Luc Jolivel est Chef de projet Petites villes de demain pour trois villes : la Charité-sur-Loire, Guérigny et Prémery. Le programme Petites villes de demain est un accélérateur de la relance dans les territoires. L’objectif ? Améliorer la qualité de vie et accompagner les transitions en milieu rural.
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J’ai toujours travaillé dans le domaine du développement et de la valorisation du patrimoine. Mon parcours a évolué de monuments en monuments : le prieuré de Vivoin dans la Sarthe, le château de Gaillon et le château Gaillard dans l’Eure et enfin le prieuré Notre-Dame de La Charité-sur-Loire dans la Nièvre. Le technicien que j’étais a eu un coup de cœur pour ce territoire. Un coup de cœur qui dure toujours puisque je suis arrivé à la Charité-sur-Loire en 1998 et que j’y travaille encore aujourd’hui.
Le patrimoine à un rôle moteur dans le développement d’une petite ville.
En conduisant des projets liés aux monuments historiques, je me suis vite rendu compte qu’un programme de restauration n’était pas suffisant et que mon rôle consistait également à imaginer la vie qui allait s’installer dans ce monument. Le patrimoine a un rôle moteur dans le développement d’une petite ville. Ainsi, de fil en aiguille, ma mission s’est élargie et je suis sorti des murs pour devenir un chef de projet polyvalent. Par la force des choses, le spécialiste du patrimoine que j’étais est devenu un développeur local. D’abord, parce que tout est lié et d’autre part, parce que dans les petites communes, l’ingénierie est rare.
Dans la stricte continuité des choses, je suis devenu chef de projet Petites villes de demain pour trois villes : la Charité-sur-Loire, Guérigny et Prémery, trois bourgs-centres de la communauté de communes des Bertranges. Dans ces trois communes, le patrimoine y est remarquable. Évidemment, un projet de territoire ne se construit pas autour du seul patrimoine, même s’il s’agit d’un atout phare. En effet, tous les sujets sont à l’ordre du jour : l’habitat, l’aménagement urbain, le commerce, l’emploi, l’attractivité, l’accès aux services publics, les usages numériques, les mobilités, le tourisme… Être chef de projet Petites villes de demain, c’est savoir aborder tous ces sujets et mettre le tout en cohérence pour construire un projet global. Le projet de territoire doit faire sens à l’échelle de chacune des villes-centres mais aussi à l’échelle de l’intercommunalité.
J’ai appris au fil du temps à être un chef de projet à l’écoute. Mon métier est un métier d’assembleur et de facilitateur. Évidemment, nous devons être une impulsion pour initier les projets mais, sur le territoire, notre métier consiste également à accompagner et soutenir les initiatives, qu’elles soient publiques ou privées. Nous sommes également aux côtés des élus pour mettre en œuvre leurs programmes et pour leur apporter notre expertise sur les dossiers techniques.
En milieu rural, les acteurs innovants sont bien plus nombreux qu’on ne le croit.
En milieu rural, les acteurs innovants sont bien plus nombreux qu’on ne le croit. Dans les endroits les plus isolés, on parvient toujours à trouver les bonnes personnes et à nouer les partenariats utiles. C’est véritablement cela qui me motive, les échanges quotidiens et les confrontations d’idées.
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C’est la posture qui est le plus grand des défis. En effet, les petites villes de demain doivent retrouver confiance en elles. L’avenir des territoires n’est pas que dans les métropoles. Le département de la Nièvre, qui a connu une terrible déprise industrielle et démographique, est, à ce titre, un très beau cas d’école. En 1971, ce sont 600 salariés qui disparaissent à l’arsenal de Guérigny, en 2012 à Prémery, c’est la fermeture de l’usine Lambiotte, un des leaders mondiaux de la chimie du bois, en 2000 c’est le rachat de l’usine Epéda à la Charité-sur-Loire avec un concurrent qui ne vient racheter que les brevets et qui licencie la totalité du personnel.
Le défi, c’est d’envisager le futur avec optimisme.
Faire face à ce traumatisme, c’est un vrai défi de résilience. La tendance naturelle dans ces instants-là, c’est de regarder le passé avec nostalgie. Le défi, c’est d’envisager le futur avec optimisme et se dire qu’on fera face.
Tous les jours, je vois se mettre en place sur mon territoire des expériences extraordinairement prometteuses. A Premery, par exemple, après la fermeture de l’usine Lambiotte, assez logiquement, il s’est mis en place une expérimentation “territoire zéro chômeurs de longue durée”. A la Charité-sur-Loire, s’est créé un des rares centres culturels de rencontre français autour du langage et des mots. Mais au-delà des projets, c’est la méthode qui permet d’impulser des dynamiques de changement. C’est, aussi, la nécessité de créer du commun au sein de nos territoires. Le programme Petites villes de demain permet, à ce titre, de montrer que le développement des villes-centres se fait au profit de l’ensemble du territoire et se construit grâce et avec les communes qui l’entourent. Passer d’un projet de commune à un projet de territoire est un changement de braquet nécessaire pour faire bouger les lignes en matière de revitalisation.
J’ai participé au renouveau du prieuré de La Charité-sur-Loire. De nombreuses personnes se sont associées pour redonner vie à ce bâtiment qui représente pas moins d’un cinquième du centre-ville de cette petite commune de 5000 habitants. Le patrimoine a été un catalyseur de bonnes volontés, d’initiatives entre secteur public et privé. Créer au cœur du bâtiment, la cité du mot, c’était faire le pari que le patrimoine est un lieu propice aux rencontres où l’on réunit la population locale, les artistes, les chercheurs, les universitaires et les visiteurs d’un jour.
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Je crois que je ne suis pas le seul, mais je suis très admiratif de ce qui a pu se faire autour de la ville de Vitré aux portes de la Bretagne. Il s’agit d’un projet de territoire à la fois identitaire, économique et social formidable. C’est une très belle leçon, qui témoigne une nouvelle fois des possibles qui s’offrent à nous quand les Hommes parviennent à s’unir. Je suis également très admiratif du programme “territoires zéro chômeur longue durée”. Grâce à ce dispositif fondé sur le volontariat, les personnes accompagnées sont employées en contrat à durée indéterminée par des entreprises de l’économie sociale et solidaire (recycleries, épiceries ou garages solidaires, etc.). C’est un projet qui leur donne la capacité de conduire leur propre vie et de la reprendre en main. Je trouve cela noble et généreux.
Avant tout, il faut être curieux et à l’écoute de son territoire. Il ne faut jamais perdre de vue les élus, la population, les porteurs de projets ou encore les nouveaux arrivants. Même les visiteurs d’un jour sont des alliés précieux car ils voient ce que l’on ne voit plus. Tous ces acteurs dressent un portrait un peu “pointilliste” du territoire. C’est certainement le plus vrai et le plus nuancé des portraits. Le programme Petites villes de demain permet de faire venir de l’ingénierie dans les territoires et en tant que chef de projet nous devons écouter mais aussi être force de conviction. Et ce, avec constance et persévérance.
Ne pas hésiter ! Le programme est très large et parle autant de commerce que d’habitat et d’économie, ce qui peut parfois faire peur à certains candidats. Je suis persuadé, au contraire, que c’est la grande richesse du métier de chef de projet Petites villes de demain. Ce n’est pas parce que l’on a une expertise un peu pointue dans un domaine que ce métier n’est pas fait pour nous. Bien au contraire, c’est le fait de transposer notre savoir et notre méthode dans d’autres domaines qui est passionnant. Dans le cadre du programme nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur des réseaux locaux de chefs de projets, c’est une aide précieuse. Dans ce métier, plus que tout, c’est l’enthousiasme qui compte !
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Article réalisé en partenariat avec l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) dans le cadre du programme Petites villes de demain.