Les parcours internationaux de la fonction publique d'Etat

Les parcours internationaux de la Fonction publique d’Etat

Aujourd’hui nous allons à la rencontre d’Arnaud Tripet, responsable du Pôle international de l’Association des Anciens Élèves des IRA (AAEIRA). Il nous partage son expérience et les opportunités de carrière à l’international des attachés d’administration de l’Etat. 

Les opportunités internationales

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Qu’est-ce que le Pôle international de l’AAEIRA ?

Le Pôle international de notre association des alumnis des IRA a vocation à faciliter les démarches de mobilité à l’étranger des attachés et de structurer la coopération internationale.

Nous proposons différents dispositifs de coopération internationale aux membres de l’AAEIRA.

L’AAEIRA déploie un réseau d’Ambassadeurs pour les membres qui recherchent des informations ou des retours d’expérience de la part d’attachés d’administration en poste à l’international. Elle a signé un partenariat avec Expertise France pour permettre aux anciens élèves des IRA d’intégrer plus facilement dans leur parcours des missions à l’international. Enfin, elle développe son réseau des auditeurs internationaux pour faciliter les échanges entre pairs et mettre en relation les fonctionnaires étrangers intéressés par ce cursus avec d’anciens auditeurs. Pour en savoir plus sur notre association, je vous conseille l’article de Gaël Arnold, vice-présidente de l’AAEIRA.

Votre parcours international ?

Mon parcours international a démarré avec mon service militaire, anciennement nommé Coopération du Service National à l’Etranger (CSNE). Je coordonnais une filière franco-tchèque d’administration publique au sein de l’université MASARYK de Brno en République Tchèque. J’ai eu l’opportunité d’y retourner plus tard sous le statut de Volontaire International en Administration (offres de poste ici).

J’ai ensuite passé le concours d’adjoint de chancellerie (catégorie C), ce qui m’a amené à travailler au sein de l’administration centrale du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères à Paris et à Nantes. Puis, j’ai passé le concours de secrétaire de chancellerie (catégorie B), c’est-à-dire l’équivalent de vice-consul ou consul adjoint à l’étranger. De fil en aiguille, j’ai été affecté en République Tchèque, puis en Hongrie, en Bosnie-Herzégovine, en Russie ou encore à Haïti dans le cadre d’une mission de renfort humanitaire.

J’ai ensuite passé les concours des instituts régionaux d’administration (IRA) et suis devenu attaché d’administration. J’ai été affecté à Jakarta (Indonésie) au service économique de l’Ambassade de France. Après 3 années, je suis rentré en France. Je suis aujourd’hui chef divisionnaire des ressources humaines au sein de la Direction Nationale Garde-Côtes des Douanes.

Quelles sont les opportunités internationales d’un  attaché d’administration d’Etat ?

Un attaché d’administration n’a pas vocation à travailler à l’étranger, bien qu’il existe des passerelles. En effet, les postes de catégorie A à l’étranger intéressant les attachés d’administration sont réservés à des fonctionnaires dont le corps a vocation à servir à l’étranger (secrétaire des affaires étrangères, attaché économique). Tout attaché peut être détaché dans ces corps pour une durée limitée n’excédant pas 5 ans, date à laquelle une intégration directe est de droit. On dit que l’attaché est détaché sur corps. Dans ce cas, il bénéficie de la double vocation, à savoir qu’il évolue dans les deux carrières en même temps.

Par ailleurs, un attaché peut également être détaché sur contrat, il n’est donc pas détaché dans un autre corps mais sur un métier dans le cadre d’un contrat. Pour autant, le parcours pour rejoindre une mission à l’étranger n’est pas simple.

Les opportunités de poste touchent généralement à des fonctions support sur des missions budgétaires ou comptables.

La situation la plus courante est la mutation en tant que secrétaire aux affaires étrangères dans le cadre d’un détachement. Je remarque cependant que les profils retenus ont généralement travaillé en centrale aux ministère des Affaires étrangères, à Paris ou à Nantes auparavant. Les opportunités de poste touchent généralement à des fonctions support sur des missions budgétaires ou comptables au sein des services de coopération et d’action culturelle (comptable, secrétaire général), mais il y a aussi des opportunités comme attaché culturel / de coopération.

A la Direction générale du Trésor, les opportunités portent sur des postes de chef de service économique ou d’adjoint pour les candidats qui ont un profil d’économiste.

Quels sont les autres parcours internationaux possibles dans la fonction publique ?

