Rencontre avec Bixente Etcheçaharreta, président et fondateur de l’initiative Des Territoires aux Grandes Écoles, pour qui l’égalité des chances est un levier d’attractivité pour nos territoires. Alors pourquoi ne devraient-ils pas d’abord parier sur leur propre jeunesse ?
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Des Territoires aux Grandes Écoles c’est une association qui resserre les liens entre les diplômés des filières sélectives et les écosystèmes ruraux pour faire vivre l’égalité des chances et contribuer à la dynamique des territoires !
L’initiative est née en 2013 à Saint-Jean-Pied-de-Port. Malgré d’excellents résultats au bac, nous, anciens lycéens du Pays basque, n’étions pas du tout prédestinés à poursuivre des études longues à Paris. Au sein des classes préparatoires et des grandes écoles, nous avons eu le sentiment d’avoir beaucoup de chance de faire partie des quelques étudiants issus du milieu rural. Nous avons ressenti le besoin de rendre à notre territoire un peu de cette chance que nous avions eue.
Nous n’étions pas prédestinés aux Grandes Écoles. Nous avons ressenti le besoin de rendre à notre territoire un peu de cette chance que nous avons eue.
C’est ainsi que nous avons eu l’idée, très simple, de mutualiser nos expériences pour intervenir dans nos lycées d’origine afin d’encourager les jeunes à oser davantage ces filières-là. Très vite les étudiants des 4 coins de la France nous ont écrit pour nous dire que ce que l’on décrivait et les solutions que l’on avait mises en place résonnaient très fortement chez eux. C’est comme ça que la fédération Des territoires Aux Grandes Écoles est née pour que les jeunes puissent répliquer l’initiative partout chez eux.
La justice d’abord, car faire vivre l’égalité des chances est indispensable si l’on veut construire une société juste, ouverte et capable de faire émerger les talents dans leur diversité. C’est une question de justice mais également de compétitivité car il s’agit d’avoir le capital humain qui permettra aux territoires de construire une économie forte, d’innover et de maîtriser leur propre destin.
Ce qui nous a frappés dans les cursus sélectifs, c’est à quel point les élèves issus des grandes villes étaient mieux préparés que nous. Notre principal obstacle en milieu rural, c’est la difficulté d’accès à l’information. Ce manque de connaissances sur les modalités d’accès aux grandes écoles nourrit l’autocensure des élèves.
En milieu rural, le manque de connaissances sur les modalités d’accès aux Grandes Écoles nourrit l’autocensure des élèves.
S’y ajoutent des difficultés propres à nos campagnes, notamment les coûts liés à l’éloignement des grandes formations. En découvrant les parcours inspirants des anciens élèves, nous souhaitons aider les lycéens à se projeter sur des orientations d’excellence et à s’y sentir légitimes.
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Parmi les quelques élèves qui accèdent aux grandes écoles, trop peu reviennent dans leurs villages d’origine. Quelque part, ils sont les talents perdus des territoires, alors qu’ils en constituent la matière grise.
Quelque part ces jeunes sont les talents perdus des territoires, alors qu’ils en constituent la matière grise.
En tissant du lien entre eux et les acteurs locaux, nous avons le sentiment de lutter contre l’appauvrissement des territoires et c’est très motivant.
Une réussite, c’est par exemple le témoignage de jeunes que l’on a aidés, devant qui nous sommes intervenus et qui aujourd’hui s’investissent à leur tour dans notre association. Ils sont notre fierté et nos meilleurs ambassadeurs.
Il y a une phrase du philosophe Sénèque que nous employons souvent: « Ce n’est pas parce que les choses nous paraissent difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles nous paraissent difficiles. »
Osez partir, vous former ailleurs, n’ayez pas peur de prendre votre destin en main et revenez fort de vos expériences : c’est la meilleure manière de contribuer au développement des territoires !
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