Comment se saisir des innovations technologiques pour améliorer la qualité de vie des habitants et rendre les villes plus durables ? Pour explorer la question, Benoît et Dimitri ont visité 7 villes qui font bouger les lignes, afin de mieux comprendre le concept de ville intelligente. Rencontre avec Benoît Gufflet et Dimitri Kremp co-fondateurs de l’initiative #AcrossTheBlocks.
.
.
Étudiants en dernière année du double diplôme Sciences Po – HEC Paris en Corporate et Public Management, nous avons eu l’idée de transformer notre stage de fin d’étude en learning expedition. C’était une belle façon de conclure notre cursus, en mêlant voyage et développement de projet. On s’est fixé pour objectif de nous faire financer, accompagner et encadrer par des sponsors privés afin de mener une étude terrain à travers le monde. Le thème de la Smart City s’est vite imposé car il correspond à nos profils, à mi-chemin entre les secteurs public et privé, mêlant innovation technologique et intérêt général.
Le format. Au départ c’est l’idée du “voyage apprenant” qui nous a séduit. L’idée du thème est arrivée dans un second temps. Nous sommes convaincus depuis longtemps du rôle clef de l’innovation technologique dans l’amélioration de la performance des villes. La question, désormais, c’est de comprendre dans quel horizon de temps et comment encadrer ces innovations.
Le grand départ, en janvier 2020, a nécessité un an de préparation. Pendant plusieurs mois, nous avons défini des critères pour choisir nos villes-étapes. Nous avons effectué un important travail de veille et étudié les projets innovants menés à travers le monde, afin de sélectionner les laboratoires les plus pertinents.
Nous avons ensuite cherché des partenaires financiers. Avec eux, nous avons pu explorer 7 villes labellisées “Smart”. Nous sommes restés presque 1 mois dans chacune d’entre elles pour étudier leurs réalités de terrain. Et ce, dans des espaces urbains très différents, évolutifs, changeants et confrontés à des risques climatiques et sanitaires, nouveaux. Sur place, accompagnés d’experts, nous avons étudié les mécanismes de réussite et d’échec de ces projets qualifiés “Smart”.
L’innovation et l’esprit d’entreprendre, puisque ce qui nous anime, c’est l’idée de rencontrer des acteurs innovants, en nous inscrivant nous-mêmes dans une dynamique entrepreneuriale, en montant un projet de A à Z.
La collaboration, car la Smart City induit de nouvelles manières de faire travailler ensemble entreprises, acteurs publics, universitaires et citoyens. Pour les deux étudiants que nous sommes, “collaborer” résonne aussi avec l’aventure humaine qu’est un voyage à deux, à travers le monde.
Le partage, car in fine ce qu’on voulait c’était publier un rapport qui soit le plus accessible possible. Aujourd’hui, nous avons le sentiment d’avoir fait un bel objet, fidèle à cet enjeu de partage.
Initialement, nous avions identifié 9 villes mais nous n’avons finalement pu en visiter que 7. Dans le contexte sanitaire traversé, c’est déjà un bel exploit ! Avec la crise du covid-19, nous avons dû couper notre itinéraire en deux étapes. A mi-parcours, confinement oblige, nous sommes rentrés en France. S’est alors posée la question de repartir ou de passer à autre chose… La détermination et la persévérance sont également des valeurs que nous avons découvertes à travers ce projet.
.
.
Un des grands enseignements de ce voyage, c’est qu’il n’y a qu’en se rendant sur le terrain qu’on peut étudier avec objectivité un projet. Souvent, nous avons constaté que les projets vitrines, faisant l’objet d’une communication soignée, ne sont pas les plus aboutis. Cela montre à quel point il est important de se confronter à la réalité des usages. En nous limitant à une veille en ligne, nous n’aurions pas été en mesure d’apporter de la nuance dans cette étude.
On ne voulait pas tomber dans les discours faciles qui consistent à faire l’apologie systématique de la Smart City, mais faire preuve de sens critique en explorant les réalités de terrain.
La Smart City, c’est un marché important pour les acteurs du secteur privé, c’est aussi un levier différenciant pour les villes. On peut vite tomber dans les discours faciles qui font une apologie systématique de la Smart City. Faire preuve de sens critique et prendre de la distance, c’était important pour nous.
Celle avec Claes Johannesson, le directeur de la stratégie Smart City de la ville de Stockholm. C’est une rencontre qui a profondément influé sur la trajectoire de notre étude. Selon lui, malgré son label, Stockholm n’est pas une Smart City mais une ville en phase d’apprentissage, qui expérimente des solutions à petite échelle, avec ses réussites et ses échecs. Sa lucidité face au concept et sa transparence vis-à-vis de l’approche nous a donné une nouvelle clef de lecture pour étudier le sujet.
“Voilà un rapport qui rend optimiste sur la nouvelle génération d’entrepreneurs et de décideurs.” Ce sont les mots flatteurs du philosophe Gaspard Koenig, que l’on peut retrouver en avant-propos de notre étude.
Se faire confiance et tenter. Une fois le projet lancé, les moments de doutes refont face. Alors, il faut faire preuve de persévérance. On doit se demander jusqu’où on a envie d’aller et à quel point on est sûrs, qu’au bout de l’aventure notre travail va porter ses fruits. Ce qui fait la différence, c’est notre détermination.
..