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Delphine Joly women challenge parité dans les territoires

« Soyons fières de ne pas choisir entre vie personnelle et professionnelle. »

Delphine JOLY est Directrice générale des services (DGS) de la ville et de  l’Eurométropole de Strasbourg. Dans le cadre de notre série “Women Challenge”* consacrée aux femmes dirigeantes territoriales, nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir son parcours, sa vision du service public et ses défis en tant que femme dirigeante.

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SES MISSIONS AU COEUR DU SECTEUR PUBLIC

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🔑 Les temps forts de votre carrière ? 

Mon poste de Directrice des ressources humaines au Théâtre national de Strasbourg (TNS) a été un premier déclic. J’y suis rentrée par la « petite porte » alors que je réalisais un job étudiant en parallèle de mes études de droit et j’ai fait mes preuves petit à petit jusqu’à devenir DRH. Avant tout, j’aime l’humain, j’aime aider les collaborateurs à se développer et se révéler. Ce sont les femmes et les hommes qui rendent les projets possibles.

Ma rencontre avec la fonction publique territoriale est un autre temps fort. J’ai réussi le concours d’attaché territorial et pendant une dizaine d’années, j’ai travaillé sur les enjeux de ressources humaines au conseil départemental du Bas-Rhin.

En 1 an, au poste de chargée de mission, j’ai eu une vision à 360° des politiques publiques de la collectivité et j’ai vu là où étaient les vrais enjeux de transformation. 

Mon poste de chargée de mission auprès du Directeur général pour piloter le projet d’accompagnement à la transformation du conseil départemental a été un vrai accélérateur. En 1 an, j’ai pu avoir une vision à 360° des politiques publiques de la collectivité et j’ai su là où étaient les vrais enjeux de transformation. Ce poste a d’ailleurs été un déclic pour passer le concours d’administrateur territorial. Cela m’a permis de devenir directrice générale des services adjointe puis DGS pour contribuer au projet de transformation et à la création de la collectivité européenne d’Alsace.

🔎 Vos missions actuelles ?

Aujourd’hui, je suis Directrice générale des services de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg et j’ai la chance d’être à la tête d’une collectivité qui porte un projet politique de profonde transformation écologique, sociétale et démocratique. S’ajoute à ce projet de transformation un quatrième pilier : la modernisation de l’administration dont j’ai la responsabilité. Les objectifs humains de ce projet me parlent :  comment s’appuyer davantage sur l’expertise de terrain des agents ? Comment rapprocher le service public des habitants ? Ce qui est passionnant à ce poste de Directrice générale c’est de pouvoir laisser une empreinte et transformer en profondeur la collectivité et le territoire.

🚀 Ce qui vous a poussée à rejoindre le service public ?  

Dès le plus jeune âge, j’ai « baigné dans le service public ». Je viens du bassin minier et j’ai très vite compris que pour accéder à l’éducation, résoudre les problèmes d’intégration, etc., le service public était indispensable. A mes 18 ans, j’ai réalisé un stage au service de l’état civil de ma commune. A la fin de ce stage, j’ai compris à quel point le service public avait le pouvoir de faciliter la vie des gens. A partir de là, j’ai su que c’était ma vocation. J’ai développé une forme de militantisme et un fort engagement pour les services publics.

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WOMEN CHALLENGE

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💪 Une réussite (pro) dont vous êtes fière ?

Je suis fière de n’avoir jamais dû choisir entre ma vie personnelle et ma vie professionnelle. A côté de mon travail, j’ai une vie de famille avec trois filles. Le sport a également une place importante dans mon équilibre. S’il n’y avait pas eu la crise, j’aurais d’ailleurs dû courir le marathon cette année.

Ne renonçons jamais à notre équilibre personnel. 

Ne renonçons jamais à notre équilibre personnel ! Il n’y a jamais de bon moment. La bonne temporalité est la nôtre.

⛰️ Une difficulté ou un frein dans votre parcours ?

Des difficultés statutaires. Par moments, notre évolution va plus vite que l’avancée statutaire et ça peut être un réel frein dans une carrière. J’ai résolu ce problème en passant le concours d’administrateur territorial.

