Cornelia Findeisen

« Le secteur public n’a pas à rougir de ses capacités d’innovation par rapport au privé. »

Cornelia Findeisen est Directrice générale adjointe Attractivité et Aménagement du Territoire au sein de la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole. Nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir son parcours et sa vision du secteur public.

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SON PARCOURS AU COEUR DU SECTEUR PUBLIC

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🔑 Les moments clefs de votre parcours ? 

En un mot : le changement. J’ai souvent changé de job et de secteur durant ma carrière. Certains me nomment la « routarde des territoires » car même au sein du secteur public, j’ai changé plusieurs fois de ministères, de collectivités…  J’ai aussi changé de portefeuille : des relations internationales vers les stratégies de territoire, en passant par le social, le développement durable…Aujourd’hui, je suis en charge de l’attractivité du territoire, au sens large : cela comprend le développement économique et agricole, le tourisme, l’enseignement supérieur, les grands projets et l’innovation, qu’elle soit publique ou celle portée par l’ensemble des acteurs  du territoire. 

J’aime la découverte, l’exploration avec comme  fil rouge : l’innovation et la conduite du changement.. 

🔎 Le cœur de vos missions actuelles ? 

Je suis directrice générale adjointe de l’Attractivité et de l’Aménagement du territoire au sein de la communauté urbaine du Havre. 

J’ai sous ma responsabilité 4 directions  : celle du développement économique et agricole ; celle de l’attractivité, qui comprend le tourisme, la valorisation du patrimoine, l’enseignement supérieur et les missions d’appui à l’innovation ; celle des grands projets et de la maîtrise d’ouvrage et celle dédiée au programme « Le Havre, Ville portuaire intelligente ! », qui a été lauréat du du PIA3 – TIGA (Programme des investissements d’avenir de l’Etat – Territoires d’Innovation de Grande Ambition). 

⚡️ Ce qui vous motive le plus dans votre job ? 

Le changement en lui-même me plaît beaucoup. On est régulièrement en train d’explorer et d’inventer de nouveaux horizons. Nous avons la chance au Havre de pouvoir développer des projets souvent inédits et ambitieux, dans une dynamique qui permet de fédérer un grand nombre d’acteurs. C’est justement dans  le collectif que je puise  mon bonheur au travail. Je me suis toujours définie comme un  « animal de meute » ou « de troupeau » …. Je trouve ça extrêmement stimulant d’avancer concrètement et pragmatiquement en équipe.  

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SA VISION DU SERVICE PUBLIC

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 👉 Pourquoi le service public ?

Je n’ai pas choisi le secteur public, j’ai commencé ma carrière dans le privé et j’y étais bien. Le secteur public s’est plutôt présenté comme une opportunité et j’avais le goût de la découverte.

Je n’ai pas de dogme sur le fait de devoir être dans le privé ou le public, on peut faire des choses à impact partout. L’intérêt général n’est pas uniquement porté par les acteurs publics, je vois de plus en plus d’acteurs associatifs et même des entreprises, notamment des startups, qui inscrivent leur action dans une recherche de valorisation du bien commun et dans l’invention de modèles économiques vertueux. A l’inverse, dans les services publics, on peut être parfaitement agile, créatif, performant, avoir de l’engagement et de l’efficacité. Nous n’avons pas à rougir de nos capacités d’innovation par rapport aux entreprises privées. On est capables de faire des choses que beaucoup s’interdisent dans le secteur privé, de peur de trop chambouler l’ordre établi.

Dans les services publics, on peut être parfaitement agile, créatif, performant, avoir de l’engagement et de l’efficacité. Nous n’avons pas à rougir de nos capacités d’innovation par rapport aux entreprises privées.

▶️ Comment impulser une dynamique de changement ?

Ma recette des « petits miracles » est de mettre en place des démarches d’intrapreneuriat. C’est-à-dire de mettre en place à petite échelle mais de façon très concrète, des projets en mode agile, en s’appuyant sur la méthodologie du “lean startup”.

Ma recette des « petits miracles » est de mettre en place des démarches d’intrapreneuriat. 

Notre incubateur interne nous permet de créer des projets innovants en créant de facto des petites pyramides de management libéré. Quand on a des équipes autonomes et qu’on les laisse intraprendre avec une  approche agile, on peut avoir une dynamique de changement qui ravit autant les bénéficiaires-usagers des projets que les agents qui les portent.

💪 Vos prochains challenges professionnels ?

Approfondir, pérenniser et diffuser encore plus largement les démarches d’intrapreneuriat et le mode projet agile, qui exige de facto de faire à l’envers au regard du mode projet classique. 

L’autre défi sera l’ouverture.  Nous avons récemment testé un modèle d’« open intrapreneuriat » ou d’«inter-preneuriat ». L’idée était de laisser des équipes projet se constituer qui mixent agents publics et contributeurs externes : étudiants, associatifs, particuliers, pour construire ensemble les projets innovants dont notre territoire a besoin. Si l’essai était intéressant, j’avoue que nous n’en sommes pas encore à la recette miracle. Nous allons donc creuser.

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SES CONSEILS ET INSPIRATIONS

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🎯 Un défi qui vous tient à cœur ? 

La dynamique du changement, de l’innovation, de la transformation au service du territoire. Une grande étape a été gagnée avec la création d’un écosystème autour de l’installation de l’École 42 au Havre. La prochaine étape sera de faire grandir notre  écosystème d’innovation et de trouver les bons dispositifs et la bonne articulation de ceux-ci pour accompagner les pépites d’innovation qui n’attendent qu’à émerger. Et puis, j’aimerais voir de plus en plus de projets d’intrapreneuriat éclore ici et ailleurs. 

L’intrapreneuriat est un formidable vecteur d’innovation et d’agilité pour les grandes structures, qu’elles soient publiques ou privées. Et c’est particulièrement intéressant pour les collectivités car on est sur des services publics du quotidien et on agit au plus près des usagers-citoyens.

📚 « Résilience et leadership sans blabla » en quelques mot ? 

Cela faisait un certain temps que j’avais envie d’écrire un livre sur les thèmes du management et du leadership dans un monde qui change. Lorsqu’est survenue la crise sanitaire, j’ai saisi l’occasion de cette prise de recul imposée  à la maison pour commencer le projet. Je me suis dit que le confinement pouvait être porteur de rencontres et de découvertes. Alors je suis allée à la rencontre virtuelle de 21 “top leaders” ou “leaders au top” afin qu’ils me partagent leurs parcours, leurs “crises”, leurs convictions.  Ils m’ont tous confirmé le fait que leadership et résilience sont intimement liés. Ce livre apporte des réponses et des conseils à partir du vécu et d’expériences terrain de dirigeants et managers qui ont été (ou sont toujours) « sur le front ».

💚 Votre meilleur conseil pro ?

Aller à la rencontre de l’autre, s’engager dans des réseaux et des associations en étant curieux et généreux : donner de son temps et de son expertise. Mes divers réseaux sont pour moi une mine de découvertes, d’apprentissages, d’opportunités et de projets très concrets que je peux mettre à profit de ma collectivité.

Il faut aussi chercher à rencontrer et interagir avec des personnes qui vous sortent de l’entre-soi. Je puise autant de richesses et d’opportunités dans des réseaux de dirigeants que dans des collectifs de “petits” porteurs de projets. Et j’ai beaucoup à apprendre des acteurs du monde de l’entreprise, des startups, des associations, des libéraux, des militaires ….

Enfin, il faut savoir prendre des risques et sortir de sa zone de confort. Même si parfois on peut se vautrer, et cela m’est évidemment arrivé. Il faut apprendre et ne jamais cesser de se former. On a toujours à y gagner lorsqu’on sort de sa zone de confort.

Il ne faut pas hésiter à prendre des risques, on a toujours à y gagner lorsqu’on sort de sa zone de confort.