Jacqueline DONAZ est directrice générale adjointe Ressources au sein de Grenoble-Alpes Métropole. Nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir son parcours, sa vision du service public et ses défis professionnels.
.
.
J’ai toujours travaillé en collectivité locale. J’ai exercé différents postes de direction au sein d’organisations variées. Le fil rouge de mon parcours s’est articulé autour des enjeux d’organisation interne. En effet, j’ai souvent intégré des structures locales en cours de création avec de forts enjeux de structuration. Une aventure marquante a été la création de la commune nouvelle d’Annecy. Initialement, ce sont les territoires ruraux et les petites communautés de communes qui se saisissent de ce dispositif. Fusionner 6 communes pour former la commune nouvelle d’Annecy composée de 130 000 habitants était un défi inédit.
Je tire mon énergie de la volonté de ne perdre aucun agent en route.
Dans ce contexte, j’ai piloté un groupe de travail pour inventer de nouvelles formes de proximité sur ce bassin de vie. Ce travail a donné lieu à deux textes fondateurs : un pacte de gouvernance et un contrat de service public définissant nos aspirations communes en matière de politiques sociales, culturelles, éducatives… Ce n’est pas rien de fédérer des élus et des cadres dirigeants très différents autour d’un contrat politique commun et de fusionner 3000 agents.. Accompagner les services dans le cadre de cette fusion a été une mission passionnante pour moi. Je tire mon énergie de la volonté de ne perdre aucun agent en route.
Depuis trois ans, je suis directrice générale adjointe Ressources au sein de Grenoble-Alpes Métropole. C’est la variété des ressources (humaines, financières, juridiques, logistiques…) qui m’a poussée à rejoindre ce poste. Le travail de DGA ressources est beaucoup basé sur l’humain et le dialogue social. En interne, nous sommes une sorte de chef d’orchestre qui doit faire fonctionner la machine. Nous sommes au cœur du réacteur.
Mon métier consiste à mettre de l’huile dans les rouages pour faire fonctionner la machine.
Nous portons les bonnes et les mauvaises nouvelles, assumons les crédits budgétaires, faisons en sorte de fédérer un collectif et de rendre notre organisation attractive d’un point de vue RH. Il s’agit également de faire le lien avec les services et avec la direction générale, en veillant à ne pas être bloquante et à mettre de l’huile dans les rouages.
.
.
J’ai le sentiment d’avoir ça dans mes gènes. J’ai fait des études de droit avec l’envie de m’engager dans le service public. Après avoir été attachée parlementaire auprès d’un élu, je suis entrée dans le service public local et je ne l’ai plus jamais quitté. Les opportunités professionnelles qui se sont ouvertes à moi ont confirmé mon besoin de réaliser un métier porteur de sens. Je me sens utile de travailler pour le territoire sur lequel je vis.
Je suis convaincue que nous devons réinventer la fonction RH dans le secteur public. Nous devons nous inspirer des tendances qui émergent dans le secteur privé pour renouveler nos pratiques, fidéliser nos agents et séduire de nouveaux candidats.
Je suis convaincue que nous devons réinventer la fonction RH dans le secteur public.
En revanche, il ne faut pas perdre de vue le fait que le secteur public présente des spécificités hiérarchiques et organisationnelles qui nous imposent de nous adapter à ce contexte très normé. Impulser un nouveau modèle managérial nécessite plus de temps pour manager et pour améliorer les relations internes. Un temps précieux dont nous ne disposons pas toujours. La structure est parfois contraignante mais elle n’empêche pas d’être force de proposition. Je reste profondément animée par le fait de faire bouger les gens et de leur permettre de s’épanouir professionnellement.
Le service public fonctionne avec beaucoup de mails. Plus les institutions sont grandes, plus les relations internes s’articulent autour du mail. Je suis convaincue que nous devons impulser de nouvelles manières de travailler ensemble.
Moins de mails c’est libérer du temps pour permettre aux managers de manager.
Moins de mails c’est libérer du temps pour permettre aux managers de manager. Notre rôle est parfois de signer des parapheurs mais il doit surtout être celui de mettre les agents publics en mouvement. Aujourd’hui, il est clair que nous vivons une période de transformation numérique et culturelle très importante où tout évolue très vite. Nous devons avoir plus de temps pour former et accompagner nos agents aux métiers de demain, c’est fondamental.
.
.
Il y a une phrase d’Albert Camus qui parle du charme qui me suit depuis longtemps : “Le charme c’est une manière de s’entendre répondre “oui” sans avoir posé aucune question claire.” Je ne sais pas si, en tant que directrice générale adjointe Ressources, nous devons être dans le charme mais en tout cas nous devons mobiliser des agents et fédérer un collectif. Notre mission est au cœur de la relation humaine. La confiance est un défi central.
Actuellement je lis beaucoup de contenu autour de la question de l’information. Le livre de de Bruno Patino, président d’Arte France “La civilisation du poisson rouge” m’a marquée. C’est un livre qui questionne dans notre société articulée autour des écrans et soumise aux alertes permanentes.
Grandir avec les autres et faire grandir les autres. Dans le monde professionnel comme dans la vie privée, il faut douter et savoir se remettre en question pour avancer. Il faut accepter de se tromper et savoir écouter les remarques pour progresser.