Rencontre avec Stéphanie GOUJON, Directrice Générale du French Impact.
Stéphanie Goujon est diplômée d’HEC. Après une première partie de carrière en agence de communication, elle participe au lancement de l’ « Agence du Don en Nature » qu’elle dirige pendant 10 ans avant d’être nommée directrice du French Impact. Son crédo ? 👉 Se retrousser les manches pour soutenir les actions locales à impact, offrir des solutions reproductibles aux décideurs publics et booster l’écosystème de l’ESS.
Le projet « French Impact » est né en 2018, sous l’impulsion du gouvernement, pour faire des innovations sociales et environnementales locales des solutions nationales. Car il existe partout en France des projets ingénieux qui répondent très concrètement aux grandes urgences écologiques et sociétales de notre pays. Ces solutions, souvent issues de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire), constituent une véritable source d’inspiration pour nos politiques publiques, mais elles manquent de visibilité auprès des décideurs publics et des investisseurs. C’est ce double constat qui a fait la raison d’être du French Impact.
Notre objectif est de participer à l’essaimage de ces solutions. Il s’agit également de créer des alliances avec l’administration et d’impulser une culture de coopération en fédérant tous les acteurs impliqués dans l’innovation sociale pour faire monter en puissance cet écosystème vertueux. Et ce au bénéfice de son impact social.
Nous avons 3 programmes concrets – Pionniers, Territoires et Défis – et des « Hackers publics » qui interagissent à tous les échelons territoriaux et qui permettent d’illustrer cette vision.
Le programme Pionniers est un programme d’accélération qui aide les projets à changer d’échelle. Un de nos projets exemple c’est « envie d’autonomie » qui consiste à rénover et réutiliser et recycler du matériel technique médical. Une activité à impact multiple, avec un véritable chantier d’insertion, car les postes de techniciens créés sont fléchés vers des publics jusqu’alors exclus du monde du travail. Mais, allez chercher l’erreur, si cette solution est à la fois plus écologique, plus sociale et plus économique, elle n’était pas remboursée par la sécurité sociale. Dans cette situation, notre rôle consiste à déverrouiller les freins réglementaires qui entravent le déploiement de l’initiative.
L’ancrage territorial est un axe très important pour nous. Nous cherchons à faire système. Nous avons ainsi lancé un appel à manifestation d’intérêt pour créer des « collectifs territoriaux » autour d’une équipe cœur de 4 ou 5 entités (collectivités, associations de citoyens, chambres régionales de l’économie sociale et solidaire…). Ces collectifs doivent se mettre en capacité de coopérer autour de 3 problématiques locales. Les exemples concrets c’est la mise en place d’un circuit court alimentaire à Nantes, la mise en place d’un Tiers lieu à Strasbourg, le lancement d’une micro-ferme urbaine à Marseille, de fermes photovoltaïque à Figeac… des projets pour lesquels on cherche à fluidifier les financements et à mettre en place du transfert de compétences pour les aider à passer de l’idée à l’action et à amplifier l’impact de leurs solutions.
A travers notre programme « Défis nationaux » nous identifions, en lien avec les ministères, des problématiques liées à des priorités nationales et nous cherchons à mobiliser les acteurs de l’innovation sociale aux côtés des pouvoirs publics afin d’expérimenter des solutions. Nous lançons par exemple, avec le ministère du travail, via son plan d’investissement dans les compétences, une expérimentation associant WeTechCare et l’ensemble des acteurs emblématiques de l’insertion sociale et professionnelle, pour accélérer la montée en compétences d’1 million de Français éloignés du numérique.
Le programme consiste à mobiliser un réseau de hauts fonctionnaires pour créer des passerelles et faciliter les relations entre les administrations et les entrepreneurs sociaux. Il s’agit de faire en sorte que l’administration puisse pleinement jouer son rôle de facilitateur en capacité de décrypter les rouages de l’administration et d’avoir une interprétation positive du droit pour en lever les freins réglementaires au service des projets à impact.
Nous sommes pleinement engagés dans ce programme de mécénat de compétence. Et il est formidable de voir qu’il n’est pas considéré comme « la cinquième roue du carrosse » et qu’on ne demande pas aux agents publics de faire « un peu de charité » mais qu’on considère vraiment le fait que ces rencontres du troisième type permettent à chacun d’ouvrir ses chakras et de gagner en impact.
Et ce, autant du côté des innovateurs sociaux qui ont besoin d’appréhender tout le travail de fond formidable qui est fait par l’administration, que du côté des hauts fonctionnaires qui peuvent prendre connaissance des solutions de terrain et mesurer à quel point elles peuvent être efficaces dans leur périmètre.
Aujourd’hui nous souhaitons ouvrir le programme des « hackers publics » à un réseau plus vaste d’agents publics : au niveau des préfectures / SGAR (Secrétariats généraux pour les Affaires régionales), des ministères… multiplier les partenariats et pénétrer l’administration à tous les échelons pour fluidifier les échanges avec les acteurs de l’ESS dans tous les secteurs (sport, agriculture, éducation…). Nous invitons d’ailleurs toutes les bonnes volontés de l’administration à nous rejoindre pour réfléchir à des problématiques concrètes.
Vous êtes fonctionnaire dans l’administration, au niveau national, régional, départemental ou même local et vous souhaitez vous engager ?