« La richesse des trajectoires publiques est sans égal. »

Aujourd’hui, nous allons à la rencontre de Fabien Grange, responsable du pôle recrutement au sein de l’Académie de Dijon. Dans cet échange, il revient sur son parcours, son passage du secteur privé au service public, et ce qui le motive au quotidien : valoriser les équipes et les valeurs du service public en soignant la marque employeur de l’institution.

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Les voies multiples du service public

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Les grandes lignes de votre parcours ?

J’ai débuté ma carrière dans le secteur privé, dans le domaine de la grande distribution. J’y ai rapidement évolué sur plusieurs fonctions commerciales mais avec le temps, je ne me sentais plus en phase avec cet environnement. C’est un concours de circonstances qui a tout changé : mon épouse a réussi un concours de la fonction publique. Depuis quelque temps déjà, l’idée de travailler au service de l’intérêt général me trottait en tête. Sa mobilité a été un déclencheur. J’ai donc passé un concours de catégorie B, et en 2003, j’ai intégré le ministère de l’Équipement comme chargé des risques professionnels.

Par la suite, j’ai rejoint la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) à Lyon, pour travailler sur les enjeux de sécurité civile et de gestion des risques technologiques. Un terrain stimulant, avec des défis concrets et passionnants. Souhaitant élargir mes compétences, j’ai intégré l’IRA de Lyon. Une année dense, formatrice, régénérante. À l’issue de cette formation, j’ai pris la responsabilité de la mission communication à la DREAL Bourgogne-Franche-Comté. Sept années plus tard, j’ai opéré une mobilité vers les ressources humaines, au sein de la préfecture de région. J’y ai d’abord exercé comme conseiller mobilité-carrière, puis comme adjoint à la directrice de la plateforme d’appui interministériel RH. Nous étions alors en pleine mise en œuvre de la loi de transformation de la fonction publique. Une période intense, riche en collaborations interministérielles, en travail en réseau et en transversalité.

Depuis deux ans, je suis responsable du pôle recrutement au sein de l’Académie de Dijon.

Pourquoi le service public ?

Mon parcours en est la preuve : la fonction publique offre des opportunités uniques pour évoluer, découvrir de nouveaux métiers et s’immerger dans des environnements de travail très variés : académies, ministères, collectivités… Peu de secteurs offrent une telle richesse de trajectoires professionnelles. La diversité y est la norme, pas l’exception.

Quel est le cœur de vos missions aujourd’hui ?

Mes missions, à la croisée de la communication et des ressources humaines, répondent à des enjeux RH majeurs : professionnaliser nos recruteurs, accompagner les services RH dans le recrutement d’enseignants contractuels, déployer notre marque employeur, ou encore valoriser les parcours de nos agents publics.

Ce qui me motive particulièrement, c’est d’encourager nos agents à prendre la parole sur leur métier, sur ce qu’ils font concrètement au quotidien. Il y a souvent beaucoup de retenue, presque de pudeur. Et pourtant, montrer les coulisses de nos institutions est essentiel. Il n’y a pas de meilleure manière de valoriser nos métiers que de les raconter avec sincérité et engagement. Nous devons apprendre à incarner davantage ces récits.

Les défis de l’Académie de Dijon en matière d’attractivité RH ?

Comme beaucoup d’Académies, nous faisons face à une crise d’attractivité : les inscriptions aux concours diminuent, et notre principal défi reste le recrutement de professeurs. Transmettre le savoir, éveiller les consciences, former les citoyens de demain, c’est une mission à la fois noble et essentielle.

Mais aujourd’hui, les fonctions publiques sont en concurrence. Cette réalité nous pousse à nous réinventer : à moderniser notre image, à faire évoluer nos pratiques, à professionnaliser nos recruteurs pour qu’ils soient en phase avec les attentes actuelles des candidats et les nouveaux enjeux du recrutement public.

La palette des métiers au sein de votre institution ?

On pense souvent, à tort, que l’Éducation nationale ne recrute que des professeurs. En réalité, les académies offrent une grande variété de métiers qui répondent à des profils et des aspirations très différentes.

Au-delà de l’enseignement, on y trouve des métiers dans les ressources humaines, la communication, la tech avec des développeurs qui créent des applications à rayonnement national, tous les métiers de la vie scolaire, les finances, la gestion ou encore le pilotage des politiques éducatives. Il y a des postes techniques, des fonctions support, des missions de conseil, des postes de terrain ou stratégiques. Chaque parcours peut y trouver sa place. 

Ce sont ces métiers essentiels qui font vivre l’École au quotidien. Rejoindre une académie, ce n’est pas seulement “travailler dans l’Éducation nationale”, c’est participer à une mission d’intérêt général à travers des voies multiples. Et c’est aussi ça, la richesse du service public.

Quels leviers activer pour renforcer votre marque employeur ?

Sans occulter nos freins, nous avons de réels atouts à mettre en avant, notamment en matière d’équilibre des temps de vie et de conditions de travail. C’est un volet que les candidats regardent de plus en plus, et à juste titre. Sur ces sujets, la fonction publique a une carte à jouer.

Je reste également convaincu que la parole de nos agents est notre meilleure vitrine. Le témoignage, l’incarnation, le partage d’expériences concrètes permettent de rendre nos métiers plus visibles, plus accessibles, plus humains. Ce sont ces récits qui donnent envie de rejoindre nos équipes.

Mais il ne suffit plus d’attendre que les candidats viennent à nous. Il faut aller à leur rencontre, sur leur terrain : dans les établissements de formation, lors des forums, dans les écoles, au cœur des territoires. Il faut susciter l’intérêt, créer des vocations, déconstruire les idées reçues. 

Récemment, nous avons accueilli 18 stagiaires de seconde. Beaucoup découvraient l’étendue des métiers présents dans une académie. Leur étonnement en dit long sur le manque de visibilité de nos missions… mais aussi sur l’effet que peut produire une simple immersion. C’est une piste à creuser : faire découvrir, de l’intérieur, la richesse de notre quotidien.

Des projets/initiatives RH qui vous inspirent ?

Il existe des initiatives particulièrement inspirantes. Je pense notamment à plusieurs collectivités du Nord qui ont su structurer une véritable communauté d’agents ambassadeurs. C’est une dynamique qui donne envie : ces agents portent la voix de leurs métiers, partagent leur quotidien, créent du lien avec l’extérieur.

C’est une piste sur laquelle nous commençons à travailler, mais que j’aimerais vraiment développer davantage. Donner la parole à celles et ceux qui font vivre nos services au quotidien, c’est un levier puissant pour valoriser nos métiers et renforcer l’attractivité de nos institutions.

Dans ce métier, il est essentiel de rester curieux, à l’écoute de ce qui se fait ailleurs, attentif aux initiatives innovantes qui permettent de réinventer nos modes de faire.