Amaury, étudiant à Sciences Po Bordeaux

« Nous devons rompre les cycles de reproduction des inégalités sociales. »

Aujourd’hui, nous allons à la rencontre d’Amaury, étudiant à Sciences Po Bordeaux. Il a rejoint le programme Ambassadeurs Profil Public pour contribuer à l’attractivité du service public. Dans cet entretien, il nous parle de son parcours et des causes qui lui tiennent à cœur. 

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Son parcours & ses engagements 

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Les grandes lignes de ton parcours ?

Depuis le collège, j’ai toujours été attiré par les grandes questions de société et les dynamiques politiques en France. C’est ce qui m’a donné envie, à l’époque, de devenir journaliste, et m’a conduit à réaliser un stage chez France 2 à Londres pendant le lycée. En terminale, j’ai passé le concours de Sciences Po Bordeaux, où j’ai suivi un cursus de cinq ans, orienté vers la fonction publique d’État.

Entre ma troisième et ma quatrième année d’études, j’ai eu l’opportunité de concrétiser cette orientation grâce à une année de césure, au cours de laquelle j’ai effectué plusieurs stages, puis occupé un poste d’agent contractuel, notamment en préfecture et en consulat à l’étranger à Stuttgart et à Munich. Ces différentes expériences m’ont permis d’explorer, sur le terrain, les enjeux concrets de l’action publique. Elles ont surtout renforcé mon ambition de contribuer à l’intérêt général en participant à l’élaboration de politiques qui améliorent concrètement l’accès aux services publics pour le plus grand nombre.

Pourquoi avoir rejoint le Programme “Ambassadeurs Publics” ?

Ce qui me motive à rejoindre le programme Ambassadeurs Profil Public, c’est avant tout ma conviction profonde que la fonction publique, ancrée historiquement, reste au cœur des grands enjeux contemporains, qu’ils soient politiques, sociaux, environnementaux, économiques ou numériques, en France comme à l’international. C’est un secteur d’une richesse incroyable, où l’on ne cesse d’apprendre, de s’engager, de se remettre en question. Au fil de mes expériences, j’ai aussi rencontré des personnes passionnées, animées par une même vision de l’intérêt général. Ces échanges m’ont conforté dans l’idée que le service public reste un pilier essentiel de notre société, d’autant plus dans un contexte où la privatisation gagne du terrain. M’investir au sein de ce programme, c’est une manière concrète de défendre cette vision, de la rendre visible, et de contribuer à attirer de nouveaux talents vers ces métiers qui font, chaque jour, vivre nos valeurs communes.

Les causes qui te tiennent à cœur ?

Issu d’un milieu modeste, je fais partie des premiers de ma famille à avoir suivi des études supérieures jusqu’au niveau master. Ce parcours, je ne le dois pas à un simple hasard, mais à des rencontres, des soutiens, et à des dispositifs qui m’ont permis d’y croire. C’est pourquoi je tiens particulièrement à m’engager pour l’égalité des chances. À travers le programme Ambition Service Public de l’association La Cordée, j’accompagne des lycéennes et des lycéens dans leur orientation afin de contribuer, à mon échelle, à réduire les inégalités sociales dès l’entrée dans l’enseignement supérieur. 

Pour moi, c’est un engagement essentiel : chaque personne devrait avoir accès aux mêmes opportunités, peu importe son origine sociale. En agissant dès le départ contre les inégalités, notamment au moment de l’orientation, on limite celles qui apparaîtront ensuite : dans l’accès aux meilleures formations, puis aux emplois les plus valorisés, et enfin dans les niveaux de revenus. Or, ces écarts de revenus alimentent des inégalités sociales durables, souvent transmises d’une génération à l’autre. Rompre ce cycle, c’est contribuer à une société réellement plus juste et plus équitable pour toutes et tous.

Un mantra ?

Une citation qui m’inspire profondément est tirée de Terre des hommes d’Antoine de Saint-Exupéry : « Être homme, c’est précisément être responsable. C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. »

Elle résonne en moi à plusieurs niveaux. D’abord parce que l’aviation, que Saint-Exupéry incarne si bien, est une passion personnelle. Mais surtout parce qu’elle exprime avec justesse ma vision de l’engagement : agir pour le collectif, se sentir responsable même quand on n’est pas directement concerné, et avoir la volonté de contribuer, modestement mais concrètement, à quelque chose de plus grand que soi. C’est ce fil conducteur qui m’a guidé dans mes choix d’études et mes expériences dans l’action publique. Pour moi, cela revient à une idée simple mais essentielle : servir sans se servir.

Un livre ?

Je pourrais en recommander plusieurs, mais deux ouvrages m’ont particulièrement marqué à des moments clés de mon parcours. Le premier, c’est Jamais sans ma fille de Betty Mahmoody. Je l’ai lu en classe de troisième, un peu par hasard, pour un devoir de français. Ce roman autobiographique m’a ouvert au monde au-delà de mon collège de province. À travers cette histoire vécue entre les États-Unis et l’Iran des années 1970, j’ai découvert des réalités culturelles et politiques fortes, le fondamentalisme religieux et la condition des femmes, qui résonnent encore aujourd’hui. Plus récemment, j’ai été captivé par Le Mage du Kremlin de Giuliano da Empoli. Passionné par l’Europe post-soviétique depuis le lycée, ce roman m’a offert une plongée fascinante dans les rouages du pouvoir russe, à travers le portrait fictionnel d’un conseiller influent du Kremlin. Dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, cette lecture m’a permis de mieux comprendre une certaine logique politique, où la force prime souvent sur la diplomatie. Deux livres, deux époques, deux univers… mais une même envie de comprendre le monde dans sa complexité.

Un projet professionnel ?

Si la fonction publique est souvent associée à une forme de stabilité, elle offre aussi, contrairement aux idées reçues, de véritables opportunités de mobilité, y compris à l’international. Ce qui m’attire dans cette diversité de parcours, c’est justement la possibilité d’exercer des missions de service public partout dans le monde, tout en développant une vision toujours plus ouverte et humaine de l’action publique. Je pense notamment au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, où l’on retrouve, au sein des ambassades, des profils issus de plusieurs ministères. Par exemple, des agents de Bercy travaillent à l’étranger sur des questions de diplomatie économique. C’est ce type de trajectoire, hybride et internationale, qui me fait rêver.

À terme, j’aimerais pouvoir découvrir les cinq continents en portant, où que je sois, les valeurs du service public. Et la fonction publique permet cela, notamment grâce à des dispositifs comme la disponibilité ou le détachement, qui offrent une réelle souplesse dans la construction d’un parcours. En attendant : cap sur le concours de la fonction publique, avec l’envie de continuer à apprendre, à m’engager, et à construire un chemin professionnel tourné vers les autres.