Céline FAIVRE est directrice générale adjointe – Numérique, Achat, Juridique au sein de la Région Bretagne. Dans le cadre de notre série “Women Challenge” consacrée aux femmes dirigeantes territoriales, nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir son parcours, sa vision du service public et ses défis en tant que femme dirigeante.
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Le premier temps fort a été ma prise de poste à la direction de Mégalis Bretagne, un syndicat mixte de coopération territoriale, opérateur de services publics numériques. L’environnement était propice à la modernisation des systèmes d’information et au développement de services innovants. Cette expérience s’est soldée par une belle récompense : le prix du manager public de l’année.
Un second souvenir marquant, c’est ma découverte du fonctionnement de l’Etat, lorsque j’ai rejoint la direction interministérielle du numérique. J’y ai impulsé et dirigé le programme de développement concerté d’administration numérique territoriale qui, je le crois, a créé les conditions d’une coopération renouvelée entre l’Etat et les collectivités sur la question du numérique. J’ai fait la rencontre de collaborateurs engagés et talentueux avec qui j’ai eu le sentiment de faire bouger les lignes.
Enfin, en 2016, mon retour en Bretagne où j’exerce aujourd’hui le poste de directrice générale adjointe du pôle Numérique, Achat et Juridique. C’est une fonction exigeante mais passionnante, car au cœur de la transformation d’une administration dont les compétences participent clairement aux dynamiques territoriales contemporaines.
Je dirige un champ assez vaste de compétences : de la délégation aux stratégies numériques à la direction des systèmes d’information en passant par la direction des affaires juridiques et de la commande publique. Mon rôle consiste à trouver la juste articulation entre le stratégique et l’opérationnel sur des domaines qui mobilisent des méthodes et des expertises très différentes. Je pense notamment au juridique et au numérique, deux secteurs dans lesquels on fait parfois le grand écart, culturellement et dans la manière d’appréhender les choses.
Fille et petite fille de chef d’entreprise, je n’ai pas évolué dans un environnement familial avec le service public chevillé au corps. L’esprit de la maison était davantage entrepreneurial. Pour autant, mes études en droit public m’ont naturellement amenée à rejoindre le secteur public. Finalement, c’est en y évoluant que j’ai découvert mon intérêt pour ses valeurs. Je pense, par exemple, à la transparence de l’action publique, à l’accessibilité des services publics pour tous ou encore à l’ouverture des données publiques. Des champs d’action au sein desquels le numérique et le droit ont beaucoup à apporter pour repenser les modèles de conduite des politiques publiques.
Cela ne m’empêche pas de regarder avec beaucoup d’intérêt les entreprises à mission qui, de mon point de vue, agissent tout autant que le service public en faveur de l’intérêt général.
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Ce dont je pense pouvoir être fière, c’est de la manageuse que je suis. Parce que j’y attache beaucoup d’importance et parce que j’y consacre beaucoup de temps. J’essaie de m’intéresser à mes collaborateurs autant que je voudrais que mes managers s’intéressent à moi. J’ai une exigence forte en la matière, parce que je sais la force d’un collectif et parce qu’il n’y a rien de plus gratifiant que de voir une idée transformée en projet et portée par une équipe. Voir s’épanouir à nos côtés nos collaborateurs, c’est ce qui fait qu’on ne lâche jamais car lâcher, ce serait aussi lâcher l’équipe.
Il y a souvent un moment, dans un parcours professionnel, où l’on se dit : “Si j’avais été un homme, les choses se seraient peut-être déroulées différemment.”
Il y a souvent un moment, dans notre parcours, où l’on se dit que si l’on avait été un homme, les choses se seraient peut-être déroulées différemment.
Dans mon parcours, c’est une question qui s’est posée lorsqu’on m’a demandé de céder ma place à la direction de Mégalis Bretagne. Ma carrière devait s’aménager à la faveur de celle d’un autre. Mon travail n’était pas mis en cause et pourtant, dans cette période, j’ai beaucoup douté de moi. Le manque de transparence de la situation a également entaché la confiance entretenue avec mes collaborateurs. Ce fut un moment dur car j’avais mis beaucoup de moi dans cette structure. Mais ce fut également une expérience apprenante qui a révélé en moi des forces et une énergie nouvelle.
Ma conviction c’est qu’il ne faut pas le vouloir. Les opportunités se présentent de façon plus naturelle lorsqu’on est aligné avec la stratégie et la vision politique d’une organisation. Il y a aussi des questions d’affinité. Personnellement, pour donner le meilleur de moi-même, j’ai besoin d’être bien entourée et de croire dans la vision portée par mes dirigeants. C’est dans ce type d’environnement de travail que l’on peut faire de grandes choses.
Aujourd’hui, les réseaux sociaux permettent de mettre les femmes en visibilité, donc soyons audacieuses et saisissons-nous de cette opportunité !
C’est également important de cultiver un réseau professionnel et de gérer sa communication. Aujourd’hui, les réseaux sociaux nous le permettent donc soyons audacieuses et saisissons-nous de cette opportunité pour mettre les femmes en visibilité !
🎯 Votre prochain challenge ?
Lorsque je dirigeais Mégalis, en parallèle, j’ai créé l’association Breizh Small Business Act pour faire se rapprocher l’offre et la demande sur le champ de la commande publique. A l’image de la création de cette association, j’aimerais pouvoir être à l’initiative d’un nouveau projet d’intérêt général qui réponde aux préoccupations actuelles. Je ressens le besoin de faire ce pas de côté.
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Toutes celles qui s’assument, qui dénoncent et qui résistent tout en faisant ce qu’elles ont à faire au quotidien. C’est admirable et ça caractérise plutôt bien les femmes d’aujourd’hui.
L’intelligence émotionnelle, qui est l’habilité à percevoir, exprimer et comprendre nos émotions afin de mieux raisonner et décider. C’est aussi notre faculté à comprendre les émotions des autres. En réalité, en tant que manager, c’est au cœur de nos missions. Dans le monde qui est le nôtre et dans le crise que l’on traverse, être doté d’intelligence émotionnelle, ça peut sans doute faire la différence !
L’inclusion et l’insertion des enfants en situation de handicap mental. J’y suis sensible car dans mon cadre familial, j’ai pu m’apercevoir des problématiques d’insertion dans le monde des adultes et dans le monde professionnel que cela suppose. Force est de constater que c’est encore le parcours du combattant et qu’il n’est pas aisé d’envisager l’avenir pour ces enfants-là.
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Les mots de Bernard Pouliquen, vice-président chargé de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la transition numérique au sein de la Région Bretagne.
* Cette série de portraits est réalisée dans le cadre du défi « Objectif parité 2021 » lancé par le collectif Women Challenge dont nous faisons partie 😉 afin de mettre en lumière des femmes dirigeantes territoriales, d’encourager et d’accompagner celles qui souhaitent le devenir.
Ce projet est soutenu par le Ministère de la transformation et de la fonction publiques, des associations d’élus (Régions de France, l’Assemblée des départements de France, France urbaine, association des maires de France), des associations professionnelles (administrateurs territoriaux -AATF-, ingénieurs territoriaux –AITF-, dirigeants de collectivités –SNDGCT) ainsi que la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg.