La commande publique ou la démocratie en action avec Hela Daboussi, cheffe de projet achat et développement durable.

« L’égalité de traitement et la transparence sont les fondations de la commande publique. »

Aujourd’hui, nous allons à la rencontre d’Hela Daboussi, cheffe de projet achat et développement durable au sein du Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles.

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La commande publique ou la démocratie en action

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Les grandes lignes de votre parcours ?

Après le bac, j’ai choisi de m’orienter vers des études en droit public, d’abord à l’Université Paris II Panthéon-Assas, puis à Paris-Saclay. Ce cursus m’a permis de découvrir les rouages juridiques de l’action publique à travers plusieurs stages particulièrement structurants : au ministère de l’Intérieur en tant que juriste stagiaire, en cabinet d’avocats, puis à la Direction des affaires juridiques de la Ville de Paris.

C’est à la suite de ces expériences-là que la vie publique a commencé à me passionner. J’ai alors fait le choix de me spécialiser en achat public, avec la volonté d’agir concrètement au service de l’intérêt général. J’ai ainsi rejoint France Télévisions en tant que chargée de projets achats et développement durable. Parallèlement, j’ai décidé de m’investir dans plusieurs engagements citoyens autour de causes qui me tiennent profondément à cœur, comme la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, ou encore l’animation de démarches de participation citoyenne.

En août 2021, j’ai intégré la délégation interministérielle aux troubles du neurodéveloppement, rattachée au ministère de la Santé, pour piloter,  sur la demande d’Emmanuel Macron, un projet emblématique  : la création de la Maison de l’Autisme. Un projet concret, ambitieux et profondément humain, qui a marqué mon parcours professionnel.

Pourquoi le service public ?

Pour moi, le service public est bien plus qu’un choix professionnel : c’est une vocation. Je suis profondément convaincue qu’il permet à celles et ceux qui s’y engagent de contribuer à des changements concrets dans notre société, d’apporter des réponses innovantes aux défis collectifs et d’améliorer le quotidien des citoyens. Travailler dans le service public, c’est être à l’écoute des besoins de la société. C’est aussi défendre des valeurs fortes : la justice, l’équité et la solidarité.

Et pourquoi plus spécifiquement l’achat public  ?

La première raison, c’est le lien direct, très concret, que la commande publique entretient avec le tissu économique français. La France regorge d’entreprises et de startups dont les solutions méritent d’être connues de tous. La seconde relève d’un enjeu démocratique fondamental : la commande publique repose sur des valeurs et des principes constitutionnels forts : l’égalité de traitement, la transparence de la vie publique, mais aussi la simplification, la lisibilité et l’accessibilité des marchés publics, y compris pour des publics parfois éloignés, comme les personnes en situation de handicap.

Les enjeux et défis de l’achat public ?

L’achat public repose sur trois enjeux majeurs. Le premier, c’est l’intégration des objectifs de développement durable dans toutes les procédures d’achat. Cela implique de favoriser l’économie circulaire, de réduire l’empreinte carbone et de promouvoir l’inclusion sociale. Le deuxième enjeu concerne la transparence et l’éthique : il est essentiel de garantir des processus de sélection et d’attribution des marchés publics irréprochables. Enfin, le troisième enjeu est celui de l’innovation publique, indispensable pour répondre aux besoins en constante évolution des usagers. Ce dernier point s’inscrit dans une logique d’optimisation de la dépense publique. J’insiste sur le mot optimisation, car l’objectif n’est pas seulement de maîtriser les coûts, mais de le faire tout en maintenant un haut niveau de qualité et de sécurité dans les prestations.

Votre métier et le cœur de vos missions actuelles ?

Aujourd’hui, je suis cheffe de projet achat et développement durable au sein du ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles. Pour illustrer concrètement mon métier, je dirais que l’État externalise une part de ses services, et dans ce cadre, mon rôle est de garantir aux usagers une continuité de service, un niveau de qualité élevé, en toute sécurité et dans le strict respect du cadre légal.

Très concrètement, cela signifie piloter l’ensemble des procédures de marchés publics : de l’expression du besoin jusqu’à la passation, puis au suivi de l’exécution du marché. Une fois le marché notifié, nous veillons à ce que les prestations soient conformes aux objectifs fixés. En filigrane, notre mission consiste aussi à être les garants d’une gestion budgétaire à la fois rigoureuse et exigeante, pour offrir le meilleur service possible aux citoyens, au coût le plus juste pour le contribuable.

Les causes qui vous tiennent à cœur ?

Tout ce qui touche à la qualité de vie des individus me mobilise : l’accès à la santé, à l’éducation, à la culture ou encore à la sécurité. J’ai à cœur de contribuer, à mon échelle, à la réduction des inégalités en œuvrant pour un service public accessible, moderne et pleinement adapté aux besoins des usagers.

Un projet dont vous êtes fière ?

À travers mes engagements citoyens, j’ai eu la chance de croiser la route de femmes remarquables, avocates et dirigeantes associatives, qui m’ont profondément inspirée. Leur détermination m’a donné l’élan de m’investir dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants. C’est dans cette continuité que j’ai cofondé, aux côtés de la comédienne Sandrine Bonnaire, la Maison des Âmes, une structure dédiée à l’accompagnement des victimes de violences intrafamiliales. C’est un projet qui me tient particulièrement à cœur, car s’engager pour cette cause, c’est avant tout s’engager pour l’Humanité.

Je suis également fière d’avoir piloté la création de la Maison de l’Autisme en France. Ce projet, mené de A à Z avec une équipe pluridisciplinaire engagée, a permis de donner naissance à un lieu unique d’accueil, d’information et d’accompagnement pour les personnes autistes, leurs proches et les professionnels de santé. C’est une réalisation concrète, porteuse d’espoir et d’innovation sociale, qui contribue, je l’espère, à faire évoluer les regards sur l’autisme en France.

Un conseil ?

Je suis convaincue que la fonction publique a encore de beaux jours devant elle. C’est un secteur d’une richesse exceptionnelle, qui permet de porter des projets à la fois innovants, utiles et ancrés dans le réel. Qu’il s’agisse de transition écologique, de justice sociale ou de transformation des services, ces projets ont un impact concret et durable sur la vie des citoyens. Travailler dans la fonction publique, c’est contribuer chaque jour à l’intérêt général, en agissant là où les besoins sont les plus forts.  Travailler au sein de l’Etat, c’est pouvoir œuvrer concrètement pour la Justice sociale. J’invite celles et ceux qui partagent nos valeurs républicaines et souhaitent les faire rayonner à rejoindre le service public.

Un vœu pour la suite ? 

Je veux rester toujours dans le concret, dans la réalité de la vie des gens. 

Je suis fatiguée de ces discours très technocrates où l’on finit par ne plus rien comprendre à ce que l’on raconte. 

Je veux du vrai, du concret et de la modernité !

J’aime être un moteur sur des sujets essentiels comme le sport, la santé, l’école et l’enfance. 

Je me bats au quotidien pour que la simplification ne soit pas un vain mot. Je crois qu’il y a trop de normes et qu’elles sont trop complexes. Mon ambition est de contribuer à redonner de l’espoir par des politiques à la fois simples, humaines et efficaces, en restant toujours à l’écoute des besoins de nos contribuables, et de toutes les personnes vulnérables, pour lesquelles l’Etat est et doit rester le premier des défenseurs.