Aude Costa est responsable du département « Transformation » de la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP). Ce département s’attache à la performance et à la transformation managériale et numérique des services publics.
Aude Costa qui a travaillé à la fois dans le public et le privé nous en dit plus sur son parcours, son métier et son envie de contribuer à la transformation de l’action publique.
J’ai fait une école de commerce et comme j’étais plutôt « matheuse », j’ai choisi d’effectuer mon premier stage dans un fond d’investissement. Mais j’ai tout de suite su que cet environnement de travail ne me convenait pas et j’ai voulu explorer d’autres choses, avec plus de sens. J’ai découvert ensuite le secteur public à la Direction générale de la comptabilité publique (DGCP) puis en cabinet ministériel. C’est vraiment là que j’ai eu le déclic : être au cœur du service public et contribuer à sa transformation me plaisait énormément. A la fin de mes études, j’ai été recrutée à la Direction générale de la modernisation de l’Etat (DGME). Puis, pour contribuer à la réalisation de projets concrets sur le terrain, j’ai rejoint la Direction générale de Pôle emploi. Ça a été pour moi une expérience très riche : cinq années à contribuer à la transformation de Pôle emploi.
J’ai ensuite voulu me consacrer au projet social « Lulu dans ma rue ». Créé par Charles-Edouard Vincent (fondateur de Emmaüs Défi), il s’agit d’un service de conciergerie de proximité qui recrée du lien social. L’idée était d’explorer comment les startups pouvaient aussi contribuer à faire évoluer les politiques publiques, en l’occurrence l’insertion par l’activité économique. Quand Thomas Cazenave, que je connaissais depuis Pôle emploi, est devenu Délégué interministériel à la transformation publique en novembre dernier, il m’a proposé de le rejoindre. Convaincue par la vision et le projet qu’il portait, j’ai accepté et je suis aujourd’hui chargée du nouveau département sur la performance, la transformation managériale et numérique des services publics à la Direction interministérielle à la transformation publique (DITP).
J’ai choisi le service public car j’avais envie de trouver du sens dans mon travail au quotidien. Je souhaitais également un métier qui soit cohérent avec mes engagements extra-professionnels notamment associatifs. C’est ça qui me plaît vraiment aujourd’hui dans le secteur public.
Il faut avoir une vision et des convictions fortes. L’énergie et la ténacité sont également importantes pour porter les projets à terme. C’est d’ailleurs un trait de personnalité qui me décrit bien. Quand j’ai quitté la Direction générale de Pôle emploi, j’ai interrogé Jean Bassères, l’actuel directeur général au sujet de mon recrutement cinq ans plus tôt : « Pourquoi m’avoir recrutée ? ». En effet, j’avais fait une candidature spontanée, je ne correspondais pas vraiment à un profil type et je n’avais pas passé de concours de la fonction publique. Il m’a simplement répondu que j’avais l’ai très motivée : j’avais relancé trois fois en une semaine et également appelé plusieurs fois. Comme il aime les gens tenaces, il m’a laissé une chance.
Aujourd’hui, nous avons deux enjeux forts. Tout d’abord, nous devons faire vivre la transformation publique et expliquer sa cohérence. En effet, au-delà des mesures, nous souhaitons montrer qu’elle a une épine dorsale forte mais il faut davantage la mettre en valeur.
Le deuxième enjeu est d’arriver à se focaliser sur les résultats. L’innovation publique doit, elle aussi, rendre des comptes et faire la preuve de son action. Au sein de la DITP, nous portons des programmes interministériels très concrets comme celui sur la transparence des résultats et celui sur la qualité de service. Faire confiance au terrain, déconcentrer et interroger davantage les usagers des services publics nous semble fondamental.
J’ai besoin d’imaginer de nouvelles choses en permanence. Contribuer à la transformation du service public m’offre cette opportunité !
Je pense avant tout au service. L’Etat doit être « au service » des citoyens et les accompagner dans leur quotidien. Et c’est bien là le sens du service public pour moi.
Quelqu’un que j’admire beaucoup professionnellement et qui se reconnaîtra dit régulièrement qu’il faut savoir « faire du judo ». Comme au judo, le plus important est d’avoir une ligne directrice et de savoir la maintenir. Suivant l’angle d’attaque, il est toujours possible de faire bouger les lignes.