A l’égard de ces petites phrases qu’on a l’habitude d’entendre dans son quotidien professionnel, je suis favorable à la tolérance zéro. C’est ainsi qu’on pourra lutter contre ces fausses représentations. 

J’ai également connu des freins liés à l’âge (clichés de jeunisme, de candeur…) et à la représentation qu’on se fait du pouvoir. En tant que femmes, on a encore plus à prouver. A l’égard de ces petites phrases qu’on a l’habitude d’entendre dans son quotidien professionnel, je suis favorable à la tolérance zéro. C’est ainsi qu’on pourra lutter contre ces fausses représentations.

💡 Vos conseils pour évoluer et accéder aux postes de direction ?

« Sortir la tête du guidon », se donner du temps pour soi et pour construire son projet, développer son réseau et prendre de la hauteur.

S’autoriser la passion et ne pas se focaliser sur un intitulé de poste. Je n’ai jamais eu de logique de carrière. J’ai saisi les opportunités au fil des rencontres et des projets qui me parlaient. Être dirigeante n’est pas un objectif en soi et il s’agit avant tout d’être mue par un projet.

S’autoriser à se tromper : nous savons user de beaucoup de bienveillance à l’égard des autres mais beaucoup moins envers nous-même. Il faut savoir lâcher prise et ne pas s’imposer un trop haut niveau d’exigence.

🎯 Votre prochain challenge ?

On est à un moment où la défiance démocratique n’a jamais été aussi forte. Mon défi est de faire en sorte que les politiques publiques soient plus résilientes. Je refuse qu’on ait à choisir entre la fin du mois et la fin du monde !

Sur un plan managérial, je voudrais accompagner l’administration pour que le service public rendu soit le plus proche possible des bénéficiaires. Cela va dans le sens d’un service public plus humain et plus responsabilisant pour les agents publics. Je mène d’ailleurs un grand projet au sein de notre collectivité de « levée des irritants » en partant du terrain. L’objectif est de lever les freins repérés par les collaborateurs afin de redonner envie et de l’efficacité.

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SES CONSEILS & INSPIRATIONS

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💫 Une femme qui vous inspire ?

Ma grand-mère qui était d’origine polonaise m’a beaucoup appris. C’est notamment elle qui m’a transmis les valeurs de bienveillance et d’exemplarité. D’autres femmes m’inspirent comme Simone Veil ou Malala Yousafzai par rapport à leurs parcours de vie et à ce qu’elles ont apporté au droit des femmes.

🦸‍♀️  Les qualités et les compétences qui font la différence ?

J’en vois plusieurs : avoir un leadership avec une autorité naturelle qui inspire sans jamais contraindre et savoir passer d’une obligation de moyens à une obligation de résultats. En tant que dirigeant, nous passons beaucoup de temps à poser le cadre mais nous devons nous assurer d’atteindre et de mesurer les résultats de notre action.

Au-delà, je pense qu’il est nécessaire d’avoir une capacité d’écoute, de concertation et de négociation. Un dirigeant est également citoyen. Pour donner du sens, nous devons donner notre vision de citoyen et laisser notre empreinte.

Les causes qui vous tiennent à cœur ?

L’équité territoriale ! C’est ce qui fait que j’ai voulu rejoindre la fonction publique.  Nous n’avons pas forcément tous les mêmes chances mais le service public a le pouvoir de permettre à chacun de s’épanouir et de se révéler.

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REGARD D’ÉLU.E

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Les mots de Pia Imbs, Présidente de l’Eurométropole de Strasbourg.

* Cette série de portraits est réalisée dans le cadre du défi « Objectif parité 2021 » lancé par le collectif Women Challenge dont nous faisons partie 😉 afin de mettre en lumière des femmes dirigeantes territoriales, d’encourager et d’accompagner celles qui souhaitent le devenir.

Ce projet est soutenu par le Ministère de la transformation et de la fonction publiques, la Casden – banque coopérative de la fonction publique ainsi que la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg.