
Cap sur le parcours de Céline Anfossi, enseignante et fondatrice de Caouanne, structure dédiée aux bilans de compétences et aux accompagnements de carrière, individuels et sur-mesure. Dans cet échange, elle partage avec nous ses convictions, ses expériences de collaboration avec la fonction publique, et son regard éclairé sur les enjeux d’épanouissement au travail.
.
.
J’ai débuté ma carrière dans le secteur du livre, un univers riche de rencontres et de projets collectifs. Très vite, j’ai pris goût à la mise en réseau des professionnels pour concevoir des outils et faire émerger des initiatives communes. C’est cette dimension humaine et collaborative qui m’a naturellement orientée vers l’accompagnement. J’ai ainsi accompagné des femmes en reconversion vers les métiers du numérique, avec un focus sur le retour à l’emploi et la formation. Par la suite, j’ai travaillé quatre ans au sein d’une Université, où j’ai aidé des étudiants à trouver leur voie professionnelle et à décrocher un contrat en alternance. Forte de ces expériences, j’ai choisi de créer ma propre entreprise, avec une spécialisation dans le bilan de compétences pour permettre à chacun de mieux se connaître et d’avancer sereinement dans son parcours.
Aujourd’hui, j’ai plusieurs casquettes professionnelles, toutes centrées sur l’accompagnement et l’évolution professionnelle. Je suis spécialisée dans le bilan de compétences, un cadre que j’offre à des personnes, en emploi ou non, pour faire le point sur leur parcours, leurs envies et leurs perspectives. Les profils que j’accompagne sont très variés : certaines personnes cherchent à redonner du sens à leur travail, d’autres souhaitent se reconstruire après un burnout, ou encore affiner leur positionnement pour mieux saisir les opportunités qui leur correspondent. En parallèle, j’interviens sur des missions en ressources humaines. J’ai mené dernièrement un projet de recrutement pour beta.gouv, le réseau des startups d’État, où j’apporte mon expertise pour identifier et attirer les bons profils. Enfin, je suis également enseignante à l’Université d’Aix-Marseille, où j’anime des cours et ateliers autour de l’orientation et de l’insertion professionnelle.
Lorsqu’il s’agit d’étudiants, mon premier rôle est de les rassurer. L’orientation et la quête d’une voie professionnelle représentent une étape de vie aussi décisive que stressante. Il est essentiel de lever la pression pour leur permettre d’avancer plus sereinement. Pour les actifs en reconversion, je propose une approche différente. Plutôt que de se focaliser d’emblée sur la question vertigineuse du « Que vais-je faire ? », je les invite à explorer des pistes plus concrètes : pour qui aimeraient-ils travailler ? Dans quel type de structure ? À quel rythme, et dans quelle zone géographique ? Cette première introspection ouvre ensuite sur une analyse de leurs compétences : qu’est-ce qu’ils aiment faire ? Qu’est-ce qu’ils savent faire ? Et surtout, qu’est-ce qu’ils ne veulent plus faire ? Ces éléments constituent la base sur laquelle bâtir un projet professionnel réaliste et motivant.
Je recommande aussi un exercice simple et très utile lorsqu’une orientation commence à se dessiner : identifier une dizaine d’offres d’emploi en lien avec le métier ou le secteur ciblé, puis surligner ce qui attire ou, au contraire, ce qui rebute. Nature des missions, environnement, conditions de travail, rémunération… Cet exercice permet de repérer les critères vraiment importants, d’affiner ses priorités et de gagner en efficacité dans sa recherche.
Vous cherchez un nouveau poste et ne savez pas par où commencer ? Le livret de Céline vous guide pas à pas. Deux exercices concrets pour mieux cerner vos envies et viser juste dans vos candidatures.
Définir et clarifier son projet professionnel
Je repense à une mission de recrutement récemment menée pour deux postes contractuels dans la fonction publique, sur des métiers du numérique particulièrement en tension. J’ai réussi à identifier et à convaincre deux profils très qualifiés. Mais comme c’est souvent le cas dans le secteur public, les délais de recrutement se sont révélés longs, plusieurs semaines, voire plusieurs mois, sans que je puisse leur donner d’indications claires sur la rémunération ou la date de prise de poste. Dans ce contexte d’incertitude, j’ai fait le choix de la transparence et de la pédagogie. J’ai pris le temps de leur expliquer les étapes, les délais, les contraintes, en répondant à toutes leurs questions avec le plus de clarté possible. L’objectif : maintenir leur motivation et leur confiance jusqu’au bout. Et cela a porté ses fruits. Ces deux personnes sont aujourd’hui en poste et je suis convaincue que nous aurions tous été perdants si nous les avions laissées filer. Cela montre à quel point un accompagnement humain et honnête peut faire la différence. Cela rappelle aussi, en creux, que les institutions ont encore des leviers à activer pour améliorer la lisibilité et l’attractivité de leurs processus de recrutement.
J’y ai rencontré des personnes engagées et animées par une profonde volonté de bien faire. Dans le service public, la notion d’utilité irrigue les pratiques au quotidien. Ce qui motive ces professionnels, c’est avant tout le fait que leur travail bénéficie à des étudiants, des citoyens et des usagers. Chaque décision, chaque projet, chaque interaction est guidée par cette ambition : avoir un impact concret et positif dans la vie des autres. C’est cette dimension humaine et collective qui rend le service public si singulier.
Il reste encore beaucoup à faire pour valoriser la marque employeur des institutions publiques. Aujourd’hui, les candidats manquent souvent d’informations claires et inspirantes sur la richesse des parcours possibles dans la fonction publique.
Je me souviens d’une collègue à l’Université qui avait commencé au service scolarité, avant de rejoindre le service financier, puis d’évoluer vers un poste en ressources humaines. Cette mobilité interne, cette diversité de fonctions au sein d’une même institution, est un véritable atout… mais qui reste largement méconnu. À l’inverse, l’image dominante reste celle d’une carrière figée, sur un seul poste, pendant toute une vie. Il est temps de faire évoluer cette perception. Cela passe notamment par des offres d’emploi plus attractives et plus lisibles. Il est essentiel d’y décrire le contexte, les projets de l’équipe, le style de management ou encore les possibilités d’évolution.
Enfin, les procédures de recrutement doivent être repensées. Les délais sont souvent trop longs et l’absence de retour ou de lisibilité sur les étapes décourage beaucoup de candidats en cours de route. C’est dommage, car nombre d’entre eux sont sensibles aux valeurs du service public, mais se démobilisent face à un processus trop lent.
J’ai à cœur d’accompagner les administrations publiques sur des enjeux clés tels que le bilan de compétences, l’évolution professionnelle, la mobilité ou encore l’attractivité des métiers. En parallèle, je poursuis mon engagement auprès des personnes en quête de mieux-être au travail, avec une approche personnalisée de la réussite professionnelle. Je suis profondément attachée à l’idée qu’il n’existe pas une seule manière d’être ambitieux ou de réussir sa vie professionnelle. Ce qui compte, c’est de trouver ses propres repères, ses propres critères, ceux qui font sens pour soi. Mon plus grand souhait est de continuer à voir ces personnes évoluer, s’épanouir, prendre confiance.