Céline Zatorsky, est chargée de mission innovation publique au sein du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté. Elle est également formatrice au sein du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir son parcours et sa vision du secteur public.

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SON PARCOURS ET SES ENGAGEMENTS

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🔎 Les grandes lignes de votre parcours ?

La valeur fondamentale qui a toujours aiguillé mes choix professionnels, c’est la coopération. 

J’ai débuté ma carrière au sein de la fondation d’entreprise VINCI avec pour objectif de faire travailler les structures d’insertion sociale et professionnelle avec les entreprises du groupe. J’ai ensuite travaillé pour un plan local pour l’insertion et l’emploi avec là-aussi un enjeu de coopération entre les territoires et les organisations. Après quoi, j’ai fait le choix de rejoindre le service public. J’ai rejoint le Conseil Régional Bourgogne Franche Comté pour développer les politiques urbaines en soutenant les logiques d’expérimentations et de co-construction avec les citoyens. 

Depuis plus de 10 ans, je suis également formatrice pour le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). C’est très riche de voir comment des problématiques telles que l’intégration et l’évolution professionnelle des nouveaux collaborateurs sont vécues dans d’autres organisations publiques que la mienne.

🔑 Un moment clé ?

Ma rencontre avec  la 27ème Région spécialisée dans la  transformation publique lors de l’opération ”Villages du futur” en 2011 en Région Bourgogne. Cette expérimentation visait à renouveler la politique de  la ruralité en s’appuyant sur les acteurs de terrain avec des méthodes participatives et liées au design de service. J’ai découvert à travers leur intervention, une nouvelle manière de travailler avec les agents publics en prenant du recul sur nos hypothèses, en testant de nouvelles idées et en étant sur le terrain. Et tout ça, dans un esprit créatif et joyeux !

👉 Un projet marquant  ?

A la même période, je suis devenue formatrice pour le projet “talents campus” qui s’appuyait sur des méthodes pédagogiques innovantes pour faire émerger les talents des individus. Cette expérience m’a permis de me former et de tester de nombreuses méthodes : communication non-violente, théâtre forum, outils ludiques ! Méthodes que j’aspirais à transférer dans mes pratiques au conseil régional… Fin 2016, les agents proposent la création d’un laboratoire d’innovation publique et de coopération. En 2017, le labo est créé avec l’ambition d’offrir à nos collaborateurs le cadre de travail et les outils leur permettant de travailler ensemble, en étant à l’écoute des usagers. 

Il s’agit d’un Laboratoire d’innovation et de coopération.  Il vise à permettre aux agents de se sentir légitimes et en confiance au sein de la collectivité pour expérimenter de nouvelles façons de travailler.

Je suis particulièrement attachée à la notion de coopération car à mon sens, il s’agit d’un laboratoire d’innovation et de coopération. Pour moi, il vise à permettre aux agents de se sentir légitimes et en confiance au sein de la collectivité pour expérimenter de nouvelles façons de travailler.

⚡️ Les principales difficultés rencontrées  ?

Dans l’imaginaire collectif, quand on parle d’intelligence collective, on pense au post-it… C’est très réducteur ! Au lancement du labo, nous avons été soutenus par notre direction générale des services. 

Dans l’imaginaire collectif, quand on parle d’intelligence collective, on pense au post-it…

Pour autant, il fallait convaincre plus largement au sein de la collectivité et trouver de nouveaux alliés. Nous avons lancé un avis de recherche sur notre intranet : “Que ceux et celles qui veulent faire différemment nous rejoignent !” Depuis 5 ans, nous avons développé un réseau de 25 facilitatrices et facilitateurs disséminés au sein de nos directions. Notre challenge c’est d’infuser une culture de la transversalité, du collectif et d’embarquer peu à peu l’ensemble des agents, toutes catégories confondues.

👉 Le cœur de vos missions actuelles ?

Aujourd’hui, je suis chargée de mission innovation publique au sein du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté. Mon équipe est rattachée à la direction générale des services, à travers la création de la délégation à la modernisation à l’action publique dont dépend le labo. Nous accompagnons les directions dans leurs démarches de transformation publique. Au-delà des 8 personnes qui constituent notre équipe, nous collaborons avec un groupe d’agents issus de différentes directions qui consacrent une petite partie de leur temps aux travaux du labo.

Au-delà du conseil régional de Bourgogne Franche Comté, nous sommes en lien avec d’autres collectivités et en partenariat avec le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) et le SGAR. Les agents du Labo contribuent à l’organisation de l’Université de l’innovation publique et y rencontrent d’autres innovateurs publics. Ensemble, nous avons lancé le mouvement des “pionnier.es de l’innovation publique” qui regroupe des agents publics qui ont un désir de travailler autrement.

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SA VISION DU SERVICE PUBLIC

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💚 Vos valeurs phares ?

L’entraide, la coopération et l’intérêt général. Nous misons sur l’expérimentation, le plaisir et sur le “changement par le frottement” : pour produire des solutions nouvelles, il faut se frotter à des gens qui ne pensent pas comme nous.

Pour produire des solutions nouvelles, il faut se frotter à des gens qui ne pensent pas comme nous.

Nous sommes bien sûr guidés par les valeurs de service public et d’intérêt général. Notre travail consiste à travailler avec les usagers et les porteurs de projets pour en faire des partenaires.

☁️ Un projet dont vous êtes fière ?

Je suis très fière du mouvement des “pionnier.es de l’innovation publique”. Nous avons signé une entente partenariale entre la Région, le CNFPT et les services de l’Etat, qui crée un cadre institutionnel permettant de légitimer cette dynamique d’innovateurs. Ce cadre permet d’organiser des formations inter-fonction publique et d’animer le mois de l’innovation publique. 

Nous avons également lancé le dispositif des “brigades de l’innovation publique”, un réseau d’agents formés à l’innovation publique qui peuvent être amenés à intervenir dans d’autres institutions pour accompagner des projets. L’enjeu c’est de développer des coopérations inter-organisations publiques et d’impulser un transfert de compétences d’agents publics vers d’autres agents publics. Ce groupe grandit et propose de nouvelles façons de faire pour transformer nos pratiques d’agents publics.

🎯 Ce qui vous motive le plus dans votre job ?

Le collectif ! Je suis convaincue que nous pouvons tous être acteurs de l’innovation publique. J’ai l’intime conviction que les citoyens peuvent également être acteurs du changement pour faire face aux défis écologiques et sociaux. 

Pour faire émerger nos talents, il nous faut des espaces, des outils et des gens qui nous font confiance. 

Nous sommes tous remplis de talents. Pour les faire émerger, il nous faut des espaces, des outils et des gens qui nous font confiance.

⚡️ Comment impulser une dynamique d’innovation ?

Je suis convaincue que le plaisir et le désir doivent être moteur dans la conception des politiques publiques.

Le plaisir et le désir doivent être moteurs dans la conception des politiques publiques.

Il y a le plaisir de monter en compétence, celui d’être utile ou encore de se sentir appartenir à un collectif. Je parle également de désir car je suis convaincue que c’est parce qu’on construira d’autres récits, plus désirables, que l’on pourra relever les grands défis de nos sociétés. Nous avons besoin d’adhérer à de nouveaux récits.

💥 Les grands défis de l’innovation publique ?

Les transitions écologique et sociale, évidemment. Les mutations du monde du travail également, avec l’orientation des jeunes et la question de la formation tout au long de la vie. Les enjeux de coopération sont au coeur du système. On ne réussira que si l’on agit ensemble : entre agents, entre organisations, avec les porteurs de projets et avec les usagers. Et on ne réussira que si l’on change de posture et de modes de gouvernance. Aujourd’hui, il y a trop d’actions que l’on s’interdit de mener parce que l’on ne se sent pas assez légitime. Alors, osons !

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SES CONSEILS

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💫 Un mantra ?

“Au pire ça marche !” et “Un défi se gagne avec ses alliés.”

☁️ Un projet qui vous inspire ?

Les engagements et les projets de la communauté d’entrepreneurs Makesense m’inspirent. Je me retrouve dans leur discours, dans leur posture et je partage leurs valeurs : la solidarité, l’action collective et la préservation des biens communs. Et leur désir d’un monde où l’imagination, la collaboration et la joie permettraient de trouver collectivement les ressources pour faire face aux crises et écrire un nouvel avenir. Je suis également assez séduite par l’éclosion des tiers-lieux, ces communautés locales qui inventent des services et des modes de gouvernance. 

Les arts et le spectacle vivant peuvent nourrir nos pratiques pour créer de nouveaux récits et partager de l’émotion.

Et je dois dire que j’ai un faible pour les tiers-lieux culturels et artistiques. Je suis convaincue que les arts et le spectacle vivant peuvent nourrir nos pratiques pour créer de nouveaux récits et partager de l’émotion.

✉️ Un message à faire passer ?

“Au pire ça marche !” et “Un défi se gagne avec ses alliés.”