Antoine Darodes est directeur de l’Agence du numérique. Cette agence, directement rattachée au Directeur Général des Entreprises au sein du Ministère de l’Economie, a pour mission d’impulser et de soutenir des actions qui accompagnent la révolution numérique. Elle permet aussi de fédérer un certain nombre d’acteurs autour de cette thématique. Aujourd’hui, l’Agence du numérique chapeaute trois missions : la French Tech, le Très Haut Débit, la Société Numérique et…bientôt une quatrième : France Mobile. Antoine Darodes nous en dit plus sur son parcours, son métier et son rôle au sein de l’Agence.
Après un doctorat en droit et un crochet par l’Ecole normale supérieure de Cachan, j’ai débuté à l’Autorité de la concurrence où j’ai découvert le secteur des télécommunications. De là, j’ai rejoint l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) avant d’être chargé, en 2012, par le Gouvernement de conduire la Mission Très Haut Débit puis, en 2015, de piloter l’Agence du Numérique qui regroupe les missions numériques de l’Etat.
Le secteur public a été un choix à la fin de mes études et au début de ma carrière. J’ai toujours eu cette fibre de l’action publique. Travailler pour l’intérêt général, pour la République, cela a un sens très fort pour moi. J’avais à coeur de cultiver les fondations républicaines de la France, qui ne sont jamais acquises…
La dimension d’engagement est capitale dans ce métier ! S’engager pour l’Agence, c’est une aventure politique, au sens noble du terme , mais également une aventure personnelle. C’est la combinaison des deux qui rend le métier passionnant.
On ne peut pas faire ce métier si on n’est pas convaincu et profondément impliqué dans ses missions. D’abord, parce que c’est extrêmement chronophage car ce sont des sujets qui suscitent une attente immense de la part de l’écosystème, des collectivités et surtout des citoyens et en même temps, ce sont des sujets qui inquiètent. Nous sommes là pour rassurer les élus, les citoyens et les accompagner dans ce passage vers une société numérique.
L’Agence est fondamentalement flexible et peut envisager d’être à plusieurs endroits en multipliant les missions. Cela dit, et c’est peut-être sa particularité, l’Agence n’a pas vocation à être pérenne mais à répondre à un besoin. C’est cette agilité qui est intéressante et qui garantit la meilleure réalisation possible des missions qui nous sont confiées.
Je ne suis pas désintéressé du secteur privé mais, tant que je n’ai pas le sentiment d’avoir suffisamment avancé dans la mission qui m’a été confiée par le Gouvernement, j’aurais du mal à partir dans le privé.
J’aime beaucoup cette phrase d’Henri Bergson : « L’avenir n’est pas ce qui va arriver mais ce que nous allons en faire. »
Je pense que c’est « faire preuve d’empathie en se mettant à la place de son interlocuteur pour mieux le comprendre ».
Sans parler de recette, je pense qu’il y a un point essentiel : le recrutement. On recrute des profils cohérents, souvent jeunes et très motivés. La question de la motivation est cruciale car on vient à l’Agence pour ses missions, et non pas pour y faire carrière. Je crois que donner de l’autonomie à ses agents permet de les responsabiliser et de les faire rapidement progresser. Par exemple, chacun signe en son nom les rapports qu’il rédige. C’est ce qui permet de se sentir investi et de se surpasser pour affronter les challenges auxquels on doit faire face.