait c’est de parvenir à remplir nos ateliers à 100% car nous avons beaucoup de volontaires qui souhaitent travailler dans les établissements pénitentiaires mais pas encore assez de postes ouverts. Aujourd’hui 41% des personnes détenues travaillent en détention mais nous avons encore de nombreux espaces disponibles et de nombreux volontaires prêts à travailler !