Le moyen le plus sûr pour partir à l’étranger en tant que fonctionnaire est donc de passer le concours des affaires étrangères ou le concours d’attaché économique en interne au sein de la Direction Générale du Trésor après 4 années d’ancienneté. Le fonctionnaire qui réussit le concours peut ainsi partir à l’international après avoir respecté les lignes de gestion de l’administration qui impose en général un séjour en centrale et des aller-retours France / étranger.

D’autres opportunités à l’international sont possibles, bien qu’un certain nombre de procédures doivent être respectées :

  • Conseillers développement durable du Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires au sein des services économiques des Ambassades ;
  • Conseillers agricoles du Ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire en poste dans les services économiques des Ambassades ;
  • Attachés douaniers, policiers et militaires.

Vous avez aussi la possibilité de réaliser un Volontariat International en Administration de 6 à 24 mois, de passer un concours pour devenir fonctionnaire européen, ou fonctionnaire international.

Pourquoi partir à l’international ?

Un départ à l’étranger est très stimulant intellectuellement. Vous développez énormément les langues étrangères et le savoir-être. Confrontés à d’autres cultures et des situations nouvelles dans votre quotidien, vous revoyez constamment votre  manière de penser.

Un départ à l’étranger est très stimulant intellectuellement. Vous développez un nouveau rapport à l’autre, aux protocoles et à la communication.

Les missions sont passionnantes et très différentes de la France. Il s’agit souvent de postes très politiques et transversaux qui vous amènent à être au contact de différents ministères. Vous découvrez ainsi un nouveau volet de la fonction publique et développez un nouveau rapport à l’autre, aux protocoles et à la communication. On découvre également l’univers et les codes des ambassades. C’est un monde au sein duquel on accède à des personnes à hautes responsabilités. Les salaires y sont attractifs.

Quels sont les aspects négatifs ?

L’éloignement de sa culture d’origine peut entraîner un sentiment de solitude. L’expatriation demande souvent des sacrifices familiaux.

C’est une expérience dont il ne faut pas négliger le coût sur le plan personnel.

Pour n’en citer que quelques-uns : le conjoint peut avoir des difficultés à trouver un emploi, les déménagements tous les 3-4 ans impactent les enfants, le niveau d’éducation varie d’un pays à l’autre, il y a un risque de perte de liens avec les proches en France. Pour autant, certains s’y plaisent énormément.  Pour résumer, je dirai “l’expatriation, ça passe ou ça casse”. C’est une expérience dont il ne faut pas négliger le coût sur le plan personnel.

Et le retour en France ?

Si vous travaillez au sein du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, l’international est dans l’ADN de l’institution donc votre retour sera plus simple, vous serez davantage accompagné et compris. En revanche, en cas de détachement, les choses sont plus compliquées. La mobilité crée une distance avec votre administration d’origine, les compétences métiers et votre réseau. On devient un cas particulier. Il y a un vrai sujet sur l’accompagnement et la valorisation d’une expérience internationale dans la fonction publique. C’est l’un des sujets abordés au sein du Pôle international de l’AAEIRA.

Quels sont vos conseils pour partir à l’étranger ?

Les langues sont bien évidemment un prérequis. Il faut maîtriser a minima l’anglais et parfois des langues moins communes. L’adaptabilité et l’ouverture d’esprit sont aussi des qualités indispensables. Concernant le processus de recrutement, le plus difficile est la porte d’entrée. Il faut être persévérant et patient. Parlez de votre projet autour de vous, l’information se transmet beaucoup par le bouche-à-oreilles. Pour commencer, vous pouvez prendre contact avec notre association.

Un exemple inspirant ?

Je suis admiratif des agents de droit local. Il s’agit d’agents originaires du pays dans lequel se trouve l’Ambassade et qui sont recrutés localement. J’ai en tête un parcours brillant d’une recrutée locale qui a passé les concours d’adjoint de chancellerie avant de réussir brillamment le concours des affaires étrangères de catégorie A puis récemment le principalat. Elle a exercé comme N°2 en Ambassade et je ne doute pas qu’elle finira Ambassadrice. C’est d’autant plus admirable qu’elle a une vie familiale épanouie avec un conjoint qui la soutient et travaille aussi aux Affaires étrangères. Ils ont plusieurs enfants qu’ils ont su élever dans leurs différents pays d’affectation. Cet exemple est inspirant car il force le respect face à un étranger qui s’investit, parle notre langue et embrasse notre système de pensée. Il démontre aussi qu’on peut avoir une harmonie familiale et un travail exigeant, que l’expatriation rend encore plus complexe.

L’article vous a plu ?plu ?

Pour en savoir plus sur le Pôle international de l’association AAEIRA, visitez la rubrique dédiée ainsi que la page Linkedin de l’association.

Pour aller plus loin, découvrez la coopération administrative internationale des IRA.