LaBase est un laboratoire d’innovation publique créé en 2016 sur le territoire de la Nouvelle-Aquitaine et porté par plusieurs institutions : la Région Nouvelle-Aquitaine, le Département de la Gironde, Bordeaux Métropole, la Préfecture de région et la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL). Nous sommes allés à la rencontre de Susana Avila qui est responsable de son animation.
Étant d’origine vénézuélienne, j’ai fait toutes mes études à Caracas. Après une école d’ingénieur, j’ai poursuivi par un MBA en finances et marketing. Diplômée à 24 ans, j’avais à peine commencé à travailler au sein d’un cabinet de conseil au Venezuela, quand un gros changement de cap perso et pro s’est produit : départ pour la France ! A partir de là, mon parcours est devenu “atypique”. Après quelques expériences de travail en mode “nomade” en France, au Ghana et au Panama, j’ai travaillé chez Procter & Gamble en tant qu’ “Account Manager”. C’est à cette occasion que j’ai découvert le management agile grâce à une culture d’entreprise tournée vers le capital humain (ses employés). Après l’expérience dans cette multinationale, j’ai eu envie de me mettre au service de l’humain et de la planète.
Après l’expérience dans cette multinationale, j’ai eu envie de me mettre au service de l’humain et de la planète.
J’ai commencé par créer “Sundages”, un outil pour faciliter la réalisation des études de marché en ligne pour les startups du développement durable et de la croissance verte. J’ai évolué ensuite dans différentes entreprises, projets entrepreneuriaux et associatifs autour de la transition écologique, avant d’entamer ma réorientation professionnelle vers la coopération et l’innovation sociale. Je suis désormais responsable d’animation au laboratoire d’innovation publique LaBase en Nouvelle-Aquitaine depuis 2017.
Je pense avoir trouvé mon “Ikigaï” (philosophie de vie japonaise qui consiste à allier sa passion, sa mission, sa profession et sa vocation pour atteindre une forme de bien-être). Etre au service de l’intérêt général : c’est cela qui m’a particulièrement motivée à travailler au sein de LaBase
C’est avant tout une communauté de personnes désireuses de faire évoluer l’action publique sur nos territoires. Nous sommes un laboratoire d’innovation publique interinstitutionnel, c’est-à-dire que nous travaillons en réseau avec plusieurs partenaires pour réaliser des projets : la Région Nouvelle-Aquitaine, le Département de la Gironde, Bordeaux Métropole, la Préfecture de région et la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL). Nous mettons en place une manière de travailler qui intègre la transversalité entre tous les acteurs. Nous facilitons la “mise en pause” de postures hiérarchiques pour faire travailler ensemble des agents, des décideurs, des élus, des entreprises, des associations, des citoyens, à l’émergence d’idées et à la conception de politiques publiques plus adaptées aux besoins différenciés des usagers et des territoires.
Regardez la vidéo réalisée la Direction interministérielle de la Transformation publique pour en savoir un peu plus.
Les Etats généraux de l’alimentation, grande concertation nationale pour l’avenir de l’agriculture et de l’alimentation ont été l’un des premiers chantiers sur lesquels nous avons travaillé.
En Nouvelle-Aquitaine, LaBase a accompagné des agents de la Direction Régionale de l’Alimentation, l’Agriculture et la Forêt (DRAAF) à organiser et faciliter un atelier technique régional. L’objectif était d’alimenter la réflexion nationale et de faire émerger des actions concrètes en faveur de la transition de la filière alimentaire de la Nouvelle-Aquitaine vers des pratiques qui répondent aux attentes sociétales et aux enjeux de santé, économiques et environnementaux.
L’objectif était d’alimenter la réflexion nationale et de faire émerger des actions concrètes en faveur de la transition de la filière alimentaire de la Nouvelle-Aquitaine.
Le défi de cette mission n’était pas sur la technicité, mais sur l’humain : faire en sorte qu’une quarantaine de personnes représentant les différentes parties prenantes (citoyens inclus), arrivent à faire émerger des propositions gagnant-gagnant-gagnant, malgré leurs intérêts individuels parfois opposés. A la fin de l’atelier, il y avait la satisfaction partagée d’avoir vécu une journée d’ouverture à d’autres points de vue et la production collective d’une douzaine de propositions de valeur pour le territoire comme par exemple un outil numérique d’aide à la décision qui renseigne le coût de revient complet d’un menu dans la restauration collective, l’impact des choix des produits locaux de filières de qualité sur les prix et la répartition de la valeur.
C’est lors d’ateliers de co-conception organisés par la Direction Interministérielle de la Transformation Publique (DITP) que ce nom a émergé. Les porteurs du projet cherchaient un nom polysémantique et l’idée de “LaBase” a tout de suite convaincu. D’une part, la base est un point d’ancrage, la condition sine qua none de n’importe quel départ. De plus, il y a l’idée du ‘bottom-up effect”, c’est-à-dire partir du bas – du terrain – pour arriver en haut ou partir d’une idée et la faire évoluer jusqu’à sa mise en oeuvre.
Nous sommes une équipe de 13 personnes organisées autour d’un comité technique, qui se réunit tous les mardis pour faire vivre et penser le laboratoire.
D’une part, nous avons mis en place un programme d’activités mensuelles pour diffuser la culture de l’innovation publique aussi bien au sein des institutions qu’auprès des particuliers. D’autre part, nous sommes un accélérateur de projets qui réalise aussi des missions d’accompagnement.
En mai dernier, LaBase a lancé une opération “La récolte des idées” ouverte aux agents de Bordeaux Métropole et du Département de la Gironde. Le but était de recueillir un maximum d’idées des agents pour améliorer le service public. Plus de 100 participants ont apporté plus de 150 idées concernant une grande diversité de sujets. C’était l’occasion idéale pour ces acteurs de faire connaître leurs idées, les partager, les développer et les tester.
Créer de dispositifs et services publics avec les usagers : Nous ne nous cantonnons pas seulement à faire de notre mieux pour créer de réponses aux besoins des usagers, notre mission est d’accompagner le travail avec les usagers tout au long de la création.
S’ouvrir aux autres et permettre à chacun d’y apporter sa contribution : À partir du moment où les acteurs sont mis au même niveau de contribution, au service d’un objectif commun, et qu’il n’y a pas de verticalité ou d’opposition “historique”, se crée une émulation collective
Expérimenter : Échouer sur un projet fait partie de l’aventure, et cela demeure une excellente source d’apprentissages.
“Service public sans couture” : Être un démonstrateur de ce que serait un service public “très transversal”. On souhaite casser le travail en silos et favoriser la coopération.
Nous allons travailler à l’essaimage des activités du lab tout au long du territoire régional. Nous nous intéressons particulièrement à la territorialisation du service public, pour qu’ils soit au plus près des usagers. Les dispositifs de médiation, d’inclusion numérique et d’accompagnement aux démarches administratives en ligne sont aussi un enjeu fort, de par le taux d’illectronisme en France (13 millions de français sont en difficulté avec le numérique) et l’objectif de dématérialiser toutes les démarches administratives à l’horizon 2022.
J’imagine que si les acteurs locaux et les habitants étaient inclus dans les instances de prise de décisions des collectivités territoriales, l’action publique serait bien plus efficace. Par exemple, je souhaiterais accompagner un projet de redynamisation d’un territoire “dortoir” où les pouvoirs publics joueraient un rôle facilitateur actif du développement économique local. J’aimerais aussi que ce soit les personnes qui vivent et/ou travaillent sur ce territoire, les principaux créateurs et décideurs des politiques de transition écologique et solidaire, qu’ils aient carte blanche pour expérimenter des solutions et des approches de coopération territoriale innovantes.
Osez ! Si vous souhaitez faire la différence et être acteur du changement, il ne faut surtout pas s’auto-censurer ! Ayez l’ambition d’apporter un vrai impact dans tout ce que vous réaliserez. Et si vous devenez “décideurs” n’oubliez pas de rester proches du terrain, pour mieux comprendre les besoins des personnes et être ainsi en capacité d’apporter de meilleures réponses.