Léa Douhard - Former les jeunes acteurs publics

« Pour transformer l’administration, nous avons besoin des jeunes acteurs publics. »

Léa Douhard est responsable du Policy Lab, l’incubateur de politiques publiques de Sciences Po Paris. Sa mission ? Permettre aux étudiants de l’École d’Affaires Publiques de devenir des acteurs de la transformation publique, c’est-à-dire d’être en capacité de concevoir des dispositifs de politiques publiques d’un genre nouveau, en lien avec les besoins des citoyennes et citoyens et les enjeux environnementaux. 

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LE LABORATOIRE D’INNOVATION DE SCIENCES PO

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🔎  Le Policy Lab en quelques mots ?

Le Policy Lab c’est le laboratoire d’innovations publiques de l’École d’affaires publiques (EAP) de Sciences Po, une initiative lancée en 2017 afin de permettre aux étudiants de développer une expertise concrète dans la résolution de problèmes de politique publique. Il s’agit, d’une part, de réinventer la façon dont les politiques publiques sont conçues et mises en œuvre, à un moment où les crises  mettent à mal les repères, les règles et les certitudes, dans notre société. D’autre part, de répondre à un besoin générationnel et à une demande grandissante des étudiantes et étudiants qui souhaitent s’engager et mettre leurs compétences au service de l’intérêt général à travers des parcours un peu moins linéaires. Pour cela, ils ont besoin pour d’être accompagnés, formés et outillés.

🚀  Quel est le contenu du programme d’incubation ?

L’Incubateur de Politiques Publiques est l’un des modules emblématiques du Policy Lab : il permet aux étudiants de Master 1 de travailler sur des défis d’intérêt général concrets, proposés par des partenaires extérieurs (publics, privés ou associatifs). Leur rôle ? Développer une solution novatrice et tangible dont l’ambition est d’améliorer concrètement, efficacement et rapidement la vie des citoyennes et des citoyens. Cela peut prendre la forme d’une plateforme web, d’une application numérique, d’un Serious Game, d’un podcast ou encore d’un système de visualisation de données. L’objectif étant de produire une solution dont ils puissent directement tester l’impact auprès des usagers, quitte à itérer par la suite, c’est à dire être capable de remettre en question leur travail et de l’adapter. 

L’objectif de l’incubateur est d’aider les étudiants à produire une solution dont ils peuvent directement tester l’impact auprès des usagers, quitte à itérer par la suite, c’est à dire être capable de remettre en question leur travail et de l’adapter. 

Finalement, les encourager à se focaliser sur le fait de produire des services qui soient réellement utiles pour les publics auxquels ils s’adressent. Ce qui n’est pas une démarche complètement simple en soi.

 👉  Un conseil pour celles et ceux qui souhaitent candidater ?

Nous avons lancé l’appel à candidatures pour la prochaine édition fin novembre. Une trentaine de partenaires ont proposé des défis sur l’environnement, les mobilités, la protection sociale, la crise sanitaire, les coopérations territoriales, l’inclusion numérique, l’orientation, la culture, la démocratie participative, le handicap, le harcèlement scolaire, l’agriculture, la cybersécurité ou encore l’emploi. La prochaine édition s’annonce très riche  ! Nous attendons des étudiantes et étudiants qui se portent candidats, qu’ils soient capables d’expliquer leur vision de l’innovation publique : quels sont les aspirations qu’ils portent pour le service public de demain ? Mais aussi qu’ils sachent faire preuve de créativité et sortir des schémas préconçus.

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SA VISION DE L’ENTREPRENEURIAT PUBLIC

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🤔 Quel est le rôle des laboratoires d’innovation ?

De plus en plus d’organisations publiques se dotent aujourd’hui de laboratoires d’innovation (j’ai eu la chance d’ailleurs de participer à la création du 110bis, le lab d’innovation du Ministère de l’éducation nationale). Ces structures permettent aux agents publics d’expérimenter d’autres modes de travail, de trouver des ressources méthodologiques et des compétences complémentaires aux leurs. Un espace qui leur permet de prendre du recul sur leurs problématiques quotidiennes et de trouver ensemble de nouveaux moyens de les résoudre. L’enjeu pour ces labs (qui ont tous une structure et une offre de services différente en fonction de l’organisation) est désormais de sortir de leur bulle et de transformer, petit à petit, toutes les strates de l’administration.

Pour transformer l’administration, nous avons besoin des jeunes acteurs publics, capables à la fois de comprendre les enjeux métiers et de penser différemment.

Pour cela, nous avons justement besoin de jeunes acteurs publics qui soient à la fois capables de comprendre les enjeux métiers de l’administration et capables de penser design thinking, prototypage rapide et itération, innovation, de faire le lien entre les deux et donc d’être de très bons médiateurs.

📣 Comment attirer les jeunes dans ces structures  ?

Bonne question ! C’est un gros enjeu car les jeunes n’ont pas beaucoup de visibilité sur le type de métiers proposé dans les structures d’innovation publique. Cela ne correspond pas aux types de débouchés que l’on présente à l’issue des formations. Il y a une bonne raison à cela : ce sont de nouveaux métiers, qui n’existaient pas il y a encore quelques années ! Ils ne correspondent, ni à un concours, ni à un référentiel existant. Ces métiers font naître de nouveaux profils d’agents publics : hybrides, à moitié designer, bidouilleur, intrapreneur… des profils qui, souvent, font un pas de côté pour inventer une nouvelle manière d’exercer leur métier. Je crois que c’est une chance énorme pour les jeunes qui souhaitent rejoindre le service public tout en ayant une marge de liberté pour réinventer leurs missions et contribuer à la transformation des administrations.

Les nouveaux métiers liés à l’innovation publique représentent une chance énorme pour les jeunes qui souhaitent rejoindre le service public tout en ayant une marge de liberté pour réinventer leurs missions et contribuer à la transformation des administrations.

A travers le Policy Lab, nous nous attelons à mettre en lumière ces agents qui ont su réinventer leur métier afin de prouver aux étudiantes et étudiants qu’il y a bien déjà de nombreuses initiatives innovantes dans la fonction publique et qu’elles n’attendent qu’eux pour venir les renforcer.