Chrystelle Audoit est Directrice générale adjointe Jeunesse, Éducation, Sport et Vie associative au Conseil départemental de la Gironde. Dans le cadre de notre série “Women Challenge” (en savoir plus) consacrée aux femmes dirigeantes territoriales, nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir son parcours, sa vision du service public et ses défis en tant que femme dirigeante.
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Très jeune, j’ai eu l’opportunité d’intégrer la fonction publique en tant que surveillante d’internat et d’externat. Après avoir été professeure de lettres en lycée pendant une dizaine d’années en France et à l’étranger, j’ai passé les concours d’administrateur territorial et intégré l’Institut national des études territoriales (INET).
J’ai poursuivi ma carrière par deux postes qui ont été clés dans ma vie professionnelle. J’ai d’abord intégré le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) pendant trois ans puis je suis devenue directrice générale adjointe des affaires culturelles de la ville de Bordeaux où je suis restée pendant neuf ans.
Depuis 2016, je suis Directrice générale adjointe des services du département de la Gironde en charge de l’éducation, de la jeunesse, du sport et de la vie associative.
Mes missions sont transversales et axées sur l’éducation et la citoyenneté. Je travaille ainsi sur la question des politiques éducatives à travers plusieurs axes : la question du bien-être au collège, l’apaisement du climat scolaire, l’ouverture au monde dans le parcours éducatif des jeunes par le sport, la culture et l’éducation citoyenne. Nous travaillons par exemple sur la question de l’ancrage des collèges sur leurs territoires avec l’objectif de rendre ces univers plus poreux.
Ces différentes missions s’inscrivent dans un objectif du Département de la Gironde qui me tient particulièrement à cœur : lutter contre les déterminismes sociaux à l’école mais aussi favoriser l’égalité filles-garçons et l’inclusion. Il s’agit de construire des politiques éducatives équitables, ce qui représente un vrai défi à relever aux côtés de l’Education nationale !
Pour moi, ce n’était pas un choix évident car je ne viens pas d’un milieu de fonctionnaires et j’étais, de ce fait, éloignée de cet environnement. Cependant, le service public est rapidement devenu le fil rouge de mon parcours : j’ai fait Sciences Po section service public puis un master de droit public.
J’ai rejoint le service public car je pense que les politiques publiques sont davantage en capacité de faire levier dans la lutte contre les déterminismes sociaux que l’enseignement.
C’est une prise de conscience de la prévalence des déterminismes sociaux à l’école qui m’a amenée à m’engager dans l’enseignement puis auprès des collectivités. J’ai rejoint la fonction publique territoriale car je pense que les politiques locales sont davantage en capacité de faire levier sur ces problématiques que l’enseignement. En tant qu’enseignante je me sentais un peu isolée dans ce combat.
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Je suis fière d’être passée d’un univers à l’autre, d’avoir découvert des cultures et de continuer à travailler en collaboration avec ces interlocuteurs très différents. Le challenge que représente le changement de postes, de missions ou d’équipes m’a beaucoup enrichie et m’a permis de m’épanouir. Je suis aussi fière du travail que nous avons entrepris avec Brigitte Proucelle (ancienne Directrice générale des affaires culturelles) auprès de la ville de Bordeaux sur le secteur culturel puisqu’en quelques années, nous sommes passés de la 47ème à la 3ème place du classement des villes culturelles en France.
Enfin, je suis particulièrement fière du déploiement du « Plan Collège Ambition 2024 » porté par le Département de la Gironde ! Il s’agit du plus grand plan Collège aujourd’hui en France et qui inclut la création ou reconstruction de 23 collèges.
Les freins sont ceux qu’on se met ! En tant que femmes, nous nous mettons nous-mêmes beaucoup de freins. Dans mon parcours, j’ai mis du temps avant d’oser, avant de m’autoriser à passer des concours prestigieux. Pour m’autoriser à oser, il m’a fallu des pairs, des personnes importantes qui m’ont encouragée.
Les freins sont ceux qu’on se met ! En tant que femmes, nous nous mettons nous-mêmes beaucoup de freins.
