Créée en 2017, Vraiment Vraiment est une agence de design qui travaille principalement pour les acteurs publics. Elle les aide à penser l’avenir, à transformer leurs politiques, leurs lieux, leurs services et dispositifs en repartant des usages. Nous sommes allés à la rencontre d’une partie de l’équipe : Romain Beaucher & Yoan Ollivier – deux des cofondateurs – ainsi que Marine Belluet, designer de service – chargée de projet au sein de l’agence.
Pour tout savoir sur Vraiment Vraiment, c’est par ici ⤵️
Romain, Yoan et Marine : On se définit comme une agence de design de politiques publiques et de territoires vivants. On est né de la fusion de Plausible Possible (PP) et de Talking Things (TT), deux des toutes premières agences à avoir réfléchi au potentiel du design pour l’action publique ces dix dernières années. En fusionnant, nous voulons pouvoir proposer aux acteurs publics une grande variété de compétences, mener des projets plus ambitieux et établir des standards de très grande qualité pour le design des politiques publiques. C’est un vrai enjeu pour nous car aujourd’hui, la mode du « design thinking » galvaude et affadit la discipline.
Que ce soit avec Plausible Possible (PP) ou Talking Things (TT), on avait une caractéristique en commun, c’était la répétition d’une même consonne au début de nos deux noms. Avec Vraiment Vraiment (VV), nous voulions garder une trace de notre histoire.
Au-delà, il y a dans Vraiment Vraiment l’idée de marcher sur nos deux jambes : vraiment concrets ET vraiment radicaux, vraiment engagés ET vraiment à l’écoute, vraiment Français ET vraiment Belges… Et puis, bien sûr, le volontarisme : on veut vraiment vraiment faire les choses, au-delà du blabla et des mots “fluos” de l’innovation !
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Souvent les opportunités du design de politiques publiques sont très bien et très vite perçues par les agents, en particulier « les agents de terrain ». Aujourd’hui, nous voulons aller encore plus loin et porter le sujet à un niveau politique : interpeller les élus sur leur vision du futur de l’action publique et les aider à mieux la concevoir dès « l’amont ». Le design des politiques publiques, c’est très politique !
Romain : personnellement, dans mes précédentes expériences en cabinet ministériel ou en agence de conseil, j’ai beaucoup travaillé sur des discours, de la stratégie, des grandes ambitions politiques… Mais, j’ai senti une frustration monter en moi : il me manquait la capacité à incarner ces ambitions. C’est ce que je trouve aujourd’hui en travaillant avec des designers : un dialogue fructueux entre les ambitions politiques et les formes qu’elles prennent, entre les usages et l’abstraction la plus grande.
Yoann et Marine : ce qui nous motivait drôlement en tant que designers, c’était de sortir le design d’une discipline “arty”, pour s’intéresser aux enjeux politiques. Nous vivons une époque où c’est possible, c’est génial !
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Notre travail est assez varié. On manipule autant des objets (un formulaire), des espaces (un lieu de service public), des interfaces (numériques ou non), que des choses beaucoup plus abstraites : des documents stratégiques, des analyses de parcours subjectifs, des visions du futur… Mais à chaque fois dans notre action, on a les mêmes ambitions : rendre tangible une pensée ou une ambition, formaliser des terrains de discussion entre acteurs. Tout ça pour quoi ? Améliorer durablement et vraiment l’action publique.
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Question difficile… Allez, comme ça, quatre valeurs qui nous paraissent importantes : la convivialité y compris dans le travail des agents publics ; l’inclusion car par notre travail, on cherche toujours à être le plus inclusif possible, en allant chercher y compris les citoyens les plus éloignés d’un sujet ou d’un dispositif ; le renforcement du pouvoir d’agir des citoyens et la sincérité dans nos actions.
On a très envie de travailler avec l’Etat notamment pour voir comment les projets et méthodes éprouvées avec les collectivités locales aident aussi l’Etat à se réinventer. Pour cela, on a remporté récemment, en groupement avec de « gros » cabinets de conseil, un appel d’offres lancé par la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP). Quant à Action Publique 2022, nous voulons aider les administrations à être vigilantes quand aux formes que prendront les réformes. Nous avons d’ailleurs publié un article sur ce sujet sur Medium.
Ce ne sont pas nos seules priorités : on a un vaste programme de prospective et d’expérimentation avec des collectivités locales de toutes tailles et sur tous les territoires mais on ne peut pas en dire plus pour l’instant…
Un des enjeux pour nous, c’est de garder une taille “raisonnable”, permettant d’avoir une attention forte pour chaque projet, chaque client et sur la qualité de ce que nous délivrons concrètement sur le terrain.
Et puis, la création de Vraiment Vraiment est encore récente. On a plein de choses à mettre en place avec l’équipe, des bureaux à aménager, une antenne bruxelloise à renforcer… Bref, on ne s’ennuie pas !
Romain : Tout au long de ma carrière, j’ai rencontré très peu d’agents publics de mauvaise volonté. Pourtant, on se rend compte que l’organisation, le collectif, marche parfois sur la tête. Je rêve d’aider à réconcilier vocations individuelles et résultats collectifs. Souvent, en raison des processus, des outils, du manque d’attention aux « détails », les deux sont complétement déconnectés, ce qui engendre de nombreuses frustrations – tant des agents que des usagers, et des élus.
Marine : Je suis pour l’instauration d’un vrai droit à l’erreur pour les agents publics. Cela permettrait d’expérimenter davantage de choses, de pouvoir tester et se tromper. Il faut remettre l’amélioration souhaitée pour l’usager au cœur des projets.
Yoann : De mon côté, je rêve d’une boite à outil pour “tuer” les réunions. On voit de plus en plus d’agents publics qui souhaitent en finir avec les réunions interminables, mal préparées, mal outillées, souvent peu productives. Quelles solutions ? Faire des réunions plus courtes et plus qualitatives, un peu comme celles initiées par l’équipe de bêta.gouv, à la Direction interministérielle du numérique (DINSIC). Sa seule réunion d’équipe est une réunion debout « stand-up meeting », hebdomadaire et dure 30 minutes top chrono. Tout ne peut pas se discuter comme ça…mais ça aiderait pour pas mal de choses !
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Photo : © Damien Arlettaz .