Ari Brodach - Transformer la relation de l’administration avec les habitants

“Réussir des projets est essentiel pour rétablir une relation de confiance avec les citoyens.”

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Ari Brodach est responsable de la mission budget participatif à la Ville de Paris. 

Nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir son parcours, son métier et son envie de contribuer à la transformation de l’action publique.

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SON PARCOURS ET SON METIER AU COEUR DE L’ACTION PUBLIQUE 

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🔑 Les moments clefs de son parcours ? 

J’ai commencé par une formation d’ingénieur en systèmes industriels à l’Université de technologie de Troyes.  J’ai ensuite décidé de réaliser un master en politiques publiques en Suède car l’étude des problématiques de développement durable était bien plus avancée dans les pays scandinaves au début des années 2000.

Puis j’ai rejoint Auxilia – une association qui accompagne les collectivités territoriales dans la mise en oeuvre opérationnelle de projets de développement durable.

Par la suite, j’ai occupé le poste de Directeur du développement durable au sein de la Mairie de Lille puis au sein du CNFPT (Centre National de la Fonction Publique Territoriale).

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C’est le budget participatif le plus ambitieux au monde en terme de budget par habitant !

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Désormais, je suis responsable de la mission budget participatif au sein de la Ville de Paris. La mise en oeuvre de ce dispositif représente un défi important : c’est le budget participatif le plus ambitieux au monde en terme de budget par habitant ! Il implique également une transformation interne importante en termes de transversalité et de relation de l’administration aux habitants.

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➡️ Son rôle au sein de la Mairie de Paris 

Mon rôle et celui de mon équipe est d’être la courroie centrale du budget participatif. Nous accompagnons l’ensemble des parties prenantes – citoyens, administration territoriale, société civile – depuis le dépôt d’idées à la mise en oeuvre des projets gagnants. Notre mission est de concevoir progressivement, avec nos collègues, une ingénierie de projet efficace, qui donne de la visibilité aux équipes et reste très accessible pour les citoyens. En tout, ce sont environ 500 personnes qui sont mobilisées par le budget participatif en interne à la Ville de Paris.

Notre mission est complexe et c’est en cela qu’elle est passionnante ! La réponse aux défis démocratiques contemporains, qui passe par la mise en oeuvre de projets proposés par les citoyens, nécessite de trouver un juste équilibre entre l’agilité et la stabilité.

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La réponse aux défis démocratiques contemporains nécessite de trouver un juste équilibre entre l’agilité et la stabilité !

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De l’agilité pour faire évoluer notre dispositif en même temps qu’on tire des enseignements de chacune de nos éditions, tout en garantissant la stabilité du processus, en donnant de la visibilité et en co-construisant une vision partagée de son devenir à moyen terme.

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🔎 Les qualités indispensables pour son métier ?

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Ecoute et accompagnement 

Nous rajoutons une couche de complexité au fonctionnement de certaines directions de la Ville. Pour que le fonctionnement se passe au mieux, il faut être à l’écoute de leurs contraintes et partir de celles-ci pour que le budget participatif soit vécu comme partie intégrante de leurs missions.

Outillage et institutionnalisation

Le principe du budget participatif est d’inverser  le processus de mise en oeuvre de projets, en effet ce sont les citoyens qui soumettent des projets à la Ville, et non plus l’inverse. Cela implique de partir de la parole habitante puis de mobiliser des expertises pour leur analyse et leur réalisation, s’ils sont votés. Pour y arriver, il est indispensable de donner de la visibilité à toutes les parties prenantes internes, par la production de calendriers annuels rythmés à la semaine, d’organiser un pilotage réactif et dynamique du dispositif, de faciliter les arbitrages pour permettre la mise en oeuvre des projets votés…

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Le principe du budget participatif est d’inverser le processus de mise en oeuvre de projets, en effet ce sont les citoyens qui soumettent des projets à la Ville, et non plus l’inverse.

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💼 Sa définition du service public ?

Le service public, je le définirais comme l’ensemble des ressources que l’on mobilise pour répondre aux besoins qui relèvent de l’intérêt général. Ce qui m’anime, c’est de m’interroger sur cette notion d’intérêt général, à l’heure où des défis démocratiques, sociaux et écologiques viennent la questionner frontalement. Qu’est-ce qu’un besoin ? Qu’est-ce qu’une richesse ? Qu’est-ce qu’un bien commun à l’heure du changement climatique, par exemple ?

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SA PERSONNALITE

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👀 Comment il se définit ? 

Je suis un citoyen engagé qui essaye toujours de s’inspirer de  la théorie pour la mettre en pratique. Mon objectif c’est d’être à la croisée des deux champs : la pensée et l’action, d’être un contributeur du changement pour répondre aux défis mentionnés plus haut. Etre actif et engagé, c’est aussi ce qui me permet d’être critique et impliqué dans la réflexion sur les pistes d’amélioration du service public.  

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Je suis un citoyen engagé qui essaye toujours de s’inspirer de la théorie pour la mettre en pratique.

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☝️Ce qui l’a poussé à rejoindre le secteur public ? 

Ce ne sont pas mes études, ni le monde de l’ingénieur qui m’ont poussé vers le service public… Je n’en avais même jamais entendu parler (rires). En réalité, j’ai découvert cela au travers de mes activités de conseil. C’est surtout une rencontre qui m’a poussé vers le secteur public : Danielle Poliautre ancienne adjointe à la Mairie de Lille. C’est une personne qui a compté beaucoup pour moi. Elle m’a motivé et convaincu d’intégrer une collectivité locale. C’est d’ailleurs au sein de la Mairie de Lille que j’ai réalisé que mon épanouissement professionnel passait par le secteur public.

👉 Ce qu’il aurait fait, s’il n’avait pas travaillé dans le secteur public ?

J’aurais très certainement travaillé à servir l’intérêt général : si je devais envisager de travailler hors du service public, je me demanderais moins “pour qui” que “avec qui”. La pertinence d’un projet et d’objectifs stratégiques dépend aussi bien de l’organisation dans laquelle elle est mis en oeuvre que des personnes qui les portent.

📖 La phrase qui l’inspire le plus ?

J’aime beaucoup cette phrase de Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille  : “La réussite d’une réforme se mesure aux conditions effectives de sa mise en oeuvre.” Je pense que réussir de bout en bout ce qu’on entreprend est une condition essentielle pour rétablir une relation de confiance avec les concitoyens.

💡Le meilleur conseil qu’on lui ait donné dans sa carrière ? 

Le meilleur conseil qu’on m’ait donné est relatif à ma posture, au savoir-être à cultiver au sein d’une organisation :  trouver le juste équilibre entre la ténacité qu’il faut cultiver pour rester fidèle à qui on est et l’adaptation dont il faut faire preuve pour rendre ses propositions et son actions audibles dans un contexte institutionnel donné. 

 

🍰 Sa recette pour créer une dynamique ? 

Pour générer une dynamique il faut selon moi construire  “des petites victoires” qui vont stimuler et venir concrétiser au fur et à mesure le projet que l’on bâtit.  Concilier le long terme (les objectifs stratégiques) et le court terme (les concrétisations stimulantes) me semble une clé pour cultiver une dynamique collective.

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Pour générer une dynamique il faut selon moi construire  “des petites victoires” qui vont stimuler et venir concrétiser au fur et à mesure le projet que l’on bâtit.

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🔮 Son conseil pour les nouvelles générations qui souhaiteraient rejoindre le service public 

Ce qui me paraît primordial, dans ce milieu où tout le monde travaille à rénover notre modèle de développement et à penser le service public de demain, c’est de comprendre le contexte dans lequel on évolue.

Toute idée innovante est bonne mais toutes les idées ne sont pas réalisables directement. Il faut apprendre à composer avec les acteurs et les cadres dans lesquels nous travaillons, réussir à voir le monde avec les lunettes de son voisin pour mieux construire avec lui des réponses à la hauteur des enjeux contemporains.