Nicolas Cardou - Réinventer les actions à mener avec des jeunes

« Ce qui est intéressant, c’est la capacité à expérimenter. »

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Nicolas Cardou est directeur par intérim de l’agence culturelle régionale Arcadi Ile-de-France (Action Régionale pour la Création Artistique et la Diffusion en Île de France).

Arcadi est un établissement public de coopération culturelle (EPCC) créé par la Région Ile-de-France en partenariat avec l’Etat. Cette structure accompagne des projets culturels dans le champ des arts de la scène (chanson, danse, opéra et théâtre) et des arts numériques afin d’améliorer leur production et leur diffusion en Ile-de-France ; elle développe aussi la médiation culturelle auprès des lycées.

Nicolas Cardou nous a ouvert les portes d’Arcadi afin de découvrir son parcours, sa personnalité et son métier.

 

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 SON PARCOURS ET SON METIER 

 

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🔑 Les moments clefs de son parcours ? 

Je suis parti très tôt à l’étranger, en parallèle de mes études d’histoire de l’art et de développement culturel, pour réaliser diverses missions culturelles : tout d’abord à l’Institut français du Soudan puis à l’Alliance française de Washington. A la fin de mes études, j’ai travaillé deux ans à l’association Tissé Métisse à Nantes qui a pour objectif de faire se croiser le monde de l’éducation, des quartiers et le monde du travail. Je suis ensuite retourné à l’Alliance française de Washington où j’avais en charge la culture et le programme d’enseignement du français dans les quartiers défavorisés. C’était passionnant ! De retour en France, j’ai eu l’opportunité de rejoindre la Région Pays de la Loire comme conseiller du Président (en charge de la culture, du sport, de la jeunesse, de l’éducation et de la recherche) puis directeur adjoint de la culture et des sports et enfin, directeur avant de prendre mon poste à Arcadi.

☝️Ce qui l’a poussé à rejoindre le secteur public ? 

Au-delà du secteur public, ce qui m’intéresse avant tout c’est l’action publique ! C’est d’abord mon engagement militant en faveur de la culture et de l’éducation populaire qui m’a amené à contribuer à l’action publique.

💼 Sa conception de son métier ?

Au sein d’un conseil régional comme les Pays de la Loire, je travaillais davantage sur le volet stratégique du développement culturel. Aujourd’hui à la tête d’Arcadi, je découvre un autre modèle d’action publique, celui de l’agence régionale. Je reviens davantage à l’accompagnement de projets sur le terrain afin de mieux créer et diffuser les spectacles sur l’ensemble du territoire d’Ile-de-France.

🔎 Les qualités indispensables pour son métier ?

Il faut savoir prendre en compte la diversité des situations et des acteurs et agir avec bienveillance.

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“Il faut savoir prendre en compte la diversité des situations et des acteurs et agir avec bienveillance.”

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🔮 Les enjeux à venir pour Arcadi ? 

La situation d’Arcadi ces deux dernières années a été de maintenir une continuité et un renouvellement de son action dans l’attente des nouvelles orientations politiques en particulier de la Région Île-de-France. Celle-ci souhaite repositionner l’agence ce qui implique un nouveau projet de direction. Il devra tenir compte, je pense, de la vocation de l’agence qui est de soutenir les porteurs de projets et de les accompagner. Je vois trois grands enjeux pour l’avenir. Le premier, c’est d’arriver à penser une nouvelle articulation entre la Région Ile-de-France et l’agence. Le deuxième, c’est de développer la territorialisation d’Arcadi pour proposer des dispositifs qui ne soient pas spécifiques aux disciplines mais spécifiques aux enjeux du territoire. Enfin, le troisième enjeu concerne l’éducation artistique et culturelle. Arcadi pourrait devenir un pôle « ressource » pour l’ensemble des partenaires du bassin de vie (en lien avec les centres de formation et d’apprentissage etc.). Les mois à venir préciseront le rôle que tiendra Arcadi sur le territoire.

💡L’innovation qu’il a impulsée ? 

Dans les agences culturelles comme Arcadi, ce qui est intéressant, c’est la capacité à expérimenter. Par exemple, dans le cadre de Passeurs d’images, le dispositif d’éducation à l’image que nous portons, nous voyons l’urgence à réinventer les actions à mener avec des jeunes en réhabilitant la relation avec les salles de cinéma publiques ou les médiathèques. Nous avons donc lancé une recherche-action pour expérimenter de nouveaux formats comme des ateliers autour de l’image et de sa création.

Une partie de notre activité interroge également les pratiques artistiques comme la Biennale des Arts numériques « Biennale Némo ». Elle permet d’interroger ce que sont les modes de création et de médiation aujourd’hui et d’interroger aussi la société à l’heure du numérique. Cela permet de donner aux artistes la possibilité de « regarder » la société. Et nous réfléchissons de plus en plus avec les professionnels à la dimension « expérientielle » de la relation aux publics en laissant les artistes penser l’art comme une expérience à vivre.

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“Nous voyons l’urgence à réinventer les actions à mener avec des jeunes.”

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SA PERSONNALITE

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➡️ Comment il se définit ? 

Je suis avant tout un développeur culturel et social. Mon métier c’est d’arriver à faire travailler des gens ensemble, à permettre à des projets d’exister, qu’ils fassent sens avec un territoire et les amener ainsi vers une dimension et une vie plus larges. C’est aussi de faire valoir l’importance de la relation aux artistes, leur faire confiance dans leur liberté.

📖 La phrase qui l’inspire le plus ?

J’aime bien Cioran et notamment cette phrase : « Nous sommes tous des farceurs, nous survivons à nos problèmes. »

👉 Ce qu’il aurait fait, s’il n’avait pas travaillé dans le secteur public ?

J’ai passé un baccalauréat avec option cinéma. Si je n’avais pas travaillé dans le champ de l’action publique culturelle, j’aurais sans doute travaillé dans la production cinématographique. A l’origine, je m’orientais davantage vers les métiers de la production ou ceux des industries culturelles et créatives.

📢 Le meilleur conseil qu’on lui ait donné dans sa carrière ?

Il y en a plusieurs que je retiens aujourd’hui. Tout d’abord, le fait de formaliser les choses quand on a un projet. Cela permet vraiment de le concrétiser. D’autre part, il ne faut pas avoir peur de refaire ou de reconfigurer complètement un projet qu’on avait précédemment réalisé. Enfin, on m’a toujours conseillé de ne pas craindre de faire à plusieurs et à découvert. Je le vois aujourd’hui : on prend toujours beaucoup moins de risque en étant dans des démarches ouvertes qu’en évitant le débat. Cela permet de faire différemment par rapport à ce que l’on aurait pensé seul et c’est quand même plus intéressant.

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