Marie Villette est Secrétaire générale de la Ville de Paris. Dans le cadre de notre série “Women Challenge”* consacrée aux femmes dirigeantes territoriales, nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir son parcours, sa vision du service public et ses défis en tant que femme dirigeante.
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Chaque étape de ma carrière a nourri la suivante et c’est finalement la diversité des expériences et des approches que j’ai eues qui fait la richesse de mon parcours : en administration ou en cabinet politique, au sein de la fonction publique d’État ou des collectivités territoriales, à Paris ou en province, etc.
L’un des temps forts de ma carrière a été ma prise de poste en tant que directrice de cabinet de Martine Aubry, alors Présidente de la Métropole Européenne de Lille. Ce poste, qui m’a permis de renouer avec mes origines lilloises, m’a donné l’occasion de participer concrètement à la mise en œuvre de nombreuses politiques publiques sur un territoire vaste et pluriel avec ses grandes villes et ses communes rurales.
Après cette expérience, j’ai pu successivement, être directrice de programme sur le RER C à la SNCF, Directrice générale de La Villette, Secrétaire générale du ministère de la Culture et aujourd’hui, Secrétaire générale de la Ville de Paris.
Aujourd’hui, au poste de Secrétaire générale de la Ville de Paris, j’ai la chance de piloter une administration riche de 53 000 agents, avec une très grande diversité de métiers et de compétences, au service de 2 millions d’habitants mais aussi d’actifs, de touristes…
C’est aussi ce qui fait la richesse de mon quotidien : pouvoir avoir des interactions aussi bien avec des auxiliaires de puéricultrice, des techniciens de la propreté ou bien des urbanistes qui pensent la ville de demain !
Mes missions consistent à faire travailler ensemble des équipes qui spontanément n’y auraient pas pensé.
Mes missions consistent à faire travailler ensemble des équipes qui spontanément n’y auraient pas pensé. C’est particulièrement vrai dans la période de crise que nous vivons où les modes de vie mais aussi les modalités de travail sont réinventés ; dans ce contexte, les équipes des affaires scolaires travaillent par exemple avec celles des espaces verts pour penser le développement de l’école en extérieur dans nos parcs et jardins.
Animée par l’intérêt général, j’ai fait le choix de travailler dans le secteur public dès la sortie de mon école d’ingénieur. Ce qui me plaît avant tout, c’est de pouvoir changer le quotidien des gens à travers mes missions. J’aime également le fait que ce soient des métiers qui ne laissent pas indifférents – soyons-en fières ! – et qui suscitent souvent des débats : chacun a son avis sur les Vélib’, les quais de Seine…
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L’exposition Toutânkhamon. C’était un challenge que nous avons réussi à relever quand je dirigeais l’établissement public de La Villette. Défi externe car la logistique de cette exposition était très complexe tant au niveau de la sécurisation des œuvres qu’en termes de partenariats étrangers à développer. Défi interne également car cette exposition « grand public » n’était pas complètement dans les habitudes de ce lieu culturel davantage dédié à l’émergence artistique. Au final, ce fut un énorme succès : nous avons réussi à attirer 1,5 millions de visiteurs dont de nombreux touristes, dans un quartier populaire du 19ème arrondissement. Les équipes se sont senties très fières et moi aussi !
J’ai conscience que j’ai eu beaucoup de chance dans mon parcours car j’ai rencontré des personnes qui m’ont fait confiance et qui m’ont fait grandir. Malgré cela, j’ai connu une difficulté lors de ma prise de poste à la SNCF. De retour à Paris après mon poste à Lille et à la suite de mon congé maternité, j’ai parfois été perçue en interne à la SNCF comme illégitime malgré ma formation d’ingénieure et ma spécialisation sur le sujet des transports. Dans un milieu très masculin, on m’a vite réduite à « la jeune directrice de cabinet de Martine Aubry ».
A ce stade de ma carrière, je peux le dire : nous n’avons pas à rougir, nous avons beaucoup à apporter. Il n’y a pas de crise de légitimité à avoir.
A ce stade de ma carrière, je peux le dire : nous n’avons pas à rougir, nous avons beaucoup à apporter. Il n’y a pas de crise de légitimité à avoir. Au sein des équipes, on gagne à avoir une diversité d’approches, de parcours et donc de points de vue. L’enjeu est d’avoir au final un regard plus nuancé sur la complexité.
Nouer des relations « solides et sincères », celles qui ont vocation à durer. De retour à la Mairie de Paris dix ans plus tard, je retrouve d’anciens collègues avec lesquels j’avais noué de telles relations. C’est très précieux dans nos carrières.
J’ai pris mes fonctions il y a moins de 8 mois et m’y consacre pleinement ! Mon prochain challenge c’est donc de réussir celui d’aujourd’hui, d’animer cette très belle équipe de l’administration parisienne, de porter, malgré la crise et ses impacts très lourds, les nombreux projets de la mandature qui s’ouvre pour répondre aux attentes des Parisiennes et des Parisiens et notamment les plus vulnérables.
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J’ai eu et j’ai la chance de travailler avec deux femmes politiques qui m’inspirent beaucoup par leur vision : Martine Aubry et Anne Hidalgo. Plus largement, des scientifiques, mais aussi des humoristes comme Sofia Aram ou Blanche Gardin, ma mère, ma sœur, mes amies…sont chacune autant de sources d’inspiration.
La bienveillance et l’écoute. Il faut savoir « revenir au concret » car c’est sur le terrain qu’on trouve les meilleures idées et solutions.
Ce qui me tient particulièrement à cœur c’est de réussir à penser et façonner la ville pour mieux vivre notre quotidien et ne pas le subir à tous les points de vue : transition écologique, alimentation, justice sociale, culture…
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Les mots d’Anne Hidalgo, Maire de Paris.
📸 © Henri Garat / Ville de Paris.
* Cette série de portraits est réalisée dans le cadre du défi « Objectif parité 2021 » lancé par le collectif Women Challenge dont nous faisons partie 😉 afin de mettre en lumière des femmes dirigeantes territoriales, d’encourager et d’accompagner celles qui souhaitent le devenir.
Ce projet est soutenu par le Ministère de la transformation et de la fonction publiques, la Casden – banque coopérative de la fonction publique ainsi que la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg.