Lénaïc Velut est géographe-urbaniste, Chef de projet Petite(s) ville(s) de demain à la Ville de Trois-Bassins à la Réunion. Le programme Petites ville(s) de demain est un accélérateur de la relance dans les territoires. L’objectif ? Améliorer la qualité de vie et accompagner les transitions en milieu rural.
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J’ai étudié la géographie et l’urbanisme. Après mes études, j’ai travaillé essentiellement en bureau d’études, d’abord dans le domaine de l’habitat, puis de manière plus opérationnelle dans le secteur de l’urbanisme. Mon rôle consistait notamment à réaliser des diagnostics territoriaux, sociaux et urbains. J’ai piloté des plans locaux de l’habitat et étudié la situation de la demande en logement social sur la région lyonnaise. Très vite, j’ai eu l’opportunité d’apprendre et de m’épanouir professionnellement aux côtés de collaborateurs expérimentés. Ce sont eux qui m’ont transmis la passion du métier.
Les rencontres ont été clefs dans mon parcours.
Les rencontres ont été clefs dans mon parcours. Il y a dans mon métier un travail important de mise en réseau de professionnels, acteurs de l’habitat et partenaires locaux : élus, techniciens de collectivités et services de l’Etat, bailleurs sociaux, acteurs associatifs, professionnels de l’immobilier, promoteurs… Ce maillage de rencontres est très enrichissant.
J’ai ensuite fait le choix de m’installer à La Réunion où je suis désormais Chef de projet Petites Villes de demain. Une transition professionnelle qui s’inscrit dans la continuité de mes engagements au service des territoires. Être au cœur de la collectivité, en l’occurrence la Ville de Trois-Bassins, me permet d’intervenir sur des missions variées et de poursuivre mon rôle de conseil auprès des décideurs publics. La mission du chef de projet Petites Villes de demain est d’apporter un soutien en ingénierie au sein de petites communes qui n’ont pas toujours les ressources internes pour lancer et consolider leurs projets. Mon rôle consiste à affiner les réflexions en cours, à les inscrire plus globalement dans un projet de territoire et à formaliser des propositions dans un ensemble de domaines liés à la qualité de vie et à l’attractivité du territoire : transition écologique, tourisme, rénovation de l’habitat, participation citoyenne… C’est très opérationnel, très complet et très formateur.
Ce qui me motive le plus c’est mon rôle de conseil : faire preuve de pédagogie sur les questions techniques et expliquer les enjeux pour que les décideurs publics puissent prendre des décisions avec le plus de connaissances possibles. En secteur rural notamment, les élus ne peuvent pas être des experts techniques dans tous les domaines. En revanche, ils sont des experts de leur terrain et nous avons beaucoup à nous nourrir de leur expertise d’usage. Cette complémentarité fait la richesse de notre collaboration et de nos échanges. La rencontre avec les élus a toujours été une richesse qui permet de remettre en cause certaines croyances.
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Le premier défi, c’est de s’inscrire dans une approche globale. Souvent, les petites communes fonctionnent au coup par coup, en saisissant les opportunités de financement qui leur permettent de lancer certains projets. Elles posent en quelque sorte les pièces d’un puzzle dont on ne connaît pas l’image finale. Pour leur projet de territoire, les petites collectivités doivent établir une stratégie durable, une sorte de plan “guide” qui permet de penser la ville dans laquelle nous voulons vivre dans 15 ou 20 ans. Il s’agit de canaliser les énergies autour d’enjeux préalablement définis ensemble avec les élus, les techniciens et les habitants.
Il faut être patient, ne rien lâcher, être rigoureux et pragmatique. Je crois beaucoup au dialogue. Dans nos métiers, il faut cultiver la persévérance et prendre le temps d’échanger avec les décideurs et les parties prenantes des projets.
Le temps de dialogue avec les usagers n’est jamais du temps perdu.
Pour mener à bien des politiques de changement, nous devons expliquer le bien fondé de ce qui nous anime aux habitants. Le temps de dialogue avec les usagers n’est jamais du temps perdu. Dans le cadre de mes missions, un travail est engagé avec les élus pour établir un cadre de participation citoyenne.
Mes plus belles réussites professionnelles, concernent les projets de territoire pour lesquels il a fallu convaincre. Je pense notamment à un projet de démolition-reconstruction et réhabilitation dans une petite commune rurale de Saône-et-Loire. Il s’agissait de réhabiliter le site d’un ancien hôtel qui avait une valeur patrimoniale importante pour les habitants. Nous souhaitions conforter ce bourg, véritable poumon économique de proximité pour les habitants, avec des commerces et des logements sociaux. Nous avions réussi à avoir un financement de la part de la Région qui, finalement, a été retiré. Cela remettait complètement en cause l’équilibre et la viabilité du projet. Nous avons mis toutes nos tripes pour convaincre à nouveau la Région de soutenir le projet.
Pour impulser le changement, au-delà des lignes administratives, c’est l’humain qui compte.
Avec les élus, et aux côtés des techniciens de la Région, nous avons finalement réussi à faire entendre notre voix et aujourd’hui le projet doit être en phase de finalisation. Souvent, ce sont les équipes projet qui arrivent à faire basculer les situations. Je retiens de cette expérience que pour impulser le changement, au-delà des lignes administratives, c’est l’humain qui compte.
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Pour moi, tous les projets de territoire sont inspirants car on ne part jamais d’un même contexte de départ. Sur chaque territoire, l’héritage est différent. Je garde quand même en mémoire mes découvertes de jeune étudiant, comme les villes de Strasbourg et de Lyon. Ce sont des villes qui bénéficient d’un potentiel financier indéniable mais à travers lesquelles on se dit que le changement est possible. A l’époque, nous ne parlions pas encore de décroissance mais on pouvait sentir un pessimisme ambiant sur l’avenir. C’était très enthousiasmant de voir que, même en ville, on pouvait penser des espaces très agréables à vivre. Je pense que le programme Petites Villes de demain permet également de se projeter sur un avenir désirable.
La persévérance, la disponibilité et la passion. Les projets avancent sur le terrain, parce qu’à un moment donné il se passe quelque chose entre les élus et les habitants ou encore avec les techniciens. C’est dans les échanges que les choses se gagnent.
Le premier conseil c’est de prendre du recul. Avec les élus, les habitants et les partenaires, l’affect tient une place importante dans les relations. Il faut prendre du recul par rapport à ce qui est dit. Dans la contestation, il ne faut pas penser que c’est le chef de projet qui est remis en cause. Mon deuxième conseil c’est de toujours s’interroger sur ce qu’on apporte dans un projet. Dans un coin de la tête , la question : “et donc ?” permet de questionner de manière automatique les objectifs et le sens des actions que l’on mène.
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Article réalisé en partenariat avec l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) dans le cadre du programme Petites villes de demain.