Aujourd’hui nous allons à la rencontre de Natty Tran, Directrice adjointe des Hôpitaux de Saint-Denis et Gonesse (GHT Plaine de France). Dans cette interview, elle nous fait découvrir son métier et sa vision du secteur sanitaire, social et médico-social.
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Je viens de la Courneuve en Ile-de-France. Après mon bac, j’ai réalisé une classe préparatoire littéraire avant de m’orienter à la fac en double licence Droit et Histoire. J’étais passionnée d’Histoire mais je n’avais pas forcément envie d’enseigner. Évidemment, il y a de nombreuses autres possibilités mais à ce moment-là, je considérais le Droit comme la “caution sérieuse” de mon parcours universitaire.
Très intéressée par la puissance publique, j’ai décidé de réaliser une première année de master en droit public. Puis, au sein de l’université Paris-Dauphine, j’ai poursuivi avec un master 2 en management public réalisé en partenariat avec l’Institut national du service public (INSP ex-ENA). Au-delà du droit public, j’avais à cœur de contribuer aux politiques et à la gestion publique. Pour autant, quelle voie prendre pour accéder à des fonctions managériales dans le service public ? C’était un peu abscons pour moi ! Mon alternance au sein du Ministère de la Transition écologique m’a permis de clarifier mon projet.
Après mon diplôme, comme beaucoup de jeunes diplômés, je me suis posée la question des concours. Je me suis lancée en préparant pendant un an les concours de l’ENA/INSP à Sciences Po Grenoble. C’est un moment fort de mon parcours car très riche en savoirs et en découvertes.
Pour en avoir parlé autour de moi, préparer les concours, c’est un accélérateur d’apprentissages qui enrichit considérablement son parcours. A l’issue de cette année de prépa, j’ai passé plusieurs concours et j’ai obtenu celui de directeur d’établissement sanitaire, social et médico-social (D3S).
Préparer les concours, c’est un accélérateur d’apprentissages qui enrichit considérablement son parcours.
Les deux années qui ont suivi, à Rennes, j’ai eu l’occasion d’explorer les politiques publiques liées à la petite enfance, aux handicaps mais aussi de faire un stage long au sein de l’hôpital de Nanterre dont je me suis beaucoup imprégnée de l’engagement en matière de médecine sociale. J’ai compris que ce qui m’intéressait c’était de favoriser l’accès aux soins pour tous en adaptant l’offre et en développant des actions de prévention.
Aujourd’hui, je suis directrice adjointe du groupement hospitalier du territoire Plaine de France qui regroupe les hôpitaux de Saint-Denis et Gonesse en Ile-de-France.
C’est important pour moi de travailler sur le territoire où j’ai grandi et au sein d’un collectif de professionnels engagés pour l’accès au soin pour tous.
75% de la patientèle de cet établissement est issue de territoires marqués par une grande précarité socio-économique. C’est important pour moi de travailler sur ce territoire où j’ai grandi, au sein d’un collectif de professionnels engagés pour l’accès au soin pour tous.
Dans le cadre de mes missions, je suis chargée de la gestion de l’hôpital Casanova, un deuxième site rattaché à l’hôpital Saint-Denis. J’assure la gestion de proximité de l’hôpital, c’est-à-dire la coordination de toutes les briques qui permettent à l’établissement de fonctionner : finances, ressources humaines, achats, logistique, relations usagers etc. Mon métier consiste à développer la qualité de la prise en charge des patients et la qualité de vie au travail des professionnels.
Mon métier consiste à développer la qualité de la prise en charge des patients et la qualité de vie au travail des professionnels.
Je suis également référente de l’offre et des parcours liés aux personnes âgées à l’hôpital. Il s’agit de mettre en place un parcours de soins à l’hôpital, dans des établissements intermédiaires et à domicile, adapté aux besoins des personnes âgées.
Dans mes missions, les enjeux de modernisation de l’hôpital me passionnent. L’hôpital Casanova est en pleine mutation. Nous lançons actuellement une démarche de concertation pour réfléchir au futur de l’établissement, à l’avenir des projets médicaux qui y sont menés et aux projets de rénovations en lien avec le réaménagement du centre-ville. C’est très stimulant de réfléchir à la manière dont l’hôpital s’implante et interagit avec le territoire et son écosystème.
Aider les services et les professionnels de santé à faire avancer leurs projets, c’est ce qui me porte le plus dans mon travail.
Ce qui me motive aussi beaucoup c’est d’aider les services et les professionnels de santé à faire avancer leurs projets de coordination médico-soignante. Pour cela, mon rôle consiste à débloquer des fonds et à négocier. Et ce, dans un contexte d’appels à projets concurrentiel. Voir la satisfaction des services quand leurs projets avancent, je crois que c’est ce qui me porte le plus dans mon travail.
Ce qui est compliqué, c’est de mobiliser du temps. Le cœur de métier des soignants, c’est de prendre soin. Les journées ne sont pas extensibles et, de fait, le temps accordé aux projets est assez faible. Je me questionne beaucoup sur les moments qui seraient les plus opportuns pour mobiliser les professionnels sans surcharger leur temps de travail. Dans le cadre de mes missions également, j’essaie de garder de la disponibilité d’esprit et du temps pour regarder et m’imprégner des démarches d’innovation publique.
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En premier lieu, il faut une bonne capacité de négociation. Aussi, il faut se faire confiance. Faire valoir son point de vue et défendre ses idées à l’oral peut faire peur. Mais cela ne doit pas être un frein car l’expérience professionnelle permet de gagner chaque jour un peu plus en confiance. Être confortable à l’oral ce n’est pas un prérequis, ça s’apprend.
La force de l’hôpital, c’est le collectif.
Enfin, il faut savoir s’entourer. La force de l’hôpital, c’est le collectif. En cas de question ou de doute, il y a toujours un collègue sur lequel nous pouvons nous appuyer.
L’un de nos grands défis, c’est l’attractivité de nos métiers. Je pense que pour attirer les candidats nous devons améliorer les conditions d’accueil des professionnels. L’hôpital public doit s’interroger sur son patrimoine bâti. Nous devons faire en sorte que nos professionnels se sentent bien dans leur environnement de travail. Nous devons développer des espaces et des évènements conviviaux et fédérateurs. A titre d’exemple, nous portons actuellement un projet visant à développer des actions culturelles à l’hôpital.
Je suis fière de l’offre que nous développons actuellement pour répondre aux attentes des personnes âgées. Je pense, par exemple, au virage qui consiste à favoriser le maintien à domicile des personnes âgées, en adaptant les parcours de soin. Nous accompagnons également la création de lieux tels que les “Ehpads hors les murs” qui ont vocation à proposer un panel de services à domicile, proche de celui proposé en maisons de retraites (Ehpad). Enfin, je pense à l’ouverture d’une unité de psychiatrie du sujet âgé permettant d’offrir une offre psychiatrique adaptée aux troubles et aux affections liées à l’âge ou au projet d’ouverture de l’unité d’hébergement renforcée (UHR).
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Un article réalisé en partenariat avec la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités du Val D’Oise (DDETS 95) et le Conseil départemental du Val d’Oise.
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