Le frein principal que je me suis imposée, pour des raisons personnelles est celui de la mobilité géographique. J’ai deux enfants dont j’ai la garde principale et je ne me suis pas autorisée à leur imposer ce choix parce que leur bien-être est primordial. Peut-être que les hommes réfléchissent différemment et que ce sont des freins que les femmes s’imposent plus spontanément.
A mon avis, nos fonctions appellent deux compétences socles importantes. La première, c’est le sens de la stratégie des politiques publiques, c’est-à-dire la capacité à comprendre l’intention politique et la traduire opérationnellement et inversement à proposer aux élus des stratégies qui peuvent nourrir leurs politiques publiques. La seconde est l’attention que l’on porte aux équipes et aux individus. Sans ces deux pré-requis, il est possible d’accéder à des postes de direction mais je doute qu’il soit possible d’y réussir.
Mon conseil pour celles et ceux qui ont envie d’accéder à des postes de direction c’est de bien connaître ses propres besoins d’épanouissement professionnel, d’avoir toujours l’esprit ouvert et de savoir saisir les opportunités quand elle se présentent à nous, sans chercher à aller ni trop loin ni trop vite.
C’est une question à laquelle je ne sais pas répondre parce que dans ce métier on passe d’un sujet à l’autre en permanence. Ce que j’aime c’est m’investir dans des projets qui me parlent et qui font écho à mes compétences, mes envies et à des besoins concrets. Je suis quelqu’un qui n’a jamais construit un parcours de carrière, les choses se sont faites au fil des événements et des opportunités.
Pour moi, le vrai challenge est et sera toujours de faire aboutir les projets et de favoriser l’épanouissement des équipes.
Pour moi, le vrai challenge est et sera toujours de faire aboutir les projets et de favoriser l’épanouissement des équipes.
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La littérature m’a ouvert beaucoup de portes et m’a appris la liberté. En ce sens, le parcours de vie assez remarquable de George Sand, au-delà de ses talents littéraires, m’a beaucoup inspirée. Elle a su rester une femme, assumer de l’être tout en se battant de manière très pragmatique contre les préjugés. Ce que j’aime en elle est sa capacité d’agir avec enthousiasme et même provocation pour faire avancer la cause des femmes sans jamais en être prisonnière.
Pour moi, l’une des qualités phares est la sincérité. C’est elle qui permet de construire la confiance nécessaire pour travailler avec les équipes et les élus. Il ne faut pas rester dans une stratégie de court terme et avoir peur de déplaire. Seules l’honnêteté et la sincérité peuvent servir de socle à la confiance.
Nous nous devons d’assumer les choix que l’on porte et ce que l’on demande à nos équipes.
La responsabilité, aussi, car dans le cadre de nos postes et de nos fonctions, nous nous devons d’assumer les choix que l’on porte et ce que l’on demande à nos équipes. Cela demande du courage. Etre manager exige d’en être doté.
Enfin, la créativité. Pour demeurer concentré sur les objectifs en restant souple dans la mise en œuvre, dans un contexte aussi instable que celui que l’on connait, il faut être en capacité de sortir de notre zone de confort afin de pouvoir lever les freins et répondre aux difficultés.
La lutte contre les déterminismes sociaux a construit et guidé mon parcours. L’épanouissement au travail est également une cause que j’essaie de porter partout où je passe et qui fait partie de la responsabilité de tous les managers.
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Les mots de Jean-Luc GLEYZE, Président du Conseil départemental de la Gironde.
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* Cette série de portraits est réalisée dans le cadre du défi « Objectif parité 2021 » lancé par le collectif Women Challenge dont nous faisons partie 😉 afin de mettre en lumière des femmes dirigeantes territoriales, d’encourager et d’accompagner celles qui souhaitent le devenir.
Ce projet est soutenu par le Ministère de la transformation et de la fonction publiques, des associations d’élus (Régions de France, l’Assemblée des départements de France, France urbaine, association des maires de France), des associations professionnelles (administrateurs territoriaux -AATF-, ingénieurs territoriaux –AITF-, dirigeants de collectivités –SNDGCT) ainsi que la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg.