Elisa Haddad est Cheffe de projet Innovation Publique et Transition Écologique au sein de la Mairie de Noisy-le-Grand.

« En collectivité, on perçoit vite l’impact de nos missions. »

Elisa Haddad est Cheffe de projet Innovation Publique et Transition Écologique au sein de la Mairie de Noisy-le-Grand. Nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir ses missions et sa vision des enjeux liés à l’innovation publique.

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SES MISSIONS AU COEUR DU SECTEUR PUBLIC

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Votre parcours en quelques mots ?

Après des études en sciences politiques, je me suis spécialisée en politiques urbaines et gouvernance des territoires. Cela a été l’occasion de réaliser deux stages structurants qui m’ont orientée vers le poste que j’occupe aujourd’hui. J’ai d’abord eu l’occasion d’intégrer la direction de transformation de la région Ile-de-France puis de rejoindre le programme Smart City de la Banque des territoires. Ces deux expériences ont consolidé mon appétence pour les enjeux d’innovation publique.

Votre métier et le cœur de vos missions actuelles ?

Aujourd’hui je suis Cheffe de projet Innovation Publique et Transition Écologique au sein de la Mairie de Noisy-le-Grand. Il s’agit d’une transformation de poste. La particularité de ces nouveaux métiers, c’est qu’ils n’existent pas traditionnellement dans la fonction publique. Il n’y a pas de fiche de poste prédéfinie. Dès lors, nous devons les construire mais aussi les défendre. Nous devons trouver notre place sur un organigramme.

Ma mission, concrètement, c’est de comprendre les besoins des services et de proposer des manières novatrices d’y répondre. Au sein de notre collectivité, cela se traduit par l’expérimentation urbaine. Il s’agit de tests en condition réelle pour se projeter et rapidement voir si les solutions envisagées sont viables ou non. Parallèlement, mon rôle consiste à identifier des pistes de financement. Aujourd’hui je pilote une quinzaine d’expérimentations, toutes en lien avec des services métiers. 

Les compétences clefs ?

C’est beaucoup de relationnel et d’écoute pour collecter les bonnes informations, pour savoir où aller les chercher. Il s’agit également d’identifier les entreprises innovantes susceptibles de répondre à nos besoins. Il faut donc être curieux, participer aux évènements, avoir une posture de veille permanente et nourrir des liens dans l’écosystème de l’innovation publique.

Pourquoi le service public ?

Les collectivités territoriales, avec leur impact direct et concret sur la vie des citoyens, m’ont toujours beaucoup attirée. C’est sans doute pour cela que je m’interroge moins sur la finalité de mon travail, car je trouve profondément engageant de contribuer au développement et au bien-être de ses habitants.

Les grands défis de l’innovation publique ?

ID’abord il y a la question du cadre réglementaire et juridique. Notre première contrainte : voter nos budgets un an en avance. Cette projection n’est pas dans l’ADN de l’innovation publique. Un autre défi, c’est l’adoption de cette posture d’essai/erreur par les agents et par les élus. Parce que nous sommes tenus de délivrer un service public fonctionnel, c’est un choix qui peut être difficile à assumer. Aussi, il a le défi de l’attractivité des talents au sein de la fonction publique. L’innovation n’existe pas seule, elle est insufflée par les profils qui viennent la nourrir. Il y également un défi managérial qui consiste à faire confiance, à former et à accompagner les idées au sein des équipes. Enfin, il y a un défi financier. Dans le contexte actuel, il est difficile de défendre des solutions qui ne sont pas sécurisantes.

Quels leviers pour bâtir une ville durable ?

Dans le cadre de nos engagements et de nos projets, nous essayons de réinventer la ville sur la ville. Il s’agit d’imaginer un territoire en capacité de se reconstruire sur lui-même dans l’objectif de répondre aux enjeux de l’urbanisme durable. Cela suppose de travailler sur l’optimisation des infrastructures et des services existants.

Comment fédérer pour bâtir une capacité d’action locale ?

En créant des ponts entre les secteurs publics et privés. Les entreprises sont responsables de la création de valeur sur leur territoire. Cela rejoint le concept de responsabilité territoriale des entreprises qui met en lumière leur empreinte locale et leur capacité à prendre part au développement durable des villes. Aujourd’hui, nous observons le développement de nouvelles formes d’engagement participatif dans les actions de territoire. Dans un même temps, il existe une forme de consumérisme des usagers vis-à-vis des services publics. Pour créer une capacité d’action locale mobilisant les citoyens, je suis convaincue qu’il faut plus de temps libre et repenser l’utilité sociale du temps libre.

Un projet dont vous êtes fière ?

Le fait que notre commune ait été lauréate du programme d’expérimentation urbaine organisé par Paris&Co, la Métropole du Grand Paris, la Ville de Paris, la Banque des Territoires et Choose Paris Region a été un accélérateur considérable. Cela nous a permis de développer 8 expérimentations dont 5 ont été mises en œuvre. Grâce à cela, j’ai pu observer un changement de posture en interne face à l’innovation. Aujourd’hui les services expérimentent de manière autonome. Cela me rend particulièrement fière car notre rôle consiste surtout à faire en sorte que les agents s’autorisent à développer des initiatives. Je suis également fière d’un projet de hackathon que nous avons organisé à destination des jeunes pour les sensibiliser aux métiers et aux enjeux de l’Intelligence Artificielle. J’en suis très contente car nous avons eu de très bons retours de leur part mais aussi de la part de leurs parents. Depuis, ils se montrent demandeurs de nouveaux évènements sur le sujet.

Une ressource pour creuser le sujet ?

J’aime beaucoup écouter les podcasts de Blaast (économie, écologie…) et je suis abonnée au magazine Socialter. Leurs dossiers sont captivants.

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